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J'aurail'honneur de vous dire auffi que les Géorgiques effacent encore ce dernier opufcule fur les Jardins, comme elles effacèrent autrefois les épîtres, & qu'il paroît que dans ce Poëme-ci M. l'Abbé D... eft abfolument revenu à lui-même.

J'ai l'honneur d'être, &c.

P. S. Je crois que les Jardins de M. l'Abbé D... feront faire une nouvelle édition des Saifons de M. de St Lambert. On les achette de tous côtés. C'eft le mauvais repas du jour qui fait fonger au bon souper de la veille.

LETTRE

LETTRE

M. L'ABBÉ D***

A M.

ON

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N vous prête, M. l'Abbé, un propos, que j'ai bien de la peine à croire ; on dit que vous répandez par-tout que c'eft vous qui avez donné à la lettre de M. le Président de *** la liberté de paroître, & que M. *** vous avoit d'abord offert de fupprimer l'ouvrage & de faire punir l'Auteur. - Quels rifques cet anonime n'a-t-il pas couru fans le favoir?... Mais il tomberoit aujourd'hui dans le vice d'ingratitude fi je manquois aux remercimens que je vous dois pour la modération que vous avez montrée.

Sérieufement, M. l'Abbé, il me paroît inconcevable qu'un homme doué d'autant d'efprit que vous, fe permette des propos dont il est aisé de montrer le ridicule. Le Public ne croira jamais qu'on ait voulu arrêter un ouvrage, qui, tout foible qu'il eft,

, peut fervir aux progrès des Lettres & du goût. Car plus un Auteur a de célébrité, plus les critiques > qu'on en fait font utiles.

Ex privatis odiis, refpublica creffit.

Vous favez tout cela, Monfieur, & nos Magif

B

trats le favent comme nous. N'étoit-ce pas le prine cipe de M. de Voltaire ?

La critique a du bon, je l'aime & je l'honore.

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Cette liberté dans la littérature vous est aussi précieuse qu'à tout autre. Ainfi, je le répéte, perfonne ne croira qu'on ait fongé à fupprimer une critique purement littéraire, ni qu'on ait eu le défir de faire réprimander, pour vous plaire, l'Auteur d'un opufcule qui a pu amufer un inftant la Famille Royale.

- Faites-moi la grace, Monfieur, de me répondre pour que je repouffe des propos injurieux à M. *** à moi, & j'ofe dire à vous. Auffi m'attends-je bien que vous m'aiderez à les détruire.

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J'ai l'honneur d'être, &c.

P. S. J'avois refufé de mettre mon nom au bas de la lettre du Président de ***, penfant que la modeftie de l'anonime convenoit trop bien à cette bagatelle; mais dès que j'appris qu'on l'attribuoit à d'autres, je n'ai pas fouffert qu'ils fuffent plus longtemps exposés à votre crédit, & je me suis nommé.

LETTRE

DE M. LE COMTE DE B** ( 1 )

"

A M. LE CTE DE BARRUEL.

J'AI

'AI reçu, M. le Comte, & j'ai fait lire en bonne compagnie (quoique en Province) votre » Lettre fur le Poëme des Jardins : nous autres » habitans de la campagne & qui ne nous piquons

pas d'être Poëtes, l'avions jugé comme vous pour » le fond, & nous avons admiré votre maniere d'a» nalyser la forme,

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» Cette critique eft non-feulement de très-bon » goût, mais d'un excellent fens & fi vous ne » favez pas encore faire des vers mieux que M. » l'Abbé, votre profe vaut mille fois fes vers.

» Ce petit écrit eft plein d'efprit; le style eft >> naturel & facile, & la plaifanterie du meilleur

(1) M. Le Comte de B** ne doit point favoir mauvais gré de la publicité de cette Lettre à un jeune homme qui s'honore de fes éloges, & qui mettra toute fa gloire à les mériter. Les fuffrages des hommes illuftres encouragent toujours ceux qui commencent à courrir dans la carrière de la littérature, mais ces mêmes fuffrages perdent de leur prix lorfqu'on ne peut les avouer.

» ton. Je vous en fais compliment, en attendant » l'honneur de vous recevoir à Paris. C'est peut» être de moi dont vous aurez à dire que je fuis » meilleur à connoître de loin que de près.

> J'ai l'honneur d'être, &c.

Montbar, ce 14 Juillet 1782.

ÉPIGRAMME

De M. l'Abbé D**** à M. le C. D. B**.

POURQUOI rimer malgré Minerve,

Pauvre Auteur encore au berceau ?

Crois-moi, les efforts de ta verve
Sont tout autant de coups dans l'eau.
Ton encre n'eft point corrofive,
Demande à tout Lecteur favant,
Si, femblable à la Sensitive,
On me fletrit en me touchant.

Il faut te dire, entre autre chose,
Que l'Abbé, peintre des Jardins,
Croit que tes Vers comme ta Profe
Sont changés fur les grands chemins.

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