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semble venu de reprendre, en les étendant, avec l'autorité de sa position dans l'Etat et dans l'Eglise, les propositions d'union ou d'alliance faites dès le début à Threadneedle Street. A plusieurs reprises il vient lui-même trouver Primerose, le doyen des ministres, lui marquant "qu'il croit qu'il est de l'intérêt des François réfugiez en cette ville qu'ils s'unissent mieux qu'ils ne font, et qu'il s'adresse à lui parce que sachant que cette Eglise subsiste depuis fort longtemps il reconnait que l'on doit avoir pour elle des égards particuliers et ne rien faire qui puisse lui être préjudiciable. Primerose en réfère d'abord à son Consistoire et répond ensuite au nom de ce corps, mais c'est en signalant d'abord les abus trop évidents: "Plusieurs ne s'attachent à aucune église, ou changent d'église : il demande qu'on soit forcé de déclarer à quelle église on veut s'attacher, que ceux qui font baptiser des enfants dans une église en soient réputés membres, qu'on ne soit pas reçu dans une église sans un témoignage de l'autre qu'autorisation a éte demandée de s'en retirer, que chaque Eglise soit tenue de pourvoir à ses pauvres et de dresser la liste de ses membres." Malheureusement à ces observations fort justes il est chargé d'ajouter "que d'entrer en aucune union qui fasse dépendre les Eglises les unes des autres est une chose à laquelle cette Compagnie croit que leurs différentes constitutions ne permettent pas que l'on pense et à laquelle elle ne peut consentir." Ce refus péremptoire ne laisse pas que de froisser le négociateur; Primerose, rendant compte de son entretien, dit que M. le Marquis de Ruvigny n'a pas paru content de la résolution de la Compagnie et l'a même taxée de manquer de charité. Sur quoy la Compagnie s'est contentée de remercier Mr. Primrose et de laisser l'affaire, en demeurant toujours dans son sentiment de donner les mains à une union de charité mais non pas de gouvernement et de dépendance." (Procès Verbaux, 2 Oct., 1690). Et cette union de charité se borne à l'envoi d'un ancien et d'un diacre pour se joindre aux députés de la Savoie, de la Nouvelle Eglise et des autres Eglises Françaises afin d'assister conjointement par un don mensuel de trois livres les pauvres qui ne le sont pas déjà par une d'elles ou par le Comité.

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L'attitude du Consistoire de Threadneedle Streetne variera pas A plus d'une reprise on lui demande de prendre part à des ré unions de délegués des diverses congrégations, en Mars 1691 pour les questions du socinianisme et de la grâce, en 1692 assemblée de tous les ministres François à Londres; la compangie laisse ses ministres libres d'y aller ou non, à condition de ne l'engager en rien, mais elle refuse toute députation officielle: elle refuse

de même en 1697 de se joindre aux autres en Assemblée Générale pour gérer les affaires des Réfugiés, et lorsqu'en 1698 Pégorier écrit au nom du troupeau de Hungerford afin qu'on se réunisse pour remédier aux désordres et faire observer la Discipline, la déliberation porte que, " ce n'est point à propos; notre église en particulier a un grand sujet de plainte à faire contre les églises de son voisinage qui se sont établies et com"posées des propres membres sans lui en rien communiquer."

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En 1699, cependant, en regard du mouvement général de plus en plus accentué qui se produit dans ce sens, le Consistoire de Threadneedle Street consent à examiner les propositions d'une Assemblée composée des ministres de la Savoie, des Quatre Eglises, de Leicester Fields, et autres, "que toutes les églises Françoises de "la ville fassent une union pour ces quatre choses: 1o. pour suivre "en justice les papistes qui vont dans les prisons et ailleurs "solliciter les protestants Français à se faire papistes; 2°. s'entre"tenir contre les vexations qui empêchent les réfugiés de "travailler; 3°. exercer ou au moins maintenir la Discipline; '4°. soulager les pauvres, travailler à leur instruction et à celle "de nouveaux arrivés, faire quelques charités pour procurer des "livres à quelques Français qui sont dans les Indes sur les côtes 'du Coromandel." La Compagnie veut bien consentir aux deux premiers articles, elle trouve le 3ème tout à fait impracticable et renvoie la discussion du 4ème à un autre temps. Primerose assiste néanmoins à une Assemblée tenue à la Savoie, le 17 Sept., où il se rencontre avec les délégués de la Savoie, des Quatre Unies, du groupe de Leicester Fields, des Patentes, de Blackfriars, et de la Chapelle Royale. Sur son rapport, après mûre délibération, on décide que s'il y a quelque membre sollicité par les Papistes, le Consistoire de son Eglise pourra faire examiner les plaintes par les députés de toutes; que chaque Eglise contribuera aux frais dans une certaine proportion, mais qu'une Eglise ne pourra entamer de frais communs sans le consentement des députés de toutes; que ces députés s'assem⚫ bleront tantôt dans une Eglise, tantôt dans une autre et qu'on sera libre de se retirer de l'engagement en prévenant trois mois à l'avance. La Savoie fit échouer la proposition de confier à un Comité la distribution d'une Collecte générale à faire dans les temples chaque second Dimanche du mois. Ces préliminaires d'union ne furent guère suivis d'effets, et lorsqu'il fut question en 1701 d'une Assemblé Générale à la Savoie, nous trouvons dans les Actes consistoriaux de Threadneedle Street le préavis "prendre bien garde."

Les trois années du commencement du XVIIIe. siècle marquent l'apogée du développement des Eglises Françaises de Londres.

Plusieurs des Chapelles primitives ont changé de lieu et de nom. Glass House Street, devenue la Chapelle de Leicester Fields, toujours allée à St. Jean et à l'Artillerie, possède le Tabernacle dans Milk Alley comme annexe, et comme quatrième Consistoire, depuis 1701, Riders Court. Des deux Patentes, la Nouvelle s'était établie à Paternoster Row, l'autre avait quitté son abri provisoire de Berwick Street pour un temple bâti à grands frais dans Old Soho; leurs ministres desservaient de plus une chapelle dans Wheeler Street. L'énumération des congrégations non-conformistes paraîtrait incomplète s'il fallait s'en rapporter implicitement à la réponse du Consistoire de Threadneedle Street à une injonction de l'Evêque de Londres, en date du 14 Mai 1700, " d'avoir à certifier dans la quinzaine du nombre d'églises dans Londres et les fauxbourgs où l'on fait "sermons et prières d'après la façon des Eglises Réformées de "France, et en vertu de quels droits et privilèges chacune "d'elles est établie."

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In answer to the said injunction, we humbly shew, that "besides our own church, which hath been in Threadneedle Street, London, ever since the year 1550, and a Chapel of Ease "which we erected in Grayeagle Street, near Spittlefields, in the year 1687, by the permission of his late Majesty, King "James, our church of Threadneedle Street, being too little to "hold the French Refugees who did joyn with us, there are "here several French churches serving God after the manner of "the reformed churches of France. There be eight in or about Spitalfields, viz., one in Paternoster Row, one in Artillery Lane, one in Crispin Street, one in St. Giles Street, one in "Perle Street, one in Willow Street, one in Quaker Street, one 66 upon the Market House. There is one also in Blackfriars. "There be also five in or about Leicesterfields and Soho, viz., "two in Berwick Street, one near Leicesterfields, one in Milk Alley, in Dean Street, one in St. Martin's Lane. These are "all the churches known unto us, where the divine service is "made after the rites and manner of the French Reformed "Churches. As for the right and privilege, whereby each of "them is established, it is not possible we should give your "Lordship an account thereof, for all what has been done for "their establishment, hath been kept hid from us by those who did form them. We never were acquainted in the least with their proceedings and there are several of the Ministers "who preach in them who are altogether unknown to us.

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we can add nothing to this answer, but only that we humbly recommend ourselves to your Lordship, and that we shall

"ever pray for your Lordship's happiness and prosperity." "M. Le Keux," ajoutent les actes consistoriaux "qui accom"pagnait M. Primerose avec M. Brulon, fit à M. l'Evêque la "lecture de cette réponse, qui répondit que le Roy n'étoit pas "content de cette liberté qu'on se donnait d'ériger ainsi des "Eglises, que l'on abusoit de l'indulgence qui n'étoit donnée que "pour les sujets du Roy et qu'il tâcheroit d'apporter de l'ordre "aux choses (2 Juin 1700)." Il serait difficile, en étudiant la liste de la lettre ci-dessus, de ne pas charger le Consistoire de Threadneedle Street d'inexactitude involontaire. Si des doutes subsistent encore sur l'attribution de Willow Street et de celle de Quaker Street (les deux désignations pouvant s'appliquer à Wheeler Street Chapel), sur celle du Marché et sur l'enigmatique Eglise de Blackfriars (voir plus loin), il est évident que pour le second groupe il y a plus d'une erreur: Riders Court est omis, la Patente de Soho avait quitté Berwick Street depuis six ans et l'autre Chapelle de Berwick Street est le Quarré, conformiste aussi bien que celle de St. Martin's Lane. Pour ces deux dernières aucun doute n'est permis; peut-être pour certaines autres pouvons nous trouver dans leur indication un témoignage de leur origine non-conformiste, l'absence de relations du Consistoire de Threadneedle Street avec ces indépendants lui en aura seulement fait ignorer les mutations. Ainsi l'origine non-conformiste paraît assurée pour les Chapelles de Weld House, devenue le Petit Charenton; de Newport Market; de Crispin Street; et de Perl Street, fondées vers la fin du XVIIe siècle, mais quand les Registres les donnent alliées entre elles au commencement du XVIIIe. leur groupe est au contraire conformiste, et la Tremblade ou Pyramide de West Street a remplacé le Petit Charenton.

Les Eglises conformistes se sont, dans l'entretemps, également développées et accrues. La Savoie, en plus de son annexe de Spring Gardens, est maintenant doublée par les Grecs qui en prendront un jour la place. Dans le groupe des Quatre Unies, Hungerford est devenu Castle Street, et Jewin Street, après trois migrations, l'importante Eglise neuve de St. Martin Orgars; le Quarré et Swallow Street continuent; le groupe de West Street, Crispin Street et Perl Street s'est forme, enfin la prédication Française a pénétré à la suite de Guillaume III. dans la demeure royale, d'abord à Kensington, puis à St. James par la fondation en 1699 de la Chapelle du Palais desservie par des aumôniers sans Consistoire.

Après ce point culminant, on commence à descendre et les petites chapelles ouvertes sous la reine Anne ou sous George

I

1er Bell's Lane, Swanfield, Hoxton, et l'aumônerie de l'hôpital Français (paroisse de St. Luke), ne compensent guère la suppression des congrégations de Perl Street, 1704, Swallow Street, 1709, Crispin Street, 1716, le Tabernacle, 1719.

A de rares occasions les représentants des divers troupeaux s'étaient fraternellement rencontrés. Quand il avait été question en 1707 de négociations de paix, aprés l'envoi d'une députation à la Reine pour y demander l'introduction d'une clause relative aux Protestants Français, Primerose fut délégué par son Consistoire à une Assemblée "qui travaillera à cette matière." L'année suivante l'Assemblée du 20 fevrier 1708, s'occupa de l'obtention auprès du Parlement d'un Acte général de Naturalization, mais en remit la demande à un autre temps. L'affaire des soi-disant Prophètes cévenols, Marion, Cavalier et Fage, qui remplirent Londres du scandale de leurs manifestations risquant d'en étendre la fâcheuse influence sur l'ensemble des Réfugiés, rapprocha de nouveau momentanément les Eglises. C'est du Consistoire de la Savoie que part l'indispensable acte de condamnation des prétendus inspirés, 30 Mars 1707; après en avoir reçu communication, le Consistoire de Threadneedle Street se décide d'abord à suivre cet exemple, et à ne pas les admettre à la communion, ensuite à répondre á la convocation lancée par l'Eglise conformiste et à charger le pasteur Testas et l'ancien Le Monteux de proposer à l'assemblée "de chercher les moyens de prévenir les émeutes et les voies de fait parmis nos gens qui seraient capables de nous ruiner dans ce pays." Ici encore on eut de la peine à s'entendre. Les délégués rapportent que dans l'Assemblée Général on leur a demandé de concourir aux frais de poursuite en justice et qu'on a exhorté nos François à ne point s'attrouper à l'occasion de ces gens là. La Compagnie décide de ne plus députer aux Assemblées générales à moins que l'Eglise qui convoque n'ait informé du sujet afin que les députés aient les instructions nécessaires. On fait part de cette résolution à la Savoie, après avoir sur ses plaintes d'un premier refus, consenti à prendre une portion des frais; toutefois on fait lire l'acte de condamnation et l'exhortation contre les Prophètes, du haut de la chaire comme dans toutes les Eglises Françaises du Refuge le Dimanche après le 23 juillet.

En 1719 une Assemblée Générale à Threadneedle Street s'occupe du différend entre Wheeler Street et Brown's Lane; enfin le 10 Août 1720, après de longs pourparlers on est parvenu à s'accorder sur un "Projet d'Union de toutes les Eglises Françaises de Londres pour la paix et pour l'ordre dans notre

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