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où la production des bestiaux est presque nulle, les droits d'octroi sont généralement moins élevés qu'à Nantes, et que le prix de la viande y est à peu de chose près le même; sauf Aix, où le prix du veau s'élève à 2 fr. 20 c. le kilogramme, en raison de sa rareté.

M. Bertrand-Geslin dit avoir rencontré près de Digne des troupeaux de moutons s'élévant à 11,000 têtes, et descendant des Alpes par bandes de 3,000.

DES DROITS D'OCTROI.

L'examen de la consommation de la viande de boucherie nous conduit tout naturellement à nous occuper du tarif des droits d'octroi. Nous avons vu que le droit d'entrée des bestiaux à Nantes est depuis longues années, et probablement. depuis l'organisation, même de l'octroi, établi par tête de bétail pour tous les animaux vivants, et, au poids, seulement pour la viande morte apportée sur nos marchés. Ce tarif a subi diverses modifications et s'est élevé progressivement de 15 fr. à 25 francs pour les boeufs et les vaches; de 1 fr. 75 c. à 3 fr. pour les veaux ; de 0,85 c. à 1 fr. 50 c. pour les moutons ;

de 4 fr. à 8 fr. pour les porcs; enfin, de 0,08 c. à 0,15 c. le kilogramme pour la viande morte, dite viande dépecée. Depuis vingt ans, ce droit n'a éprouvé aucune variation.

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Une grave question s'agite en ce moment, c'est celle de savoir si au mode actuel on doit substituer la perception au poids. Ce projet, défendu par les hommes les plus versés dans la science économique, trouve cependant quelques contradicteurs; et peut-être ses avantages, comme ses inconvénients, n'ont-ils pas été suffisamment appréciés dans toutes les localités. En abordant ce sujet, nous n'avons nullement l'intention de discuter les puissants motifs que l'on a fait valoir de part et d'autre ; nous ne voulons que présenter quelques considérations tirées de l'intérêt même de notre agriculture, tel du moins que nous l'envisageons, sans rien préjuger de la solution de cet important débat. Nous nous bornerons donc à l'examen des propositions sui

vantes :

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« Le droit d'octroi au poids sera-t-il favorable à l'édu»cation d'un plus grand nombre de bestiaux dans notre département ?

» Sera-t-il avantageux ou nuisible à notre agricul»ture ?»>

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La plupart des hommes recommandables qui ont manifesté une opinion favorable au changement du mode de perception du droit, ne se sont préoccupés que de cette idée « Les bestiaux de petite race ne pouvant, » en raison de leur poids plus minime, entrer en con»currence avec ceux de grande race, il y a découra»gement chez les éleveurs de la petite race. »

Dans notre opinion, cette idée repose sur une fausse base, et nous ne croyons pas au découragement dont on parle. Mais existât-il, nous ne pensons pas qu'on doive lui assigner pour cause le droit d'octroi perçu par tête; la véritable cause est la difficulté qu'épouve dans l'état actuel de notre agriculture l'immense majorité des cultivateurs de notre pays d'élever et d'engraisser des bestiaux propres à la boucherie. Ce qui leur manque, c'est un bon systême alimentaire, ce sont les gras pâturages, ou, à défaut, les prairies artificielles et la culture développée des plantes à racines alimentaires. Qu'ils se créent ces ressources, et bientôt ils rivaliseront avec les éleveurs de la rive gauche de la Loire, sans craindre de présenter sur nos marchés des bestiaux d'un poids inférieur. Qu'ils nous soit permis de citer quelques faits pour appuyer cette opinion: les cantons d'Aigrefeuille, de Clisson, de Saint-Philbert et de Vallet ne possèdent pas de pâturages comme ceux de Machecoul, du Pellerin et de Vertou ; les bœufs qui en proviennent sont donc des boeufs de crèches, et cependant ces bœufs sont estimés presque à l'égal de ceux de l'Anjou et du Poitou; ils en ont la taille et la pesanteur. Ces bœufs de crèches sont beaucoup plus estimés que ceux de marais d'une taille plus élevée, mais dont la chair est inférieure en qualité. Sur la rive droite, nous avons les bœufs des cantons de Carquefou, de Saint-Etienne-de-MontLuc; des communes de Couëron, de- Cordemais et de Bouée, élevés dans les prairies et les îles de la Loire, ainsi que sur les bords de l'Erdre, qui ne le cèdent en rien encore à ceux de la rive gauche; avançons dans

les terres où les pâturages cessent, mais où la culture des prairies artificielles a pris de l'extension, nous commençons à trouver des bestiaux de la même nature. Telles sont les communes de Blain, de Fay, dans lesquelles la race des bestiaux s'est élevée en raison des modifications apportées dans le systême alimentaire. Nous pourrions citer un bien plus grand nombre d'exemples. Par opposition, si nous jetons un regard sur les communes où la routine de l'assolement triennal avec jachères s'est perpétuée sans que presque aucunes améliorations aient été opérées, nous reconnaîtrons qu'alors il existe une énorme différence dans la nature des bestiaux, qui sont chétifs et dont le poids et la taille sont de beaucoup inférieurs aux premiers. Ce fait même est reconnu par l'au teur d'une brochure intitulée : « De la Viande de bou» cherie et de la taxe des bestiaux à Nantes, » lorsqu'il dit, page 10: « La plus grande partie du dépar»tement, notamment les arrondissements de Sayenay, » de Châteaubriant et d'Ancenis, et tout le reste de la >> Bretagne sont peuplés de bestiaux de petite taille et » qu'on appelle communément race bretonne. Cette race » s'élève progressivement et s'améliore comme le sol » qui la nourrit. » Croit-on que le changement de perception du droit d'octroi fera que les bestiaux de ces localités arriérées s'amélioreront ? Non, sans doute, parce que là où une bonne nourriture manque, on ne fera jamais de bons bestiaux. Comment, à plus forte raison, en élèvera-t-on un plus grand nombre, si déjà on ne peut nourrir convenablement ceux que l'on possède ?

Je vais plus loin, et je dis qu'il est à craindre que ce

nombre au lieu d'augmenter ne diminue: la certitude de trouver un débouché pour des bestiaux qui, dans l'état actuel, sont rejetés de nos marchés, fera que beaucoup de cultivateurs vendront, durant l'hiver et lorsque les provisions 'de fourrage ordinaire viendront à manquer, des bestiaux qu'ils sont aujourd'hui forcés de conserver. Le prix de ces bestiaux se trouvera consommé quand viendra l'époque où la nourriture sera plus abondante et tel fermier qui aurait eu quatre vaches par exemple, n'en aura plus que deux ou au plus trois. Ce n'est pas là une vaine supposition, c'est une vérité malheureusement trop exacté et qui-sera comprise par tous les hommes non étrangers aux mœurs des habitants de nos campagnes.

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Nous avons vu que la rive droite de la Loire fournit à elle seule la majeure partie des veaux consommés à Nantes. Il ne faut pas en chercher la cause ailleurs que dans l'impossibilité d'élever', fautè de nourriture suffisante, ou dans la préférence donnée à l'éducation et à l'entretien des vaches laitières. Admettons que, par suite de la perception projetée du droit d'octroi au poids, les cultivateurs se déterminent à élever les veaux qu'ils livrent maintenant à la consommation, qu'en résultera-til? Que, pendant une année peut-être, les veaux deviendront très-rares sur nos marchés et qu'ensuite il y aura tout-à-coup, et aussi pour un laps de temps trèscourt, surabondance de grosse viande de très-mauvaise qualité, parce que ces animaux n'auront pas été suffisamment nourris. Nous partagerions l'opinion de l'auteur de la brochure déjà citée, sur la honne qualité de la chair

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