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VERS

DE M. L'ABBÉ D.... (1).

EN RÉPONSE

AU CHOU ET AU NAVET.

CERTAIN

ERTAIN Navet, oublié dans nos champs,

Non pas dans ce champ de Freneufe

Qui produit les plus fucculents,

Mais dont la tête un peu verreufe
Ne tenta jamais les paffants:
Bref, ce Navet d'efpece la plus fade,
Effrontément foutient fa mafcarade,
Et fe dit aujourd'hui l'Auteur,
Non d'un Traité fur la Tactique
Qui lui feroit bien plus d'honnenr,
Mais d'un Poëme amphigourique
Qu'il n'a pas fait fans Rédacteur.

(1) Certainement M. le Comte de B** n'avoit point lû ces Vers quand il a écrit à M. le Comte de BARRUE L. Page 19. (Note de l'Imprimeur).

UN Chou vient y prendre féances Tenant des propos affez plats, Et d'un ftyle plein d'arrogance Au mois d'Ouft, piffe du verglas. Malignement l'Abbé de Lille, Rit de ce Gnome guerroyant ; Comme Robinson, dans fon île, Tout fert à fon œil clair-voyant, Il feroit bien feu de sa pierre Si le fujet le méritoit; Mais d'une mufe légumière Que diroit-on s'il fe vengeoit !

LETTRE

A M. F*** DE N***

SUR LE POEME DES JARDINS.

JE vous remercie, Monfieur, du préfent que vous

m'avez fait de votre Lettre fur les Opufcules de M. le Chevalier de Parny. Je fuis bien de votre avis; c'eft un Auteur plein de fentiment, d'élégance, de naturel, & dont les écrits fe reffentent de la bonne compagnie. On ne fauroit rien ajouter à ce que vous penfez & dites de lui. L'éloge que vous en faites, je vous affure, Monfieur, honore autant celui qui en est l'objet que votre cœur & votre esprit.

Je fuis très-touché de la franchise avec laquellc vous me parlez de mon pamphlet fur le Poëme des Jardins. Je n'admire pas moins que vous le méchanifme des Vers de M. l'Abbé; mais comme cela ne fuffit pas pour faire un bon ouvrage, & que fon défaut de plan & de variété me mirent à portée d'en faire la critique, je la tentai pour m'amuser, & fans prétendre d'abord publier une bagatelle que je n'avois entreprise que pour ma fociété.

Cependant, confeillé & pouffé par quelques perfonnes de mérite, je donnai la permiffion de l'im

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primer, mais je n'avouai pas ouvertement une forte d'ouvrage que mon penchant condamnoit en fecret.

Des circonftances particulieres, outre quelques épigrammes de M. l'Abbé, m'ont enfuite forcé de changer d'avis à cet égard: je fis alors une espece de fuite à cette critique (1) & je me nommai.

Si vous faviez mes raifons, Monfieur, vous les trouveriez plaufibles, & partageriez mon regret.... Je fuis jeune, j'aime à plaisanter & fur- tour à m'inftruire malgré cela je hais autant qu'aucun autre les Littérateurs qui s'entre-déchirent. Je ne crois plus avoir la fantaisie de rien écrire dans le genre dont il eft queftion, à moins que ce ne foit pour ma propre défense. Cette occupation, qui ne réuffit toujours que trop, ne me convient aucu nement, & ceux qui me connoiffent me rendent juftice.

J'ai l'honneur d'être, &c.

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