Page images
PDF
EPUB

soluc? L'année entière étant de cinquante-deux semaines plus un jour ou deux, on l'a partagée en quatre temps.ou quatre intervalles, chacun de treize semaines. Cette division est facile, lorsque Pâques tombé au 25 d'avril, et cela est déjà arrivé deux fois depuis la réforme grégorienne. Dans ces deux années, les quatre mercredis ont été les 17 mars, 16 juin, 15 septembre, 15 décembre, Dans toutes les autres années, il a été impossible de mettre l'intervalle de treize semaines entre le deuxième et le troisième mercredi; mais on l'a maintenu du premier au deuxième, et l'on pouvait, peut-être même que l'on devait le maintenir du troisième au quatrième, en prenant le mercredi de septembre d'après l'exaltation.de la Sainte-Croix, ou du jour même de cette fête. Faute d'avoir adopté cette dernière interprétation, il en est résulté deux inconvenances; l'une, que le samedi de septembre n'appartient pas à la même saison que le mercredi; l'autre, qu'il n'y a que douze semaines entre le mercredi de septembre et le mercredi de décembre.

L'ère chrétienne remonte au samedi 1er janvier de la 46. année julienne, 44 ans après l'année de la mort de Jules César.

On l'appelle quelquefois ère vulgaire; ce qui veut dire que, quoique adoptée par le vulgaire, elle n'a cepéndant jamais été un artícle de croyance. On voit dans Grégoire, de Tours, que l'ère chrétienne n'était pas comptée sous la première race comme elle l'a été depuis le commencement de la deuxième, depuis l'an 742, époque de la mort de Charles Martel.

Lorsque Duguesclin, avec son armée, entra en Es

pagne, il fut fort étonné d'avoir vieilli de 38 ans en traversant les Pyrénées. Grande dispute à ce sujet entre les Espagnols et les Français. Enfin, les Espagnols consentirent à retrancher 38 ans à leur ère chrétienne ; et ce changement fut dû à un soldat breton qui ne savait pas même lire.

Quoi qu'il en soit, l'ère chrétienne a le double avantage d'être générale dans l'occident de l'Europe et de servir admirablement bien à séparer les temps anciens des temps modernes. Ainsi on dit: Homère vivait neuf ou dix siècles avant l'ère chrétienne; et l'élévation de Charlemagne à l'empire correspond à l'an 800 de l'ère chrétienne.

L'opinion qui place la création du monde quatre mille années grégoriennes avant l'ère chrétienne, outre qu'elle diffère peu des calculs de La Vulgate, a plusieurs avantages du côté de l'astronomie; c'est d'abord, qu'elle contient un nombre exact de jours et même de semaines ; d'ailleurs, quatre mille ans avant l'ère chrétienne, le périgée et l'apogée du soleil tombaient sur les équinoxes, de manière que le soleil était autant de jours au sud qu'au nord de l'équateur, au lieu qu'à présent il est sept jours de plus dans l'hémisphère boréal que dans l'hémisphère austral; ce qui fait une inégalité d'une semaine; et c'est peut-être la cause pour laquelle il y a plus de glaces vers le pôle sud que vers le pôle nord.

La période julienne a été inventée pour servir à la chronologie. Elle a été adoptée par beaucoup de gens, précisément parce qu'ils n'y comprenaient rien. Elle n'est fondée sur aucun événement historique ni sur une éclipse. C'est-à-dire qu'elle n'a point de base. Si, des

trois facteurs qui la composent, il y en a deux qui ont. quelque rapport avec l'astronomic, on doit remarquer qu'ils deviennent irréguliers plusieurs fois dans l'intervalle de mille ans; de sorte qu'au lieu d'éclairer l'histoire. par lá période julienne, il faut, au contraire, éclairer la période julienne par l'histoire.

Le nombre d'or et l'épacte ont été de quelque prix, tant qu'on n'a pas eu de meilleur moyen pour trouver l'âge de la lune; mais, depuis qu'à l'aide des télescopes on a rapproché les astres, et que l'on a trouvé des méthodes incomparablement plus faciles pour les calculs astronomiques, l'épacte ́ et le nombre d'or ne sont plus que des vieilleries, bonnes tout au plus pour ceux qui, parmi nous, n'ont reçu qu'une faible instruction primaire.

Le cycle solaire même n'est plus infaillible, depuis la réforme grégorienne. En effet, la suppression d'un jour bissextile en 1700, d'un autre en 1800, l'a déjà fait mentir deux fois, et il mentira une troisième fois en 1900.

A quoi bon aussi l'ère de Nabonassar, les Olympiades et les années de la fondation de Rome selon Varron? On voit dans Tite-Live et Salluste que cette supputation n'était pas généralement admise. Et Suetone nous apprend que l'empereur Auguste lui-même n'admettait pas les calculs de Varron. Quand aux olympiades des Grecs, comme elles se rattachaient au culte de l'idolâtrie, elles ont disparu avec ce culte, vers le temps de Théodose le jeune. Enfin, l'ère de Nabonassar, portée de Babylone à Alexandrie, n'a aucun rapport astronomique ni historique avec l'état actuel de l'Europe.

i

A la vérité, on ne peut pas mettre dans l'almanach de la ville de Nantes l'époque de sa fondation, puisqu'elle est inconnue mais on pourrait bien y marquer que l'histoire des Nantais remonte à l'an 52 avant l'ère chrétienne, année où les Vannetais s'associèrent les Nantais pour résister à Jules César.

Le nombre des années du règne actuel a toujours été réputé nécessaire dans tout almanach. D'une part, c'est une sorte d'hommage au prince qui gouverne; et, d'autre part, c'est un avis aux gouvernés du respect qu'ils lui doivent, en échange de la protection par laquelle il maintient chacun dans ses droits.

Il faut bien dire un mot sur l'éclipse du 8 juillet prochain. Elle sera totale à Montpellier pendant à peu près deux minutes. A Nantes, il restera an soleil un croissant du douzième de sa largeur. Commencement, un peu après 5 heures du matin; milieu, vers. 6 heures; fin ayant 7 heures. Elle ne sera point vue par les paresseux qui craindront de se lever trop matin.

On ne devine guère pourquoi l'on a mis dans les almanachs les cinq petites planètes découvertes depuis un pen plus de soixante ans. Il n'est pas possible de les apercevoir à la vue simple. D'ailleurs, elles sont moins utiles que les quatre satellites de Jupiter, que cependant on n'a pas jugé à propos de mettre ailleurs que dans les almanachs de la marine.

Il ne reste plus qu'à parler du temps moyen. Qu'est-ce que c'est d'abord que le temps moyen? A qui est-il utile? en quel cas, inutile ou même gênant?

Les montres marines sont réglées sur le mouvement

journalier des étoiles fixès, qui est uniforme durant toute l'année; au lieu que par l'effet du mouvement du soleil, le mois de mars est plus court de 23 minutes que le mois de décembre, et septembre plus court que juin de 16 minutes.

C'est afin de corriger cette inégalité, que l'on a formé la colonne de l'équation du temps, qui est additive au temps vrai pendant 185 jours, et soustractivé le reste de l'année.

Outre la cherté des montres marines, qui ne permettra jamais qu'elles deviennent la millième partie des montres ordinaires, elles ont toutes le défaut de s'écarter du temps moyen de 15 à 20 secondes, plus ou moins, par 24 heures; c'est-à-dire autant ou plus que le jour vrai marqué par le soleil.

De sorte que, pour tirer parti d'une montre marine ou garde temps, il faut avoir fait une étude particulière de sa marche par des observations suivies, et renouveler cette étude au moins une fois par mois. Toutes choses dont sont très-capables les officiers de la marine; mais hors de la portée de leurs matelots, et à plus forte raison de tout ce qui n'est pas marin.

Quant aux horloges publiques des villes, on peut croire qu'il n'est pas possible de les assujétir toutes à un modèle unique quelconque, lorsque l'on entend dire à un astronome de Paris, en observation aux thermes de Julien, qu'il a compté une fois 4 heures du matin à 42 horloges différentes. Ce qui suppose un intervalle de 7 ou 8 minutes au moins entre la première et la dernière des horloges qui ont sonné 4 heures; et cela dans la ville du

« PreviousContinue »