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'faire à ces Seigneurs de très humbles représentations de bouche et par écrit, et elle a chargé M. M. de Beaufort et Majendie "ministres, et M. M. de Brusse et Du Val, anciens, de dresser "un mémoire à cet effet, et a prié M. M. Stehelin et Coudère "de suspendre leurs fonctions jusqu'à la réponse." Elle fut défavorable; onze ans plus tard on retourne auprès du nouvel Archevêque invoquer les mêmes droits: ils ne furent rendus qu'aux décès des deux titulaires, en 1753 et 1773.

Il reste à signaler néanmoins dans la célébration du service divin un double point de rapprochement des Eglises Conformistes du Refuge avec leurs sœurs non-conformistes. Toutes chantaient les mêmes vieux psaumes Huguenots dont les mélodies, si chères à leurs cœurs, leur faisaient retrouver un écho du culte de la patrie. La question d'une version révisée préoccupa également les unes et les autres. Repoussé en 1700 par les chefs de famille de Threadneedle Street, le changement fut proposé de nouveau par cette Eglise dans deux Assemblées Générales consécutives tenues en 1727 et rejeté par la majorité des délégués. "On ne s'accorda point mais on se sépara en paix" (Actes des la Patente). L'Eglise alors agit seule et, avec l'assentiment de ses confédérées de Southampton et de Canterbury, après avoir choisi la version de Hollande de préférence à celles de Genève et de Berlin, elle en fixa l'introduction au 30 Novembre 1729. Environ vingt ans s'écoulèrent, et la révision s'imposa à toutes: dans une Assemblée convoquée par Leicester Fields, le groupe de celle-ci, de l'Artillerie et de la Patente, le Quarré et Castle Street, la Savoie et les Grecs après consultation des chefs de famille, adoptèrent également la version de Hollande, et sur le refus de l'Eglise Wallonne de Londres d'en céder des exemplaires, les firent venir des Pays Bas dans le courant de 1748.

Sur un second point, il est vrai plutôt extérieur, les Eglises conformistes du Refuge se distinguèrent pendant près d'un demi-siècle de leurs sœurs anglaises pour se rapprocher des Calvinistes les pasteurs, conservant la robe dans son austérité huguenote, n'avaient pas adopté le surplis anglican. Ce n'est qu'en 1769 que les Procès Verbaux de la Savoie portent la mention suivante: "La Compagnie, jugeant qu'il est de son devoir aussi bien que de son intérêt de se conformer de plus "en plus aux usages reçus dans l'Eglise anglicane, et considérant que ceux de ses membres qui autrefois avaient pu trouver étrange l'usage du surplis n'existent plus, et que leurs descend"dants, fréquentant les églises anglaises, le voient sans en être choqués, au lieu que les Anglais qui assistent aux services de

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cette Eglise ont lieu d'être surpris de ne l'y pas trouver; elle a "résolu d'abolir cette distinction et d'adopter l'usage des surplis "comme l'adoptent les anglicans dans la lecture du psaumes et "l'Administration des sacrements, et elle a ordonné que l'usage "du surplis serait introduit dans cette église aussitôt qu'il serait "'* possible de s'en pourvoir.

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La courte monographie de chacune des congrégations Françaises de Londres renfermera ce qu'il a été possible de glaner jusqu'ici sur leur fondation, leur existence distincte ou associée, leurs changements et leur fin, ainsi que les noms des pasteurs qui les ont desservies. Les groupes ne se sont pas toujours maintenus dans leurs alliances primitives: un coup d'oeil général deviendrait une source d'erreurs.

En 1700, Londres avec ses environs comptait de 25 à 30 Eglises florissantes; un demi-siècle après la Rèvocation à peine vingt: lors de la célébration du premier Jubilé neuf de plus étaient supprimées, plusieurs autres allaient s'éteindre et, si le culte s'y soutenait encore, il s'écoulait parfois des années entières, sauf pour les deux grandes communautés, sans célébration de baptêmes ou de mariages. Depuis longtemps le rite anglican les avait presque toutes conquises: les pasteurs manquaient pour remplir les vides et les fils des ministres réformés, suivant le courant général, occupaient des cures et prêchaient en anglais au sein de l'Eglise nationale. Deux Eglises, les deux primitives, si elles n'avaient pas toujours servi de lien pendant la durée de toutes les congrégations postérieures, se trouvèrent néanmoins debout prêtes à en recueillir les épaves et à en conserver les traditions. C'est dans l'antique Communauté Wallonne fondée par Edouard VI. que, par des fusions successives, disparaîtront une des Patentes de Jacques II. (celle de Spitalfields), l'Artillerie et St. Jean. C'est dans les Grecs, qui représentent la Savoie, que la seconde Patente et que toutes les conformistes, sauf St. Martin Orgars et le Quarré, s'absorberont l'une après l'autre, Les communautés qui ont résisté jusque dans le XIXe siècle sont St. Martin Orgars qui s'est éteinte le 25 Decembre 1843, St. Jean, Swanfields, qui a duré jusqu'en 1827, et la Quarré, dans lequel Leicester Fields s'était incorporée en 1787, et dont les services, transférés à Little Dean Street, n'ont cessé qu'en 1848. L'aumônerie du palais de St. James, officiellement supprimée en 1830, était depuis longtemps déjà un poste purement honorifique,

*Les pasteurs conformistes avaient pris dans la vie ordinaire la tenue anglicane, et l'édition de 1755 de Stow, dans la description de la Paroisse de Ste. Anne, mentionne "several of the French ministers that are Refugees “episcopally ordained, are hereabouts seen walking in the canonical habit of 66 'the English clergy."

Note.

En relevant ce que nous avons pu retrouver sur les différentes Eglises ou Chapelles Françaises de Londres, nous nous heurtons à des difficultés diverses. La source d'informations la plus sûre, celle des Actes Consistoriaux, n'existe que pour Threadneedle Street, et partiellement pour la Savoie, l'Artillerie et l'une des Patentes. Le Registres de Baptêmes et Mariages déposés maintenant à Somerset House présentent de très nombreuses lacunes: pour quelques congrégations il n'a presque rien été conservé. Parfois, sans mention spéciale, le même registre a servi, soit simultanement, soit successivement, à deux congrégations, étant plus celui des pasteurs que de l'Eglise. Les Temples n'ont pas troupeaux appartenu au même troupeau et ces migrations de troupeaux sont loin d'être toutes rigoureusement définies. Quant aux pasteurs ce n'est que le petit nombre d'entre-eux qui ont été attachés officiellement et regulièrement à une même église: plusieurs ont changé plus d'une fois sans que leur départ soit constaté; d'autres ont desservi en même temps des troupeaux différents, et même de rites différents; d'autres encore, sans faire partie du corps pastoral officiel d'une église y ont donné des prédications plus ou moins régulières; il en est qui ont continué leur service de prédications dans une église après qu'elle fût sortie de l'alliance avec celle dont le prédicateur était un des ministres en titre : nous pourrions citer des exemples de chacun de ces cas.

Mais surtout, la grande majorité des ministres dont les noms figurent au bas des Actes de baptêmes et de mariages ne sont pas rattachés au corps pastoral de la communauté: on leur a permis de célèbrer l'acte dans le temple ou la chapelle, le plus souvent sans doute pour des familles de leur ancienne paroisse de France, quelquefois pour suppléer à une absence, mais leur simple signature au Registre n'implique en rien leur position dans l'Eglise. C'est ce qu'il est essentiel d'établir nettement, car M. Burn ne l'a pas toujours senti, inscrivant à tort dans les listes de son remarquable ouvrage des ministres qui n'ont eu aucune attache régulière avec l'Eglise ou il a placé leurs noms. Plusieurs des pasteurs en titre, comme en prévision de ces confusions futures, ont eu soin d'ajouter à leur signature la mention" ministre de cette église ;" tous ne l'ont pas fait ou l'ont négligé quelquefois, d'où la nécessité d'un examen minutieux et d'une comparaison des signatures entre elles. Deplus ces registres ne concernant que les baptêmes et les mariages, les moyens manquent pour constater quels ont pu être les pasteurs rattachés seulement pour

des prédications: de même si l'on cherche à établir la durée d'un ministère, on peut croire au départ ou à la mort d'un pasteur en ne voyant plus son nom, quand il s'est peut-être seulement abstenu de célébrer des cérémonies de ce genre. L'absence de registres mortuaires, tous les décès étant inscrits à la paroisse anglaise, prive aussi d'un des moyens de reconnaître le fin d'un ministère évangélique. Enfin, on ne devra même point se baser, dans l'attribution d'un pasteur à telle Eglise ou à telle autre, sur le caractère conformiste ou non du premier poste occupé par lui: de même que des Eglises ont été calvinistes avant de se ranger sous la discipline anglicane, plusieurs pasteurs ont desservi successivement des troupeaux séparés où dépendant de cette juridiction ecclésiastique. Quelques unes des congrégations se sont prolongées au delà des dates de leurs Registres.

Les seules indications, en dehors des trop rares documents manuscrits, sont contenues dans l' Appel à la Nation Anglaise par Du Bourdieu (réponse aux plaintes et attaques des Prosélytes), mentionnant en 1718 un certain nombre des Eglises ou Chapelles Françaises, et dans le Sermon de Jubilé de Jacques Bourdillon, 1782, citant celles qui existaient en 1732 et le petit nombre encore en fonctionnement régulier un demi-siècle plus tard.

Pour dresser un tableau complet des principeaux lieux de culte Français de Londres après la Révocation, il faudrait obtenir des lumières positives sur les points suivants qui restent encore trés obscurs:

1° Tout ce qui concerne les églises du Petit Charenton de Newport Market, et de la Tremblade ou Pyramide de West Street, et subsidiairement celles de Crispin Street et de Pel Street; les notes laissées à ce sujet par Chais La Place dans le Registre de Crispin Street ne s'accordent pas avec les noms et les dates du Registre du Petit Charenton, et laisseraient tout licu de croire que la Tremblade a existé d'abord en même temps que ce dernier et n'en a été successeur que partiellement, surtout à cause de la différence des rites et du changement des pasteurs; ce sont les ministres des Patentes qui ont desservi la Charenton pendant ses trois dernières années, 1703-1705.

2o L'Eglise de Blackfriars dont aucun registre ne s'est conservé et dont l'existence est une énigme bien propre à exercer la sagacité des chercheurs. Les députés de Blackfriars participent à l'Assemblée Générale du 17 Sept. 1699: c'est dans l'Eglise de Blackfriars que se réunissent le 4 Juin 1700, les Consistoires de West Street, Crispin Street, et Perl Street, pour examiner le projet d'union de ces deux dernières ; cette même année elle figure dans la liste des non-conformistes

envoyée par Threadneedle Street à l'Evêque de Londres. En 1701 le registre de Riders Court cite Le Blanc, ministre de Blackfriars, et en 1702 le Petit Charenton le fait prêcher avec la même qualification; Le Blanc était cependant, à ce moment là, un des dix ministres incorporés aux Patentes, ce qui ferait de Blackfriars la dépendante, ou au moins, l'alliée de celles-ci. Puis Burn à trouvé en 1710 Grognet, ministre de Blackfriars et Du Bourdieu cite deux prosélytes qui l'ont desservie, Privat et Rouire, ce dernier pendant six ans. Lors de l'union des Eglises en 1719 il n'en est plus fait mention.

3o Ce qui à rapport aux très petites congrégations suivantes: du Marché, citée de loin en loin, surtout en 1719 (qui pourrait, mais le supposition est peu probable, avoir été une prolongation de la Charenton de Newport Market); de Brown's Lane citée de 1720 à 1733, qui semble une prolongation de la précédente, et dont le temple mis aux enchères fut acheté en 1740 par la Patente de Spitalfields; de Bell's Lane entre 1710 et 1720, où des ministres des diveres églises non-conformistes ont accompli quelques Actes pastoraux; de Rose Lane dont l'unique trace jusqu'ici est une mention en 1709 du ministére de Babault qu'on trouve plus tard au Marché et à Bell's Lane.

4o Les églises des environs immédiats de Londres, sur lesquelles il n'y a que des dates isolées: Greenwich 1689, 1720; Hammersmith 1703, 1706, 1733, 1752, 1756; Chelsea 1714, 1740, 1746; Marylebone 1728 à 1758; Wapping alliée à la Tremblade dès son origine 1701 et qui lui a survécu; Hoxton, évidemment alliée ou même annexe de Leicester Fields, 1716 à 1783; et Wandsworth dont l'existence est constatée en 1687 et qui, transférée par le pasteur Carles dans une chapelle du quartier de Leicester Fields en 1787 s'y est éteinte en 1792.

Le tableau ci-annexé modifie considérablement, et pour quelques communautés, complètement, les données des listes antérieures, et en particulier de celle inserée par le soussigné en 1882 dans l'article Refuge de l'Encyclopédie des Sciences Religieuses; elle doit être maintenant considérée comme très défectueuse. On trouvera les preuves à l'appui dans les monographies des diverses Eglises.

F. DE SCHICKLER,

Honorary Fellow of the Huguenot Society of London.

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