And pours it all upon the peccant part. NATURE its mother, Habit is its nurse; As heav'n's bleft beam turns vinegar more fow'r; What can She more, than tell us we are fools? 135 140 145 Proud of an eafy conqueft all along, She but removes weak paffions for the ftrong; So, when small humours gather to a gout, The Doctor fancies he has driv'n 'em out. 150 YES, Nature's road must ever be prefer'd; Reafon is here no guide, but ftill a guard; 'Tis ber's to rectify, not overthrow, And treat this passion more as friend than foe : This drives them conftant to a certain coaft. F Or (oft more strong than all) the love of eafe All, all alike, find reafon on their fide. TH' ETERNAL ART, educing good from ill, As fruits ungrateful to the planter's care, 160 165. 170 175 180 Nor virtue, male or female, can we name, THUS Nature gives ut (let it check our pride) 185 The virtue nearest to our vice ally'd; certaine côte. Qu'on foit épris d'amour pour la puiffance ou pour le fçavoir, pour l'or, pour la gloire, ou pour le repos (paffion fouvent plus forte que toutes les autres) toute la vie l'on poursuit fon objet, même aux dépens de la vie. Le travail du Marchand, l'indolence du Philofophe, P'humilité du Moine, la fierté du Héros; tout trouve également la raifon de fon côté. L'ARTISAN éternel, tirant le bien du mal, ente fur cette paffion nos meilleurs principes. C'est ainfi que le mercure de l'Homme eft fixé ; la vertu mêlée à fa nature en devient plus forte; ce qu'il y a de groffier confolide ce qui feroit trop rafiné: unis d'intérêt, le corps & l'efprit agiffent de concert. COMME d'un fauvageon greffé, les fruits, auparavant ingrats au foin du Jardinier, naiffent avec abondance; de même les plus folides vertus naiffent des paffions: la vigueur d'une nature fauvage en fortifie la racine. Quelle fource d'efprit & de vertu découle du chagrin ou de l'obstination, de la haine ou de la crainte! La colere donne du zele & de la force; l'avarice même augmente la prudence, & la paresse entretient la Philosophie; le plaifir rafiné & refferré dans de certaines bornes, devient un amour honnête, & dont les doux transports charment la délicatesse du Sexe; l'envie qui tirannise une ame baffe eft émulation dans les Sçavans ou dans les Guerriers : l'on ne trouve enfin dans l'Homme ni dans la Femme, aucune vertu qui ne puisse venir de l'orgueil ou de la honte. Les paf vent à fi principes. fions fer xer nos Mélange du vice & LA nature (que notre orgueil foit humilié par cette éfléxion) nous donne ainfi pour vertus celles qui font de la vertu: mites, leur diftinction néanmoins proximité les plus voifines & les plus étroitement alliées à nos vices. de leurs li- La raifon détourne le panchant de la paffion, du mal vers le bien. Si NERON l'eût voulu, il eût regné comme TIcertaine & TUS. Le courage fougueux que l'on abhorre dans CAT 1LINA, charme dans DECIUS, eft devin dans CURTIUS. La même ambition produit ou la perte ou le falut, infpire la trahifon ainfi que le zele de la Patrie. évidente. Laideur du vice; comment nous y lommes trompés. Qui peut féparer ces lumieres & ces ombres réunies dans notre cahos, fi ce n'eft le DIEU qui eft au-dedans (a) de nous-mêmes ? DANS la nature, les extrêmes produifent des fins égales; dans l'Homme, ils fe confondent pour quelque ufage merveilleux; quoique l'un empiete alternativement fur l'autre, ainfi que les ombres & les lumieres dans de certains tableaux d'un travail fini, & quoique fouvent le vice & la vertu foient fi mêlangées, que la différence entre les bornes où finit l'une, où commence l'autre, devient trop délicate pour être aperçue. O QUELLE folie, d'inférer de-là qu'il n'y a ni vices, ni vertus! Parce que le blanc & le noir feront mêlangés, adoucis, fondus enfemble de mille manieres différentes, n'y aura-t-il donc plus ni de noir, ni de blanc ? Sondez votre propre cœur; rien n'eft plus fimple & plus clair; c'eft pour les confondre qu'il en coûte & de la peine & du tems. LE vice eft un monftre fi hideux, que pour le haïr, il fuffit de le voir. Cependant vû trop fouvent, il fe fa (a) Qu'il me foit permis de citer un paffage tiré des Principes de la Foi Chrêtienne, où fe trouve la même expreffion à l'égard de DIE U. "Ils croient (dit l'Auteur en » parlant des impies) Dieu abfent... Ils ne fçavent pas qu'il eft au-dedans d'eux Reason the byas turns to good from ill, In DECIUS charms, in CURTIUS is divine. 190 The Same ambition can destroy or fave, And makes a patriot, as it makes a knave. THIS light and darkness in our chaos join'd, , EXTREMES in nature equal ends produce, FOOLS! who from hence into the notion fall, As, to be hated, needs but to be feen; 195 200 205 23 mêmes; qu'il eft préfent à tout, & non feulement aux actions, mais aux moindres ,, defirs & aux moindres penfées; qu'il porte à chaque inftant fon jugement fur tout.. » que fa lumiere perce leurs ténebres &c. Tome I. page 68. |