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mis le combat de lyre entre Homère et Hésiode, quoiqu'il soit prouvé que ces deux poëtes n'ont pas vécu dans le même temps. Il ne s'agit pas ici de vérités historiques.

XLVII.

Page 61. Les Parques même, vêtues de blanc.

Démodocus arrange tout cela un peu à sa façon. C'est Platon, à la fin du xe livre de sa République, qui fait cette histoire des Parques : elle n'est pas tout-à-fait telle qu'on la voit ici. Comment les ennemis des Martyrs n'ont-ils pas vu cette erreur? Quel beau sujet pour eux de triomphe et de pédanterie !

XLVIII®.

Page 61. La colombe qui portoit dans les forêts de la Crète l'ambroisie à Jupiter.

Jupiter enfant fut nourri sur le mont Ida par une colombe qui lui apportoit l'ambroisie.

XLIXe.

Page 62. Chantez-nous ces fragments des livres saints que nos frères les Apollinaires, etc.

Anachronisme. Les Apollinaires vivoient sous Julien, et ce fut pendant la persécution suscitée par cet empereur qu'ils mirent en vers une partie des livres saints.

Le.

Page 62. Il chanta la naissance du chaos.

Pour le chant d'Eudore, voyez toute la Bible.

Lie.

Page 65. Ils crurent que les Muses et les Sirènes, etc. Les Sirènes, filles du fleuve Achéloüs et de Calliope, défièrent les Muses à un combat de chant. Elles furent

vaincues : les Muses les dépouillèrent de leurs ailes et s'en firent des couronnes. On plaça en divers lieux la scène de ce combat.

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Page 66. Mais à peine avoit-il fermé les yeux qu'il eut un songe.

Ce songe est le premier présage du dénoûment. Je prie encore une fois les amis de l'art de faire attention à la composition des Martyrs : il y a peut-être dans cet ouvrage un travail caché qui n'est pas tout-à-fait indigne d'être connu.

SUR LE TROISIÈME LIVRE.

Voici le livre le plus critiqué des Martyrs. J'ose dire pourtant que si j'ai jamais écrit dans ma vie quelques pages dignes de l'attention du public, elles se trouvent dans ce même livre. Si l'on songe combien les deux premiers sont différents du troisième, et combien le quatrième diffère lui-même des trois premiers, peutêtre jugera-t-on que j'aurois mérité d'être traité avec moins d'indécence. La difficulté du sujet qui varie sans cesse n'a point été appréciée. Le tableau complet de l'empire romain, une grande action, des scènes dans un monde surnaturel, voilà le fardeau qu'il m'a fallu porter, sans que le lecteur s'aperçût de la longueur et des dangers du chemin.

Au reste, on a vu comment j'ai remplacé les discours des Puissances divines dans ce troisième livre. Les notes suivantes prouveront que les chicanes qu'on m'a faites étoient fondées en savoir et en raison.

PREMIÈRE REMARQUE.

Page 67. Les dernières paroles de Cyrille montèrent au trône de l'Éternel. Le Tout-Puissant agréa le sacrifice.

Première transition de l'ouvrage. On a trouvé qu'elle lioit naturellement la fin du second livre au commencement du troisième, et pourtant elle amène une scène nouvelle et produit un livre tout entier.

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Page 67... flotte cette immense Cité de Dieu, dont la langue d'un mortel ne sauroit raconter les merveilles. «Captus est in paradisum : et audivit arcana verba, quæ <<non licet homini loqui.» (Epist. 11a ad Corinth., c. xII, v. 4.) «Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei.» (Ps. LXXXVI, v. 3.)

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Page 67. L'Éternel en posa lui-même les douze

fondements, et l'environna de cette muraille de jaspe que le disciple' bien-aimé vit mesurer par l'ange avec une toise d'or.

Il est assez singulier qu'on ait pu croire, ou plutôt qu'on ait feint de croire que j'étois l'inventeur de toutes les pierreries que l'on voit dans le troisième livre.

Un auteur ne peut employer que les matériaux fournis par son sujet. S'il avoit à parler de l'Élysée des anciens, il ne pourroit y mettre que le Léthé, des bois de myrtes, une porte d'ivoire et une porte de corne; s'il décrit un ciel chrétien, il est encore plus strictement obligé de suivre les traditions de l'Écriture. Alors il ne rencontre que des images empruntées de l'or, du verre, des diamants, et de toutes les pierres précieuses: tout ce qu'on doit exiger de lui, c'est qu'il fasse un choix. Que l'on ouvre donc les Prophètes, l'Apocalypse, les Pères, et l'on verra ce que j'ai écarté, et les écueils sans nombre que j'ai évités. Jamais je n'ai fait un travail plus pénible et plus ingrat. Au reste, le Tasse et Milton ont rempli comme moi leur ciel de perles et de diamants. Ce sont, si j'ose m'exprimer ainsi, des richesses inévitables pour quiconque est obligé de peindre un ciel chré-* tien. Je vais rassembler ici sous un seul point de vue les autorités, et le lecteur jugera de bonne foi de la loyauté et des connoissances de mes ennemis.

<«< Et habebat ( civitas Dei) murum magnum et altum, ha<«<bentem portas duodecim...

«Et murus civitatis habens fundamenta duodecim... Et «qui loquebatur mecum habebat mensuram arundineam «auream ut metiretur civitatem.

«Et erat structura muri ejus ex lapide jaspide, ipsa vero «< civitas, aurum mundum simile vitro mundo.

«Et fundamenta muri civitatis omni lapide pretioso or«nata. Fundamentum primum, jaspis; secundum, sapphi«rus; tertium, calcedonius ; quartum, smaragdus.

«Quintum, sardonyx; sextum, sardius; septimum, chry<< solithus; octavum, beryllus ; nonum, topazius ; decimum,

«chrysoprasus ; undecimum, hyacinthus; duodecimum, ame«<thystus.

« Et duodecim portæ, duodecim margaritæ sunt per sin«gulas... et platea civitatis aurum mundum, tanquam vi«<trium perlucidum.» (Apocal., c. xxi, v. 12, 14-15, 18, 21.) <«<Et similitudo super capita animalium firmamenti, quasi «aspectus crystalli...

«Et super firmamentum.... quasi aspectus lapidis sap«phiri similitudo throni.» ( Ezech., v. 22, 26. )

Voyons maintenant les poëtes;

Weighs his spread wings (Satan), at leisure to behold
Far off th' empyreal heav'n, extended wide
In circuit, undetermin'd square or round
With opal tow'rs, and battlements adorn'd
Of living sapphire, once his native seat;
And fast by, hanging in a golden chain,
This pendent world, in bigness as a star
Of smallest magnitude, close by the moon.

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(MILTON, Parad. lost, book 11, 1046.)

Now in loose garlands thick thrown off, the bright
Pavement, that like a sea of jasper shone,

Impurpled with celestial roses smil’d.

(Book 111, 362. )

Far distant he descries,

Ascending by degrees magnificent

Up to the wall of heav'n, a structure high;
At top whereof, but far more rich, appear'd
The work as of a kingly palace-gate,
With frontispiece of diamond and gold
Embellish'd; thick with sparkling orient gems
The portal shone, inimitable on earth

By model, or by shading pencil, drawn.

(Book III, 501.)

Nous verrons le Tasse, dans une note plus bas, donner à Michel une armure de diamant.

Que deviennent donc les bonnes plaisanteries sur la richesse de mon ciel, et la pauvreté que prêché mon Dieu ? N'ai-je pas été beaucoup plus avare de magnificences que

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