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NOTES

DU POËME

DES JARDINS.

NOTES

DU

PREMIER CHANT.

Page 2, vers 8.

Dont le charme autrefois avoit tenté Virgile.

LE lecteur ne me saura peut-être pas mauvais gré de rapporter ici l'esquisse rapide que Virgile a tracée des jardins, qu'il regrette de ne pouvoir chanter.

Si mon vaisseau, long-temps égaré loin du bord,
Ne se hâtoit enfin de regagner le port,
Peut-être je peindrois les lieux chéris de Flore;
Le narcisse en mes vers s'empresseroit d'éclore,
Les roses m'ouvriroient leurs calices brillants,
Le tortueux concombre arrondiroit ses flancs;
Du persil toujours verd, des pâles chicorées,
Ma muse abreuveroit les tiges altérées;
Je courberois le lierre et l'acanthe en berceaux,
Et du myrte amoureux j'ombragerois les eaux.

On voit que cette composition de jardin est très simple et très naturelle. On y trouve mêlés l'utile et l'agréable; c'est à la fois le verger, le potager, et le parterre : mais c'est là le jardin d'un habitant ordinaire des champs, tel qu'un sage, avec des goûts simples, voudroit l'orner, le cultiver lui-même; tel que l'aimable poëte qui le décrit eût aimé à l'embellir. Il n'a pas prétendu parler des fameux jardins que le luxe des vainqueurs du monde, des Lucullus, des Crassus, des Pompée, et des César, avoit remplis des richesses de l'Asie, et des dépouilles de l'univers.

Page 2, vers 19.

Du simple Alcinoüs le luxe encor rustique
Décoroit un verger.

C'est un monument précieux de l'antiquité et de l'histoire des jardins que la description que fait Homere de celui d'Alcinoüs. On voit qu'elle tient de près à la naissance de l'art; que tout son luxe consiste dans l'ordre et la symmétrie, dans la richesse du sol, et dans la fertilité des arbres, dans les deux fontaines dont il est orné et tous ceux qui voudroient un jardin pour en jouir, et non pour le montrer, n'en demanderoient pas d'autre.

Ibid., vers 20.

D'un art plus magnifique

Babylone éleva des jardins dans les airs.

Ces jardins suspendus existoient encore en partie seize

siecles après leur création, et firent l'étonnement d'Alexandre à son entrée dans Babylone.

Page 2, vers 22.

Quand Rome au monde entier eut envoyé des fers,
Les vainqueurs, dans des parcs ornés par la victoire,
Alloient calmer leur foudre et reposer leur gloire.

Il existe un monument très précieux du goût et de la forme des jardins romains dans une lettre de Pline le jeune: on y voit qu'on y connoissoit déja l'art de tailler les arbres, et de leur donner différentes figures de vases ou d'animaux; que l'architecture et le luxe des édifices étoient un des principaux ornements de leurs parcs; mais que tous avoient un objet d'utilité : ce qu'on a trop oublié dans les jardins modernes. J'emprunte la traduction de M. de Sacy pour mettre ce morceau sous les yeux du lecteur :

« La maison, quoique bâtie au bas de la colline, a la « même vue que si elle étoit placée au sommet. Cette «< colline s'éleve par une pente si douce, que l'on s'apperçoit que l'on est monté sans avoir senti que l'on « montoit. Derriere la maison est l'Apennin, mais assez

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éloigné. Dans les jours les plus calmes et les plus sereins elle en reçoit des haleines de vent, qui n'ont plus rien « de violent et d'impétueux pour avoir perdu toute leur << force en chemin. Son exposition est presque entière«< ment au midi, et semble inviter le soleil, en été vers le

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