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Pour répondre à une demande faite par M. le duc de Caze, sur les noms, la nature et l'origine des vignes dans notre département, la Section d'Agriculture a dû se livrer à quelques recherches, dont les principales ont encore été opérées par M. Chaillou: il nous a rappelé que, suivant M. Grélier, ancien président de la Section d'Agriculture, le gros-plant, dit Rochelle, paraît avoir été importé du département de la Charente-Inférieure. Le muscadet à grains rouges est originaire de la Bourgogne et fut donné au duc François II qui le fit planter dans son domaine de Berligou, M. Robineau de Bougon a importé de Florence le raisin dit alcatino, dont il a essayé sans succès la culture dans la commune de Bouguenais. Enfin, nous devons à M. Hectot l'introduction de la vigne de Malvoisie, dont la culture commence à prendre un très-grand développement, et M. Bessard-Duparc, propriétaire dans la commune de Sautron, a soumis à la Section d'Agriculture des échantillons du via provenant de ce raisin...

Sur la demande de M. Chaillou, une Commission avait été chargée de rechercher quel est le meilleur systême de pressoir à vin. M. Bertrand-Geslin, l'un des membres de cette Commission, a donné lecture d'une lettre écrite par un simple paysan de Monnières, qui renferme des détails assez curieux sur un pressoir en-usage dans les environs de Belleville-sur-Saône, et nommé le pressoir troyen, à cause de son origine. Cet instrument paraît offrir des avantages que ne possèdent pas les pressoirs de notre pays.

§. IX.

VARIÉTÉS.

Nous avons réuni, sous ce titre, plusieurs documents intéressants qui ont fixé l'attention de la Section d'Agriculture: M. Moisan a recherché quel's signés caractéristiques pouvaient servir à distinguer les violiers qui doivent porter des fleurs doubles; Texpérience lui a démontré que les boutons à fleurs qui cèdent à une pression legère, comme s'ils étaient remplis de coton, annoncent devoir dopner naissance à des fleurs doubles, lorsque ceux qui résistent à cette pression ne produisent que des fleurs simples.

Un phénomène de végétation extraordinaire a été présenté par M. Desvaux des pommes de terre nouvelles se sont formées dans le sein de tubercules plus anciens, et ont apparu par la rupture que leur développement a opérée dans le tégument extérieur. M. Desvaux a vainement cherché à s'expliquer comment le germe s'était ainsi développé intérieurement, contrairement aux loist ordinaires de la végétation. Up membre a dit que cet effet lui semblait avoir pour cause l'action de la lumière, qui, frappant immédiatement certains germes, arrête leur accroissement dans le sens naturel, et les durcit en fixant le carbone. Quelle que soit la cause de ce phénomène, il a paru à la Section d'Agriculture mériter un examen sérieux de la part des hommes qui se livrent à l'étude de la physiologie végétale.

Deux agronomes de Brest, MM. Charles Paillard et

Bernard, ont eu la prétention de faire une révolution complète dans les procédés admis en agriculture depuis l'origine du monde. Suivant leur systême, il n'y aurait plus besoin ni de labourer la terre ni de la fertiliser par des engrais. Les détritus seuls des végétaux produits une année serviraient à faire croître, l'année suivante, les végétaux de même espèce. Cette doctrine, quelque étrange qu'elle paraisse, quelque impossible qu'elle soit dans l'exécution, a néanmoins rencontré des partisans parmi les agronomes, et des prôneurs dans certains journaux. La Section d'Agriculture a tout d'abord manifesté l'incrédulité la plus absolue, non pas sur le principe, puisqu'il est démontré que tous les débris des végétaux peuvent se convertir en humus, et conséquemment devenir propres à développer la végétation, mais sur l'application que MM. Paillard et Bernard semblent vouloir en faire à la grande culture. Cependant, pour ne pas s'exposer au reproche de légèreté, l'un des membres de la Section d'Agriculture, M. Lamaignère; a.. bien voulu faire lui-même l'expérience du procédé Paillard. Lorsque les résultats nous seront connus, nous en rendrons compte à la Société Académique.

Il nous reste à vous parler, Messieurs, de l'organisation des comices agricoles, qui intéresse au plus haut degré l'industrie que, d'une voix unanime, on se plaît à nommer le premier des arts, et qui acquiert, de jour en jour, plus d'importance. Cependant, chose étrange peutêtre le goût des améliorations, quí, de nos jours, a fait des progrès si rapides, si étonnants dans les autres branches de l'industrie française, n'a pas acquis le même

développement dans l'agriculture. Il est très-vrai, comme l'a dit, dans une autre circonstance, M. Chaillou, «Que l'atelier est placé généralement dans des conditions beaucoup plus avantageuses que la ferme, relativement à la facilité des progrès. » Mais cette différence doit être, selon nous, un des motifs les plus puissants pour stimuler le zèle des amis du pays à aplanir les difficultés qui s'opposent aux améliorations agricoles. Le problême sera résolu, dès que nous aurons une organisation de laquelle naîtront des rapports fréquents et directs entre les agronomes et les cultivateurs proprement dits. L'association entre les hommes de théorie et les hommes livrés à la pratique journalière de l'agriculture, fera disparaître ces préventions. fâcheuses et quelquefois trop fondées qui éloignent l'homme des champs de toute idée d'innovation. Tels sont le principe et le but de l'institution des Comices agricoles. Plusieurs départements voisins possèdent des associations de ce genre depuis un temps plus ou moins long, ei l'un des premiers Comices fondés en France l'a été dans le département d'Ille-et-Vilaine, par M. de Lorgeril, ancien maire de Rennes.

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Des modifications reconnues nécessaires dans l'organisation agricole de la Loire-Inférieure, ont porté le premier administrateur, du département à provoquer la formation des Comices qui, sur plusieurs points, est en pleine voie d'exécution. Nous citerons spécialement les Comices de Carquefou, Chantenay, Guémené, Nantes et Saint-Philbert, qui chacuns comptent déjà un grand nombre de souscripteurs. Nous vous devons un compte

particulier sur le Comice de Nantes qui, sous le titre de Comice de la Loire-Inférieure, est destiné à exercer une haute influence sur l'agriculture de tont le département. Ses attributions principales sont de fonder des prix que viendront disputer les vainqueurs couronnés dans les Comices particuliers; de seconder les développements de la grande culture, en accordant des encouragements aux cultivatenrs dont les travaux auront le plus contribué à l'amélioration, dont les exemples auront été le plus utiles; de former no centre d'action tendant à déterminer les propriétaires à éviter aux simples cultivateurs les dangers des essais, et à les éclairer sur les procédés de culture les plus avantageux, sur l'utilité de Fintroduction des cultures nouvelles les plus convenables à notre climat, à notre sol, à notre industrie commerciale ou manufacturière; sur l'emploi des instruments les plus utiles dans l'économie rurale, etc., etc...

Quelque étendue, quelque difficile que paraissé la tâche que s'impose le Comice de la Loire-Inférieure, elle ne sera pas, nous l'espérons, au-dessus du zèle des membres qui sont appelés à le composer, et parmi lesquels nous compterons incessamment.toutes les sommités agricoles du département.

Il existe entre les Comices agricoles et les Sociétés d'Agriculture une différence qui ne vous aura point échappé à celles-ci appartient l'examen de toutes les questions qui se rattachent à la science; telles sont les dissertations sur les canses des principaux phénomènes de la végélation, de l'influence météorologique sur la germination, le développement et la maturité de cer

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