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moitié triftes, agitant l'ame en fens contraire, font toujours une impreffion profonde; & c'eft ce qui m'a engagé à jetter au milieu des fcènes riantes des jardins la vue mélancolique des urnes & des tombeaux confacrés à l'amitié ou à la vertu.

(Page 70, vers 14)

Voyez fous ces vieux ifs la tombe où vont se rendre Ceux qui courbés pour vous fur des fillons ingrats, Au fein de la misère espèrent le trépas.

Dans ces vers confacrés aux humbles fépultures des habitans de la campagne, j'ai imité quelques vers du

cimetière de Grai.

(Page 79, vers 17.)

Mais loin ces monumens dont la ruine feinte Imite mal du temps l'inimitable empreinte. M. de Chabanon, dans une épître fort agréable, ecrite en faveur des jardins du genre régulier, a remarqué, avant moi, que les vieux monumens réveil loient des fouvenirs; avantage que n'ont pas les ruines factices. Cette idée se trouve dans d'autres oud vrages, & particuliérement dans celui de M. Whateli & d'ailleurs, elle eft fi naturelle, qu'elle étoit facile à trouver. Peut-être n'étoit-il pas auffi aifé de la bien rendre, fur-tout après M. de Chabanon: mais fi je me fuis rencontré avec lui, ce que j'ai tâché d'éviter je répéte que ses vers ont été faits avant les miens.

(Page 83 vers 16)

Toi, fur-tout, brave Cook, &c.

Tout le monde connoît les voyages instructifs & courageux de célébre & malheureux Cook, & l'ordre que fit donner notre jeune Roi de refpecter fon vaiffeau fur toutes les mers; ordre qui fait un égal honneur aux Sciences, à cet illuftre Voyageur & au Roi dont il devenoit, pour ainfi dire, le fujet par ce genre nouveau de bienfaisance & de protection.

FIN DES NOTES.

APPROBATION de MM. les Commissaires du

Collège Royal de France,

Nous, commiffaires nommés par l'Affemblée de MM. les Lec

teurs & Profeffeurs Royaux pour l'examen du Poème des Jardins, par M. l'Abbé DELILLE, avons jugé cet ouvrage digne de l'imprete fion. Au Collège Royal, ce 15 Mai 1782.

GARNIER. CARDONNE.

Vu le Rapport de MM. les Commissaires fufdits il eft permis à M. l'Abbé DELILLE de faire imprimer fon ouvrage, qui a pour titre. les Jardins, Poème, fous le privilége du Collège Royal. A Paris, ce 15 Mai 1782.

POISSONNIER, Doyen du Collège Royal.

A PARIS.

DE L'IMPRIMERIE DE PHILIPPE DENYS PIERRES, Imprimeur Ordinaire du Roi, du Collège Royal de France, &c.

rue S. Jacques. 1782,

V

ÉPITRE

A M. L'ABBE DE LILLE.

AINEMENT les Jardins, par ta Muse embellis,
Seront, un jour, l'honneur de l'empire des lys:
Vainement ce grand Art, dont Boileau fut le maître,
Cet Art dégénéré fous ta main va renaître :
Tu l'avois bien prévu; tes rivaux furpaffés
Brûlent de te punir de tes fuccès paffés.

L'un ( 1 ) éclairant le goût de la Magistrature,
Pour chercher un bon mot fe donne la torture;
L'autre (2), annonçant d'abord un naturel plus doux,
D'un fel âcre & mordant affaisonna ses choux.

Le Parnaffe, en nos jours, n'a plus de privilège,
Et l'Ecolier te juge en fortant du Collège.
Eft-il donc quelque ruche à l'abri des frélons?
Voltaire, foixante ans fentit leurs aiguillons:
Son miel en fut plus pur: fa Mufe octogénaire,
En louant tes effais, t'avertit de mieux faire.
Tu n'as point démenti son estime & ses vœux :
Tes leçons qu'on néglige inftruiront nos neveux.

(1) La Lettre du Comte au Préfident.

(2) Le Dialogue qui a pour titre Le Navet & Le Chou. On y lis

ce vers:

Le ciel fit les navets d'un naturel plus doux. C'eft une malice qui n'eft pas fans efprit.

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