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Nother canne thei the grospell rede,
Suche shul now weldin hie estates.

There was more mercy in Maximine
And Nero that never was gode,
Than there is now in some of them,
Vhan he hath on his furred-hode.

Tel qui ne sait pas son Credo est fait prélat par des sollicitations; tel qui ne peut pas lire . l'Evangile est pourvu d'un riche état forestier. « Il y avoit plus d'humanité dans Maxime et ⚫ dans Néron, qui ne fut jamais bon, qu'on n'en ⚫ trouve dans tel d'entre eux aussitôt qu'il porte sa hotte fourrée (Chaperon). »

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Nos poëtes, en France, étoient loin alors de la dignité de ce langage que Dante avoit fait connoître à l'Italie.

DIFFERENT CHEZ LES ÉCRIVAINS ANGLOIS ET CHEZ LES ÉCRIVAINS FRANÇOIS DES SEIZIÈME ET DIXSEPTIÈME SIÈCLES. PLACE OCCUPÉE PAR LE PEUPLE DANS LES ANCIENNES INSTITUTIONS DES DEUX MONARCHIES.

Le poëte écrivoit à son château de Dunnington, SENTIMENT DE LA LIBERTÉ POLITIQUE; POURQUOI sous le chéne de Chaucer, ses Contes de Cantorbéry dans la forme du Décaméron. A son début, la littérature angloise du moyen âge fut défigurée par la littérature romane; à sa naissance, la littérature angloise moderne se masqua en littérature italienne.

En France, cette rage d'imitation enleva peutêtre au siècle de Louis XIV une originalité regrettable: heureusement Racine, Boileau, Bossuet, Fénelon, n'ayant étudié que les grecs et les latins, le génie du grand roi et le génie de Rome et d'Athènes se marièrent; il résulta de cette haute alliance des ouvrages qui eurent des modèles et qui en serviront à jamais.

Wiclef doit être compté parmi les auteurs anglois de l'époque de Chaucer. Pour premier acte de sa réforme, il fit sur la Vulgate une traduction angloise de la Bible que l'on consulte encore comme monument de la langue. Luther, marchant sur ses traces, traduisit en allemand la Bible, mais d'après l'hébreu.

Depuis Alfred le Grand, fondateur des libertés britanniques, la nation ne fut jamais totalement exclue du pouvoir. Les poésies, les chroniques et les romans de l'Angleterre, ont un élément qui manquoit anciennement aux nôtres, l'élément populaire : l'action dramatique des ouvrages de nos voisins en est vivifiée, et il en sort des beautés de contraste avec les mœurs religieuses, aristocratiques et chevaleresques. On est tout étonné de trouver dans l'Écossois Barbour, contemporain de Chaucer, ces vers sur la liberté; un sentiment immortel semble avoir communiqué au langage une immortelle jeunesse, le style et les mots n'ont presque point vieilli :

Ah! freedom is a noble thing!
Freedom makes man to have a liking;
Freedom all solace to man gives.

Les institutions politiques ont autant d'insentiment de la liberté se montre moins à cette fluence que les mœurs sur la littérature. Si le époque dans les écrivains de notre nation que dans ceux de l'Angleterre, c'est que les deux peuples n'étoient pas placés dans des conditions semblables arrivés à une portion différente de l'autorité publique par des routes diverses, ils ne pouvoient avoir le même langage.

Ceci vaut la peine de s'arrêter un moment, pour faire sortir de la poésie la philosophie de l'histoire qui s'y trouve souvent cachée : nous sentirons mieux comment les poëtes françois et les poëtes anglois ont été conduits à parler de la liberté ou à se taire sur elle, lorsque nous nous rappellerons mieux le rôle que chacun des deux peuples jouoit dans les institutions nationales. En ce qui touche l'Angleterre, je n'aurai qu'à transcrire quelques pages d'un ouvrage fort court, mais excellent, intitulé: Vue générale de la constitution de l'Angleterre, par un Anglois1, ouvrage très-supérieur à tout ce que brocha jadis le théoricien génevois Delolme, appuyé de Blakstone.

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« du duché de France et de quelques autres pays « des environs, tandis que le parlement anglois « étoit une assemblée des principaux personnages « du royaume, et que son autorité étoit reconnue « partout.

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« Les membres des deux parlements, anglois a et françois, étoient les barons, les chevaliers « et les prélats, et un certain nombre de gens de « justice, tous convoqués pour un temps limité, « par des lettres du roi. Les deux parlements ne «formoient chacun qu'une seule chambre, et « étoient aussi bien une cour de justice suprême qu'une assemblée politique. Mais, tandis que « les membres du parlement d'Angleterre acqué« roient tous les jours plus d'importance politi« que, et que leur voix consultative se changeoit « insensiblement en voix délibérative, au point qu'ils finirent par établir légalement qu'ils ⚫ pouvoient refuser toutes les demandes des rois, « comme ceux-ci pouvoient refuser les leurs, les « membres du parlement de Paris perdoient gra« duellement de leur considération par l'accrois⚫sement progressif du pouvoir royal: au lieu « d'obtenir une voix délibérative dans les gran« des affaires nationales, ils furent chaque jour a moins consultés sur les questions politiques, et ils finirent par être regardés principalement a comme des juges de la cour baronniale du du«ché de France....

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Philippe-Auguste établit l'institution de la a pairie, et rendit les pairs membres du parle« ment de Paris, pour en augmenter l'importance « par un simulacre de l'ancien baronnage natio« nal, sans diminuer en rien, par ce moyen, l'in«fluence royale. Si, en réunissant la Normandie « à la couronne, il avoit donné aux principaux a barons et eclésiastiques normands le droit d'ê« tre membres du parlement de Paris, et que ses « successeurs eussent fait de même dans les dif« férentes provinces dont ils se rendirent successi« vement les maîtres, le parlement de Paris se<< roit devenu un vrai parlement national, comme <«< celui d'Angleterre, et les députés des villes « principales auroient fini naturellement par y « être admis. Mais Philippe, comme ses succes« seurs, trouva qu'il valoit mieux de laisser exis« ter séparément les parlements ou états des provinces qu'il réunit, que de les agréger au « gouvernement de France. Les provinces aussi « étoient jalouses de la conservation de leurs par«<lements. Saint Louis appela une fois dans le

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« Ce fut Philippe le Bel qui donna le plus grand « coup à l'autorité du parlement par son inven« tion des états généraux, lesquels, quoi qu'en « disent les auteurs à système, n'ont jamais << existé avant son règne. En ne laissant venir « aux états les prélats et les grands seigneurs « que par députation, et en les confondant ainsi << avec le reste de la noblesse et du clergé, il leur << ôta toute leur importance; bornant aussi les « fonctions des états à émettre des doléances, il « les réduisit presque à rien. ....

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«< chambre des communes; formation due au ha« sard, et dont les politiques d'alors ne prévirent « sûrement pas les résultats. En outre des subsi« des fournis par le parlement, depuis que les « villes étoient devenues des corporations politiques jouissant de différents priviléges, les rois « étoient dans l'usage de leur demander de temps « en temps, et sans l'avis du parlement, différen<< tes sommes d'argent, selon le plus ou moins d'importance et de richesse de ces villes. Ces « sommes d'argent étoient réglées de gré à gré « avec des commissaires royaux et les principaux « habitants de chaque ville. Enfin sous Henri III, « vers le milieu du treizième siècle, le fameux " comte de Leicester fit convoquer au parlement les députés des villes principales, espérant par ce « moyen les mieux engager à lui fournir l'argent « dont il avoit besoin pour soutenir ses entrepri« ses criminelles. Cet exemple pourtant ne fut pas « suivi dans les parlements suivants. Ce ne fut « qu'à la fin du treizième siècle (l'an 1295) qu'É« douard Ier, pressé par le besoin d'argent, et fa«< tigué des négociations partielles avec les bourgeois des différentes villes, imagina de convo« quer régulièrement deux députés de chaque ville << en même temps, et dans le même endroit que le

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⚫ parlement. Ces députés ne faisoient pas partie | « tres pouvoirs que celui de régler l'impôt que ⚫ du parlement et n'avoient aucune voix dans les ⚫ délibérations nationales. Leurs fonctions se bor« noient à fixer la somme d'argent qu'ils pouvoient « fournir entre eux pour le taillage de leurs villes ⚫ respectives. Ces députés étoient en même temps « autorisés à exposer les besoins de leurs villes; « et, pour les engager à payer le plus possible, on - écoutoit leurs doléances avec attention, et on « accordoit toutes celles de leurs demandes qui • paroissoient raisonnables. Dans les commence«ments, ils délibéroient séparés des barons et « des chevaliers, et suivoient les instructions de leurs commettants pour les besoins qu'ils avoient ■ à exposer, et le maximum de l'impôt qu'ils ⚫ devoient accorder.

«

« leurs commettants devoient payer; et une fois « cette affaire terminée, ils pouvoient s'en aller << sans attendre la fin de la session. Il est pourtant << naturel de supposer qu'à mesure que les villes << devenoient plus riches, leurs députés acqué<< roient plus d'importance, et qu'au lieu de re<< tourner chez eux quand ils avoient réglé l'impôt, ils restoient pour écouter les délibérations « des chevaliers sur les lois générales, dont au« cune n'étoit sans intérêt pour eux. Peu à peu << on les consulta sur ces lois. De la consultation « à la délibération il n'y a qu'une nuance: aussi, << vers la fin du quatorzième siècle, les députés des « villes avoient acquis tous les droits politiques « de ceux des comtés, et ils étoient tous confon<< dus sous le nom général de députés des com

« munes. »

On ne peut exposer avec plus de netteté la manière dont le parlement anglois s'est formé, et comment, aux moment d'arriver aux mêmes institutions, nous fûmes jetés dans une autre route. Le reste de la brochure, où l'auteur examine le principe de l'aristocratie angloise, la nature du prétendu veto, et la balance imaginaire des trois pouvoirs, est de la même rectitude de jugement et de la même vérité de faits.

« On ne sait pas au juste quand les députés des ▪ comtés s'assemblèrent pour la première fois ⚫ dans la même salle avec les députés des villes. « Quoique ces deux espèces de députés différas⚫ sent beaucoup entre eux sous les rapports de leur ⚫ existence politique, ils se ressembloient cependant par leur qualité commune de mandataires « de leurs concitoyens; et il est probable que les « chevaliers des comtés, aussi bien que les bourgeois des villes, étoient souvent obligés de « suivre les instructions de leurs commettants. « On trouva donc qu'il étoit plus commode, pour ⚫ l'expédition des affaires, de les assembler dans ⚫ la même salle, et d'envoyer ensuite le résultat ⚫ de leurs délibérations aux pairs, que de laisser « les chevaliers délibérer à part dans la salle de ⚫ ces derniers. Il est probable aussi que les grands ⚫ barons, qui commençoient à regarder les che<valiers comme leurs inférieurs, étoient bien ⚫aises d'avoir un prétexte honnête pour les éloiagner de leur salle. Des raisons plus accidentel⚫les, comme le plus ou le moins de grandeur de « la salle où s'assembloient les pairs, peuvent ⚫ avoir occasionné la séparation des membres du « parlement. Quoi qu'il en soit, il est certain • que les députés des comtés et ceux des villes a étoient réunis dans la même salle au commen- On parle toujours des trois ordres comme conscement du quatorzième siècle. Cependant, mal- tituant essentiellement les états dits généraux. « gré cette réunion, il exista une très-grande dif- Néanmoins il arrivoit que les bailliages ne nomférence entre eux les chevaliers des comtés moient des députés que pour un ou deux ordres. ⚫ faisoient partie intégrante du parlement et dé- En 1614, le bailliage d'Amboise n'en nomma ni <libéroient sur toutes les affaires quelconques de pour le clergé, ni pour la noblesse; le bailliage ⚫ la même manière que les grands barons ou pairs, de Châteauneuf en Thimerais n'envoya ni pour • tandis que les députés des villes n'avoient d'au--le clergé, ni pour le tiers état; le Puy, la Ro

En France, le parlement dit de Paris et ensuite les états généraux ne se divisèrent pas en deux chambres : le clergé, formé en ordre, ne se mêla pas au barons, aux pairs, et à la noblesse de chevalerie; celle-ci ne se réunit pas aux députés des villes et resta avec les barons. Le tiers demeura à part. De là trois ordres qui se classèrent par numéros, premier, second, troisième. Cette constitution des états généraux, dont la France entière ne reconnut jamais le pouvoir national, se répétoit dans les états particuliers des provinces, véritables souverains de ces provinces. Mais le tiers état, qui dans les états généraux ou particuliers n'acquit jamais d'importance que dans les temps de troubles, s'emparoit du pouvoir public d'une autre manière.

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chelle, le Loraguais, Calais, la Haute-Marche, | quoit, la liberté politique. En Angleterre, au conChatelleraut, firent défaut pour le clergé, et traire, le peuple occupant depuis plusieurs sièMontdidier et Roy pour la noblesse. Néanmoins cles une place importante dans la constitution, donné les états de 1614 furent appelés états généraux. ayant mis à mort des nobles et des rois, Aussi les anciennes chroniques, s'exprimant et retiré des couronnes, se trouve arrêté actueld'une manière plus correcte, disent en parlant lement qu'il prétend étendre ses droits : il a à se de nos assemblées nationales, ou les trois états, combattre lui-même; il se fait obstacle; il se ou les notables bourgeois, ou les barons et les trouve sur son propre chemin. C'est évidemment évêques, selon l'occurrence, et elles attribuent à la liberté populaire britannique dans sa vieille ces assemblées ainsi composées la même force forme qui lutte aujourd'hui contre la liberté polégislative. pulaire dans sa forme nouvelle.

Dans les diverses provinces, souvent le tiers, tout convoqué qu'il étoit, ne députoit pas, et cela par une raison inaperçue, mais fort naturelle : le tiers s'étoit emparé de la magistrature; il en avoit chassé les gens d'épée ; il y régnoit d'une manière | absolue, comme juge, avocat, procureur, greffier, clerc, etc. ; il faisoit les lois civiles et criminelles, et, à l'aide de l'usurpation des parlements, il exerçoit même le pouvoir politique. Les ministres de la monarchie étoient aux trois quarts pris dans son sein; plusieurs fois il commanda les armées dans la dignité militaire du maréchalat. La fortune, l'honneur, la vie des citoyens relevoient de lui; tout obéissoit à ses arrêts, toute tête tomboit sous le glaive de ses justices. Quand donc il jouissoit seul ainsi d'une puissance sans bornes, qu'avoit-il besoin d'aller chercher une foible portion de cette puissance dans des assemblées où on l'avoit vu paroître à genoux?

Le peuple, métamorphosé en moine, s'étoit réfugié dans les cloîtres, et gouvernoit la société par l'opinion religieuse ; le peuple, métamorphosé en collecteur, en ministre du commerce et des manufactures, s'étoit réfugié dans la finance, et gouvernoit la société par l'argent; le peuple, métamorphosé en magistrat, s'étoit réfugié dans les tribunaux, et gouvernoit la société par la loi. Ce grand royaume de France, aristocrate dans ses parties, étoit démocrate dans son ensemble, sous la direction de son roi, avec lequel il s'entendoit à merveille et marchoit presque toujours d'accord: c'est ce qui explique sa longue exis

tence.

Maintenant on comprend pourquoi le tiers état, en 1789, s'est rendu subitement maître de la nation: il s'étoit saisi de toutes les hauteurs, emparé de tous les postes. Le peuple n'ayant pris que peu de part à la constitution de l'État, mais incorporé dans les autres pouvoirs, s'est trouvé en mesure de conquérir la seule liberté qui lui man

Barbour a donc pu chanter cette liberté dans
les nobles vers que j'ai cités à la fin du dernier
chapitre; il a donc pu la chanter dans un temps
où elle étoit inconnue en France de l'auteur du
ballades, vi-
Dictée de l'Épinetle amoureuse,
relais, Plaidoyer de la rose et de la violette ;
liberté ignorée à cette même époque de la Véni-
tienne Christine de Pisan et du traducteur des
fables d'Ésope, qui les publia sous le titre de
Bestiaire.

JACQUES Ier, ROI D'ÉCOSSE. DUMBARD. DOUGLAS.
WORCESTER. RIVERS.

Jacques Ier, le roi le plus accompli et le plus infortuné de ces princes malheureux qui régnèrent en Écosse, surpassa, comme poëte, Barbour, Occlève et Lydgate. Dix-huit ans captif en Angleterre, il composa dans sa prison son King'squair (le livre du roi), ouvrage en six chants, divisés par strophes, chacune de sept vers. Lady Jeanne Beaufort le lui inspira.

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« Un matin d'un jour de mai, dit le roi poëte, appuyé sur la fenêtre de ma prison et regardant << le château de Windsor, j'écoutois les chants du rossignol. J'admirois ce que peut la passion de « l'amour que je n'avois jamais sentie. En abais<< sant mes regards, je vis se promener au pied « de la tour la plus belle et la plus fraîche des jeunes fleurs.»

Le prisonnier a des visions; il est transporté sur un nuage à la planète de Vénus ; il voyage au palais de Minerve. Revenu de ses extases, il s'approche de la fenêtre ; une tourterelle d'une blancheur éclatante se vient poser sur sa main; elle porte dans son bec une fleur; elle la lui donne, et s'envole. Sur les feuilles de la fleur sont écrits ces mots : « Éveille toi, & amant, je t'apporte de « joyeuses nouvelles. »

On doit à Jacques Ier le mode d'une musique plaintive inconnue avant lui.

Ce fut sous le règne de Jacques I**, vers l'an

1446, que Henri le Ménestrel ou Harry l'Aveugle | querie, ou aux confessions de potence que le (Blind Harry) chanta le guerrier Guillaume peuple répétoit dans nos rues : Wallace, si populaire en Écosse. Quelques critiques préfèrent le ménestrel Henri à Barbour et à Chaucer.

Dumbard et Douglas fleurirent encore en Ecosse.

En Angleterre, le comte de Worcester et le comte de Rivers, tous deux protecteurs des lettres et les cultivant eux-mêmes, perdirent la tête sur l'échafaud. Rivers, et Caxton, son imprimeur et son panégyriste, sont les premiers auteurs dont les écrits aient été donnés par la presse angloise. Les ouvrages de Rivers consistoient en traductions du françois, notamment des Proverbes de Christine de Pisan.

Sous Henri VII, le premier Tudor, il y eut beaucoup de poëtes sans génie : un des serviteurs de ce roi, qui mit fin aux guerres des maisons d'York et de Lancastre, avoit quelque talent pour la satire.

BALLADES ET CHANSONS POPULAIRES.

Les ballades et chansons populaires, tant écossoises qu'angloises et irlandoises du quatorzième et du quinzième siècle, sont simples sans être naives: la naïveté est un fruit de la Gaule. La simplicité vient du cœur, la naïveté, de l'esprit : un homme simple est presque toujours un bon homme; un homme naïf peut n'être pas toujours bon: et pourtant la naïveté ne cesse jamais d'être naturelle, tandis que la simplicité est souvent l'effet de l'art.

Les plus renommées des ballades angloises et écossoises sont les enfants dans le bois (the children in the wood), et la Chanson du saule altérée par Shakespeare. Dans l'original, c'est un amant qui se plaint d'être abandonné. « Une pau⚫vre âme étoit assise en soupirant sous un syco• more: ô saule, saule, saule! la main sur son ⚫ sein, la tête sur ses genoux: ô saule, saule, saule! ô saule, saule, saule! Chantez: Oh le « saule vert sera ma guirlande, etc. » Cette chanson s'est emparée si fortement de l'imagination des poëtes anglois, que Rowe n'a pas craint de l'imiter après Shakespeare.

Robin Hood, voleur célèbre, est un personnage favori des ballades : il y a vingt chansons sur sa naissance, sur son prétendu combat avec le roi Richard, et sur ses exploits avec Petit-John : sa longue histoire rimée et celle d'Adam Belle ressembloient aux complaintes latines de la Jac

Or, prions le doux Rédempteur
Qu'il nous préserve de malheur,
De la potence et des galères,
Et de plusieurs autres misères.

Lady Anne Bothwell est le Dors, mon enfant, de Berquin; le Friar ( le moine), est l'aventure du père Arsène, et celle-ci vient du Comte de Comminges. Le Huntingin Chevy-Chace, très-belle ballade (la chasse dans Chevy-Chasse), décrit le combat du comte Douglas et du comte Percy, dans une forêt sur la frontière de l'Écosse.

Selon moi, les deux ballades qui sortent le plus des lieux communs sont Sir Cauline et Childe-Waters pour en soutenir le rhythme, on n'a pas besoin de savoir l'anglois; la mesure tombe aussi marquée que celle d'une walse. Chaque strophe se forme de quatre vers, alternativement de huit et de six syllabes; quelques vers redondants sont ajoutés aux strophes du Sir Cauline. La langue de ces ballades n'est pas tout à fait du temps où elles furent composées; le style en paroît rajeuni.

Sir Cauline, chevalier à la cour d'un roi d'Irlande, est devenu amoureux de Christabelle, fille unique de ce roi ; Christabelle, comme toutes les princesses bien élevées de ce temps-là, connoît la vertu des simples. Sir Cauline est malade d'amour. Le roi, après avoir entendu la messe, un dimanche, s'en va diner. Il s'enquiert du chevalier Cauline, chargé de lui verser à boire; un courtisan répond que l'échanson est au lit. Le roi ordonne à sa fille de visiter le chevalier, et de lui porter du pain et du vin. Christabelle se rend à la chambre du chevalier. « Comment vous portez« vous, milord?-Oh! bien malade, belle lady. Levez-vous, homme, et ne restez pas couché

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«< comme un poltron, car on dit dans la salle de « mon père que vous mourez d'amour pour moi. Belle lady! c'est pour l'amour de vous que je me dessèche. Si vouliez me réconforter d'un « baiser, je passerois de la peine au bonheur. « Sire chevalier! mon père est un roi, et je suis « sa seule héritière. O lady! tu es la fille d'un « roi, et je ne suis pas ton égal! mais qu'il me soit permis d'accomplir quelque fait d'armes « pour devenir ton bachelier. »

Christabelle envoie Cauline sur le côteau d'Eldridge, à l'endroit où croît une épine isolée au milieu d'une bruyère. Le seigneur d'Eldridge est

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