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LXVIIIe.

Page 163. Les Barbares jetoient des cris.

«Tous ceux qui étoient échappés de la défaite des Am«brons s'étant mêlés avec eux, ils jetoient toute la nuit «des cris affreux qui ne ressemblent point à des clameurs «et à des gémissements d'hommes, mais qui étoient comme << des hurlements et des mugissements de bêtes féroces, «mêlés de menaces et de lamentations, et qui, poussés «en même temps par cette quantité innombrable de Bar«bares, faisoient retentir les montagnes des environs et « de tout le canal du fleuve. Toute la plaine mugissoit de ce «bruit épouvantable; le cœur des Romains étoit saisi de <«crainte, et Marius lui-même frappé d'étonnement. >> (PLUTARQUE, in Vit. Mar.)

LXIX.

Page 164. Les Francs, pendant la nuit, avoient coupé les têtes des cadavres romains.

On voit un exemple remarquable de cette coutume des Barbares dans la description du camp de Varus, par Tacite. Salvien (de Gubernatione Dei), Idace (dans sa Chronique in Biblioth. Patr., vol. vii, page 1233), Isidore de Séville, Victor (de Persecutione africana), etc., font tous des descriptions horribles de la cruauté des peuples qui renversèrent l'empire romain. Ils allèrent jusqu'à égorger des prisonniers autour d'une ville assiégée, afin de répandre la peste dans la ville par la corruption des cadavres. (VICTOR, loc. cit.)

LXXe.

Page 164. Un énorme bucher, composé de selles de chevaux.

Ceci rappelle vaguement la résolution d'Attila après la perte de la bataille de Châlons. (JORNANDES, de Reb. Goth.

LXXIe.

Page 165. Les femmes des Barbares, vêtues de robes noires.

«Stabat pro littore diversa acies, densa armis virisque, xintercursantibus feminis, in modum furiarum, quæ veste «ferali, crinibus dejectis, faces præferebant. Druidæque <«< circum, preces diras sublatis ad cœlum manibus fun<< dentes, novitate aspectus, perculere militem.» (Tacit., Ann., xiv, 30.) Les femmes venant contre eux avec des épées et des haches, grinçant les dents de rage et de douleur, et jetant des cris horribles, frappent également sur ceux qui fuient et sur ceux qui poursuivent; sur les premiers, comme traîtres, et sur les autres comme ennemis; se jettent dans la mêlée, saisissent avec les mains nues les épées des Romains, leur arrachent leurs boucliers, reçoivent des blessures, se voient mettre en pièces sans se rebuter, et témoignent jusqu'à la mort un courage véritablement invincible. (PLUTARQUE, in Vit. Mar. ). Là, on vit les choses du monde les plus tragiques et les plus épouvantables. Les femmes, vêtues de robes noires, étoient sur les chariots, et tuant les fuyards; les unes leurs maris, les autres leurs frères, celles-là leurs pères, celles-ci leurs fils; et prenant leurs petits enfants, elles les étouffoient de leurs propres mains, et les jetoient sous les roues des chariots et sous les pieds des chevaux, et se tuoient ensuite elles-mêmes; on dit qu'il y en eut une qui se pendit au bout de son timon, après avoir attaché par le cou à ces deux talons deux de ses enfants, l'un deçà, l'autre delà. Les hommes, faute d'arbres pour se pendre, se mettoient au cou un nœud coulant qu'ils attachoient aux cornes ou aux jambes des boeufs, et piquant ces bêtes pour les faire marcher, ils périssoient misérablement ou étranglés ou foulés aux pieds. (Id., ibid.)

LXXII.

Page 166. Mérovee s étoit fait une nacelle d'un large bouclier d'osier.

· Les boucliers des Barbares servoient quelquefois à cet usage; on en voit un exemple remarquable dans Grégoire de Tours. Attale, Gaulois d'une naissance illustre, se trouvant esclave chez un Barbare, dans le pays de Trèves, se sauva de chez son maître en traversant la Moselle sur un bouclier. (GREC. TURON, lib. III.)

LXXIII.

Page 168. Dans une espèce de souterrain où les Barbares ont coutume de cacher leur blé.

<«<Solent et subterraneos specus aperire, eosque multo <«insuper fimo onerant, suffugium hiemi et receptaculum «frugibus.» (TACIT., de Mor. Germ., xvI.)

Le lecteur peut se rendre compte maintenant du plaisir que peut lui avoir fait ce combat des Francs et des Romains. Ceux qui parcourent en quelques heures un ouvrage en apparence de pure imagination, ne se doutent pas du temps et de la peine qu'il a coûté à l'auteur, quand il est fait comme il doit l'être, c'est-à-dire en conscience. Virgile employa un grand nombre d'années à rassembler les matériaux de l'Énéide, et il trouvoit encore qu'il n'avoit pas assez lu. (Voyez Macrobe.) Aujourd'hui on écrit lorsqu'on sait à peine sa langue et qu'on ignore presque tout. Je me serois bien gardé de montrer le fond de mon travail, si je n'y avois été forcé par la dérision de la critique. Dans ce combat des Francs, où l'on n'a vu qu'une description brillante, on saura maintenant qu'il n'y a pas un seul mot qu'on ne puisse retenir comme un fait historique.

REMARQUES

SUR LE SEPTIÈME LIVRE.

PREMIÈRE REMARQUE.

Page 169. Le roi d'Ithaque fut réduit à sentir un mouvement de joie en se couchant sur un lit de feuilles séchées.

Τὴν μὲν ἰδών γήθησε πολύτλας διος Οδυσσεύς.

Εν δ' ἄρα μέσσῃ λέκτο, χύσιν δ ̓ ἐπεχεύατο φύλλων.

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(Odyss., liv. v, v. 486.)

Page 170. Il étoit accompagné d'une femme vêtue d'une robe, etc.

<<Nec alius feminis quam viris habitus, nisi quod feminæ <«<sæpius lineis amictibus velantur, eosque purpura variant, «partemque vestitus superioris in manicas non extendant, «nudæ brachia ac lacertos: sed et proxima pars pectoris «patet.» (TACIT., de Mor. Germ., xvII.)

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Page 170. Je ne sais quelle habitude étrangère, etc. Est-il nécessaire d'avertir que cette habitude étrangère avoit été produite par la religion chrétienne?

Ive.

Page 170. Remerciez Clothilde.

Encore un nom historique emprunté, ou un anachronisme d'accord avec les anachronismes précédents.

ve

Page 171. Dans une hutte qu'entouroit... un cercle de jeunes arbres.

<«<Colunt discreti ac diversi, ut fons, ut campus, ut ne<«mus placuit..... Suam quisque domum spatio circumdat. >> (TACIT., de Mor. Germ., XVI. Voyez aussi Hérodien, liv. vII.) Dans quelques cantons de la Normandie, les paysans bâtissent encore leurs maisons isolées au milieu d'un champ qu'environne une haie vive plantée d'arbres.

Vie.

Page 171. Une boisson grossière faite de froment.

C'est la bière: Strabon, Ammien-Marcellin, Dion-Cassius, Jornandès, Athénée, sont unanimes sur ce point. Au rapport de Pline, la bière étoit appelée cervisia par les Gaulois. Les femmes se frottoient le visage avec la levure de cette boisson. (PLINE, liv. XXII.)

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Page 171. L'odeur des graisses mêlées de cendres de frêne, dont ils frottent leurs cheveux.

C'étoit pour leur donner une couleur rousse. On peut voir là-dessus DIODORE DE SICILE, liv. V; AMMIEN-MARCELLIN, liv. XVII; SAINT-JEROME, Vit. Hilar., etc.

VIIIe.

Page 171. Le peu d'air de la hutte, etc.

«Je suis, dit Sidoine, au milieu des peuples chevelus, «forcé d'entendre le langage barbare des Germains, et « obligé d'applaudir aux chants d'un Bourguignon ivre, qui «se frotte les cheveux avec du beurre... Dix fois le matin, «je suis obligé de sentir l'ail et l'ognon, et cette odeur em

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