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C'eft en

l'ignoran

nemens fu

partie fur

d'un bon

heur à ve

fondé le

QUAND un fier courfier connoîtra pourquoi l'Homme le modere dans fa course orgueilleuse, ou le pouffe au travers des plaines quand le boeuf ftupide fçaura pourquoi il ouvre un dur fillon, ou pourquoi ou pourquoi métamorphofé en Dieu Egyptien il eft couronné de guirlandes: alors la fotte préfomption de l'Homme pourra comprendre l'ufage & la fin de fon être, de fes paffions & de fes actions: pourquoi il agit, il fouffre, il est retenu, il est excité: pourquoi dans ce moment il est un esclave; dans celui qui fuit, une divinité.

NE difons donc point que l'Homme eft imparfait, que le Ciel a tort: difons plutôt que l'Homme eft auffi parfait qu'il doit l'être fon être eft proportionné à fon état, à la place qu'il occupe; fon tems n'eft qu'un moment, & un point eft son espace.

LE Ciel cache à toutes les créatures le livre du deftin, partie fur excepté la page qui leur eft néceffaire, celle de leur état ce des évé préfent; il cache aux bêtes ce que l'Homme connoit, à turs, & en l'Homme ce que connoiffent les efprits: autrement qui pourl'efpérance roit ici-bas fupporter fon existence? Ta volupté condamne aujourd'hui l'Agneau à la mort; s'il avoit ta raison, bonnir, qu'eft diroit-il & fe joueroit-il fur la plaine? Content jufqu'au bonheur dernier moment, il broute le pâturage fleuri, & léche la l'Homme. main qui s'éleve pour l'égorger. O ignorance de l'avenir, qui nous eft charitablement donnée, afin que chacun puiffe remplir le cercle que lui a marqué l'Etre fupreme; DIEU de tous, il voit d'un œil égal un héros périr, & un paffereau tomber; les atômes fe confondre, ou les Cieux fe bouleverfer; une bulle d'eau, ou un monde s'éclater.

actuel de

WHEN the proud Steedfhallknow, why Man reftrains His fiery courfe, or drives him 'er the plains;

When the dull Ox, why now he breaks the clod,

Now wears a Garland, an Ægyptian God;
Then Shall Man's pride and dulnefs comprehend
His action's, paffion's, being's Ufe and End;
Why doing, fuff'ring, check'd, impell'd; and why
This hour a Slave, the next a Deity?

THEN Say not Man's imperfect, Heav'n in fault; Say rather, Man's as perfect as he ought;

His being meafur'd to his State and Place,

His time a moment, and a point his Space.

65

70

HEAV'N from all Creatures hides the book of Fate, All but the page prefcrib'd, their prefent ftate,

?

From Brutes what Men, from Men what Spirits know,
Or who could fuffer Being here below?

75

The Lamb thy riot dooms to bleed to day,

Had he thy Reason, would he skip and play?

Pleas'd to the last, he crops the flow'ry food,

And licks the hand juft rais'd to fhed his blood.

80

Oh blindness to the future! kindly giv'n,

That each may fill the Circle mark'd by Heav'n,

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HOPE humbly then; with trembling pinions foar;
Wait the great teacher, Death, and God adore!
What future bliss, he gives not thee to know,
But gives that Hope to be thy bleffing now.
Hope Springs eternal in the human breast ;
Man never is, but always to be bleft;
The foul uneasy, and confin'd at home
Refts, and expatiates, in a life to come..

Lo! the poor Indian, whofe untutor❜d mind
Sees God in clouds, or hears him in the wind;
His foul, proud Science never taught to ftray
Far as the Solar walk, or Milky way:

Yet fimple Nature to his hope has giv'n
Behind the cloud-topt hill, an humbler heav'n,
Some fafer world, in depht of woods embrac'd,
Some happier Island in the watry waste,
Where Slaves once more their native land behold,
No Fiends torment, no Chriftians thirst for Gold.
To be, contents his natural defire,

He afks no Angel's wing, nor Seraph's fire,
But thinks, admitted to that equal Sky',
His faithful dog fhall bear him company.
Go, rifer thou! and in thy fcale of fenfe
Weigh thy Opinion against Providence :
Call Imperfection what thou fancy'st fuch;
Say, here he gives too little, there too much;
Defiroy all Creatures for thy Sport or guft,
Yet cry, if Man's unhappy, God's unjust,

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HOMME fois donc humble dans tes efpérances, & ne prend point d'effor qu'avec crainte. Dans l'attente des inftructions de la mort, ce grand Maître des humains, adore Dieu. Il ne te fait point connoître quel fera ton bonheur futur, mais il te donne l'efpérance pour être ton bonheur préfent. Une espérance éternelle fleurit dans le cœur de P'Homme; il n'eft jamais heureux, il doit toujours l'être. L'ame inquiete & bornée à elle-même, fe repofe & fe promene dans les idées d'une vie à venir.

OBSERVEZ ce pauvre Indien dont l'efprit fans culture voit Dieu dans les nuées, ou l'entend dans le vent. Une fcience orgueilleuse n'aprit point à fon ame à s'élever auffi haut que l'orbe du Soleil, ou que la voye lactée. Cependant la fimple nature ne l'a pas laiffé dénué d'efpérance; plus humble, il fe figure un Ciel au delà d'une montagne dont les nuages lui dérobent le fommet, un monde moins dangereux dans l'épaiffeur des forêts, quelque isle plus heureufe fituée au milieu de l'Océan, où les efclaves retrouveront leur pays natal, où ils n'apréhenderont nul démon qui les tourmente, nul Chrétien dévoré de la foif infatiable de l'or. Exifter, fatisfait fes défirs naturels; il ne fouhaite ni les aîles des Anges, ni le feu des Séraphins ; mais il croit que fon chien fidèle, admis dans un Ciel égal à tous, lui tiendra compagnie. Toi donc, qui es Impieté de plus habile, pese dans les balances de ta raison ton nion contre la Providence; appelle imperfection ce tu t'imagines tel: Dis, ici Dieu donne trop, là il donne trop peu; Détruis toutes les créatures pour ton goût

Bij

l'Homme

opi- qui veut que juftice ou

juger de la

tice des

de l'injuf

ions de

difpenfa

Dieu.

L'orgueil eft la cause

de l'Hom

me & de

fa mifere.

ou pour ton plaifir; & crie cependant, fi l'homme feul n'occupe pas tous les foins d'enhaut, s'il n'eft pas le feul être parfait ici-bas, immortel dans le Ciel, Dieu eft injufte; arrache de fes mains la balance & le fceptre; juge la justice même, & fois le Dieu de DIEU.

Nos erreurs ont leur fource dans les raifonnemens de des erreurs l'orgueil. On fort de fa sphere & l'on s'élance vers les Cieux. L'orgueil a toujours en vue les demeures céleftes : les Hommes voudroient être des Anges, & les Anges des Dieux. Si les Anges qui ont afpiré à être Dieux font tombés, les Hommes qui afpirent à être Anges, fe rendent coupables de rebellion. Qui ofe feulement fouhaiter de renverfer les loix de l'ordre, peche contre la cause éternelle.

Abfurdité

de s'eftimer l'objet

final de la

création ;

QUE l'on demande pour quelle fin brillent les corps celeftes? Pourquoi la terre exifte? L'orgueil répond; "c'est » pour moi. Pour moi, la nature libérale éveille fes puif& de vou- "" fances productrices, fait germer l'herbe & épanouir les fleurs. Pour moi, le raifin renouvelle chaque année fon nectar délicieux; & la rofe fes fraîcheurs odoriférantes. Pour moi, la mine enfante mille tréfors. Pour moi, la le monde fanté découle de mille fources; les mers roulent leurs phyfique,

loir dans
le monde
moral une
perfection "
qui n'eft

point dans >>

& qui ne

peut être

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ondes pour me tranfporter: le foleil fe leve pour m'édans les clairer; la terre eft mon marchepié, & le Ciel eft

chofes

créées.

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MAIS la nature ne s'écarte-t-elle point de fa bonté & de fa fin, lorfqu'un Soleil brûlant darde des rayons mortels; lorfque des tremblemens de terre engloutissent des villes, & que des inondations fubmergent des peu, ples entiers ? "Non, répondra - t - on : “la premiere

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