Page images
PDF
EPUB

quatre pressoirs, plusieurs maisons de campagne. Linière au passage de Sautron, les Croix sur une colline, la Grande-Noë, de son élévation, dominant les alentours; la Thomasière, à mi-côte, le Fief, près d'un étang, la Trouric, sur la lisière d'une lande, le Boisthoreau (1), dans une coulée, et les moulins l'Évêque, au fond d'un vallon, aux rives du Cens, chute d'eau de 4 mètres, filature qui mérite d'attirer l'attention des industriels (2).

Un maire, un adjoint et dix conseillers composent la municipalité. Cette administration, depuis 2 ans, s'est occupée activement des réparations de chemins vicinaux et de la construction de deux ponts; elle a fondé un bureau de bienfaisance et des ateliers de charité pour les manouvriers restés sans travail pendant l'hiver (3).

L'école primaire commence à faire des progrès, 30 élèves, non compris les indigents, suivent les cours de l'instituteur.

La liste des électeurs contient 4 électeurs d'arrondissement, 10 électeurs de canton, et 95 électeurs communaux. Le cens est de 18 fr. 65 c. pour ces derniers.

(1) Le vieux manoir a été démoli, et, sur les roines, on a bâti une maison simple d'architecture, mais d'un aspect gracieux. Ce domaine a fait quelques progrès en agriculture sous la direction de M. Vignard.

(2) Cette chute d'eau a servi successivement à la papeterie, à la foulonnerie, à la mégisserie et à la monture des blés.

(3) L'administration communale, continuellement arrêtée dans sa marche par les scissions au sein du conseil et les coteries de villages, fomentées par de mystérieuses influences, n'a pu remplir qu'une faible partie de la tâche qu'elle s'était promise.

Les revenus de la commune montent à 205 fr. Les contributions foncières et mobilières, y compris les portes et fenêtres et les patentes, s'élèvent à 5,955 fr. 89 c. pour un revenu évalué 23,915 fr.

Sautron sert de résidence à une brigade de gendarmerie à cheval composée de cinq hommes.

La fête patronale a lieu le 1. mai, et la foire le lendemain (1).

1

[merged small][ocr errors]

On ne peut rien avancer de positif sur l'époque de la fondation de Sautron, bien que plusieurs marques archéologiques indiquent une origine fort ancienne, et peutêtre antérieure à la conquête des Romains. Saultron ou Soultron (2) semble tirer son étimologie de deux racines celtiques, sultrun, sul soleil et run, ou trun, éminence entourée de sources. En effet, Santron est construit sur une éminence élevée de 25 ou 30 mètres au-dessus des eaux de la rivière de Chésine, au midi, et de la rivière du Cens, au Nord. Cette éminence dépasse de 66 mètres (mesure barométrique) le niveau de la Loire. Sautron, par sa désinence, indique un nom celtique. A l'appui de cette opinion on peut ajouter que Sautron,

(1) Un vieux pouillé, manuscrit, du diocèse de Nantes, fixe la fête de Saint-Jacques, patron de Sautron, au 25 juillet. On ignore la cause de ce changement: pouillé de l'archevé de Tours.

(2) Orthographe des titres du xv. et du xvi.e siècle.

entouré jadis d'une vaste forêt, a servi au culte des Celtes, puisque, en 1831, on voyait encore, à la descente de Sautron, plusieurs pierres, débris de monuments druidiques; un énorme dolmen, pierre ronde, d'un diamètre de 2 mètres, trois autres pierres longues de deux mètres, peulvens plats, qui, appuyées à la file, la ronde au milieu, sur de gros rochers, formaient un pont rustique sur la rivière du Cens, au licu nommé le pont de l'Arguillère.

Ce n'est que dans le VI. siècle que l'on commença la destruction des forêts qui couvraient la majeure partie de la Bretagne. Ce fait est prouvé par les historiens de la province (1). C'est dans ce temps, époque remarquable de l'épiscopat de Saint-Félix, que les Hermites et les Prédicateurs des doctrines évangéliques quittèrent les villes pour se répandre çà et là dans les champs, afin de convertir au christianisme, les populations habituées au séjour ténébreux des forêts, où elles conservaient-les principes du druidisme, et pratiquaient encore leurs affreux sacrifices. Du VI.e au VIIe siècle. eurent lien l'établissement des diverses paroisses sur la rive droite de la Loire (2), et peut-être de Sautron. Cependant les historiens ne nous parlent de Sautron qu'en 1025, au sujet

(1) Statistique du département de la Loire Inférieure, par Huet de Coetlizan, Nantes, 1800,

(2) Cambon en 560; Besné en 575; Le Croisic en 600; La BasseIndre en 630; Saint-Herblain en 720; Orvault en 850; Guerande en 448; Donges en 396; Cordemais en 370. Montoir et Coueron surtout vont se perdre dans la nuit des temps.

de la forêt (1). Ils rapportent, en 1038, que Budic, comte de Nantes, et Adoë, son épouse, donnèrent à Tetburgis, abbesse du monastère de Sainte-Marie-de-laCharité, à Angers, le domaine de Boisgarand, Donavimus Boisgragunderam qui est inter Oisraldum et Vigno super aquam Alsentiæ cum cultis et incultis sylvis et pratis (2). Malgré la précision de ces deux, dates, si l'on compare les formes de construction des maisons du grand village de Bongarand aux constructions du VI.. et VII. siècle, on ne distingue réellement qu'une fort légère différence. C'est à cette époque reculée qu'on peut assigner la construction du manoir de Boisthoreau et des murs du parc, rendez-vous de chasse avec chenil et équipage, établi par les dues de Bretagne, près de la forêt de Sautron. Cette forêt servait alors de refuge à la grosse bête et s'étendait, depuis les murs de Nantes, jusque sur les communes de Saint-Herblain, Couëron, Sautron, Orvault et Treillières. Un autre pavillon, également rendez-vous de chasse, existe encore, (mais la construc. tion est plus récente), rue des Hauts-Pavés, n.o 19, II n‚o est construit en pierres de granit, avec deux tourelles portant des écussons à demi effacés.

ཝཱ་

Derrière, et à quelque distance, avait été érigée une chapelle (cimetière de Miséricorde), sous l'invocation de

[ocr errors]

(1) Travers, Histoire de Nantes, page 73, manuscrit déposé à la bibliothèque de Nantes. Histoire de Nantes, par M. Guépin. Nantes au XV IX. Siècle, pár MM. Bonamy et Guépin.

е

(2) Histoire de Bretagne, par Dom Lobineau, tome 2, preu, page 112.

ves

la Vierge, pour perpétuer, porte la tradition, l'action d'un jeune Nantais qui tua une bête féroce réfugiée dans cette partie de la forêt, où ses ravages avaient été funestes aux habitants et aux voyageurs (1).

François II, dernier duc de Bretagne, décédé le 8 septembre 1488, au château de Gazoire, en Couëron, après une chute de cheval, étant, dit-on, à la chasse en la forêt de Sautron, fit édifier en 1464, à Bongarand, une chapelle, monument en granit, entouré d'un cimetière, qu'il dédia à la Vierge, sous l'invocation de Notre-Dame de Bongarand (2). Cette construction, belle par sa simplicité, se fait remarquer par les peintures des vitraux et un lambris à plein cintre dont les couleurs sont bien conservées, quoique un peu ternies. Cette chapelle, objet de vénération dans les alentours, maintenant comme autrefois, continue d'être le but de nombreux pélerinages.

Le fief de Sautron (3) relevait de la seigneurie d'Aindre et fut vendu, en 1274, selon les uns, par Emery d'Aveir, seigneur d'Aindre et de la Fosse, à messire Guillaume de Verne, évêque de Nantes; et, selon d'autres, il fut extorqué à ce vassal par un procès injuste que lui intenta son suzerain. Depuis il est resté annexé au do

(1) Annales de Nantes, par Meuret, 1837, fome 1, page 95. (2) Ogée, Dictionnaire géographique et historique de Bretagne, tome 4.o, page 403. 1.re édition.

(3) Leboyer, Notice sur le département de la Loire-Infé rieure, 1832, tome 2, page 390.

« PreviousContinue »