>> heur se trouve renfermé dans un espace étroit; que » dis-je, le ciel semble descendu sur la terre. Ce lieu »fortuné est le jardin des délices. Le suprême archi With mazy error under pendent shades, Ran nectar, visiting each plant, and fed Groves whose rich trees wept od’rous gums and balm, If true, here only, and of delicious taste : Led on th' eternal spring. (Paradis Perdu, liv. 4.) >>tecte en a dessiné les contours; c'est lui qui l'a placé » dans les campagnes d'Eden, d'Eden qui s'étend de puis les frontières orientales d'Aaran jusqu'aux lieux » où les rois de la Grèce élevèrent les tours royales de » Séleucie, et jusqu'à Télassar, où long-temps aupara>> vant habitaient les enfants d'Eden: telles sont les » contrées délicieuses où la main du Tout-Puissant a » tracé ces jardins mille fois plus délicieux encore. » Du sein de leur sol fertile s'élève un bois d'arbres » rares et précieux dont les vastes productions offrent >> tout ce qui peut charmer la vue, le goût et l'odorat'; >> au milieu de ces arbres croît l'arbre de vie dont les >> fruits, semblables à l'or qui végète, répandent une >> odeur divine d'ambroisie. » Du côté du midi, au milieu d'une plaine riante et » fertile, un fleuve majestueux promène ses ondes ar» gentées, et, sans les détourner, court s'ensevelir sous » les flancs obscurs de la colline; la main de l'éternel » lui-même a posé sur ce rapide torrent les fondements » de cette montagne, afin que le jardin des délices do» minât sur les régions voisines; mais l'onde, aspirée par >> des routes secrètes, cède aux désir de la terre altérée, » et, s'élevant dans ses veines, jaillit en fontaine pure et >> limpide. Là, mille ruisseaux divers s'échappent de » son sein, s'égarent à travers les bosquets et les fleurs, » puis, réunissant leurs eaux en un vaste bassin, se >> précipitent tous ensemble en brillantes cascades au pied de la montagne. Échappé de ses obscures re>> traites, le fleuve reparaît avec majesté et se partage » en quatre rivières. » Je n'entreprendrai point de décrire les vastes con>>trées et les puissants empires qu'elles enrichissent du » tribut de leurs ondes. Ma muse préfère les bords de >> cette fontaine de saphir dont les flots se promènent » sur un sable d'or et de perles d'Orient; et si les ri>> chesses du langage me fournissent des expressions dignes de mon sujet, j'essaierai de décrire le cours de » ces limpides rameaux qui s'égarent sous les ombrages épais, se jouent en mille détours, et vont abreuver » de leur nectar des plantes et des fleurs dignes du lieu » fortuné qui les voit naître, fleurs brillantes et innom>> brables; l'art ne les a pas distribuées en dessins ré>> -guliers et en nœuds symétriques; mais la main libé>> rale de la nature les a répandues partout avec une » égale profusion : les vallons, les plaines, le frais bos» quet impénétrable à tous les feux du midi, les col»lines éclairées par les rayons naissants du jour, en sont » également enrichis. » Mille scènes variées ajoutent encore à la beauté de » cet Élysée terrestre: ici des arbres chargés de tré»sors précieux distillent en larmes odoriférantes le >> baume et la myrrhe. Là, suspendus à leurs brillants » rameaux, des fruits d'or végétal étalent la richesse de » leur robe, répandent les délices de leurs parfums. Si » les jardins des Hespérides ont eu quelque réalité, » c'est ici qu'ils ont existé. Tout ce qui peut flatter » l'œil s'y trouve réuni: des coteaux fleuris; des groupes » de palmiers; des plaines émaillées sur lesquelles les » troupeaux paissent l'herbe tendre des vallons humides » parés de mille fleurs, parmi lesquelles croissent les » roses sans épines; se mêlent à ces scènes délicieuses. » Plus loin, des grottes toujours fraîches appellent au » repos; autour d'elles, une vigne souple étend comme » un manteau de pourpre ses rameaux féconds chargés » de pampres et de fruits, des fontaines coulant avec un doux murmure se dispersent et tombent en cas» cades le long des collines, ou se réunissent dans un >> bassin dont l'onde se déploie en miroir liquide et ré» fléchit les myrthes et la frange des mousses qui cou>> ronnent ses bords. Le chant des oiseaux forme un >> concert mélodieux ; les zéphyrs, parfumés des vapeurs » odorantes des bosquets et des fleurs, murmurent à » travers le feuillage, tandis que le génie de la nature, » donnant la main aux grâces et aux heures légères, » conduit en cadence leurs danses gracieuses, et mène » à sa suite l'aimable printemps, l'hôte éternel de ces >> lieux. >> Personne ne peut nier la beauté irrégulière de ce lieu, c'est-à-dire de ce jardin de la nature. La description des jardins d'Armide, qui précède d'un siècle la description du paradis de Milton, est beaucoup plus courte. Néanmoins, on y trouve encore mieux exprimée la forme du moderne jardin anglais (1). (1) Poichè lasciar gli avviluppati calli, Fior vari, e varie piante, erbe diverse, Selve, e spelonche in una vista offerse: « A travers mille tortueux sentiers, les deux guer>> riers arrivent enfin au jardin enchanté; il offre à leur » vue des eaux dormantes et des ruisseaux qui roulent » sur un sable d'argent leur mobile cristal, des fleurs, >> des arbustes, des gazons, des côteaux que le soleil » dore de sa lumière, des vallons que couvre un om» brage délicieux, des grottes et des forêts d'une éter» nelle verdure; l'art qui créa ces beautés y ajoute » encore par les soins qu'il prend de s'y cacher. >> (Traduction de Lebrun, livre 16). Ce sont des laes, des ruisseaux, des fleurs de diverses sortes, des gazons et des arbres, non en des vases, ni avec symétrie, ni en ligne droite, mais un beau désordre de la nature, et puis de riantes collines formant un agréable contraste avec de sombres vallons, le silence des bois et l'obscurité des cavernes, unis à l'aspect gracieux des autres scènes, sur une immensité prodigieuse de terrain; enfin se termine, avec l'octave, la description, pour ainsi dire, du jardin anglais, êt l'art qui a formé cet ensemble, on le cherche partout, et il ne paraît nulle part. Le Tasse ajoute ensuite avec une précision beaucoup plus grande (1): « A l'heureux désordre qui » règne en ces lieux, on croirait qu'ils doivent tout à (1) E quel, che il bello e il caro accresce all'opre, Stimi (si misto il culto è col negletto) |