» force chaque main armée valait une légion. >> Conduit au combat, chaque soldat paraissait » un chef, chaque chef un soldat; ils savaient >> quand avancer ou s'arrêter, quand détourner >> le fort de la bataille, quand ouvrir et quand » fermer les rangs de la hideuse guerre. Ni pensée » de fuite, ni pensée de retraite, ni action mal» séante qui marquât la peur : chacun comptait » sur soi, comme si de son bras seul dépendait le » moment de la victoire. >> Des faits d'une éternelle renommée furent ac» complis, mais sans nombre; car immense et » variée se déployait cette guerre : tantôt combat » maintenu sur un terrain solide, tantôt prenant » l'essor sur une aile puissante, et tourmentant >> tout l'air; alors tout l'air semblait un feu mili» tant. La bataille en balance égale fut long-temps » suspendue, jusqu'à ce que SATAN qui ce jour-là » avait montré une force prodigieuse, et ne ren>> contrait point d'égal dans les armes, jusqu'à ce » que Satan, courant de rang en rang à travers » l'affreuse mêlée des séraphins en désordre, vit » enfin le lieu où l'épée de Michel fauchait et » abattait des escadrons entiers. » Michel tenait à deux mains, avec une force » énorme, cette épée qu'il brandissait en l'air : » l'horrible tranchant tombait, dévastant au large. » Pour arrêter une telle destruction, SATAN se "hâte, et oppose au fer de Michel l'orbe impé» nétrable de dix feuilles de diamant, son ample A vast circumference. At his approach, Authour of evil, unknown till thy revolt, Of thy rebellion! how hast thou instill'd So spake the prince of angels; to whom thus The adversary : >> bouclier, vaste circonférence. A son approche, » le grand archange sursit à son travail guerrier; >> ravi, dans l'espoir de terminer ici la guerre in>> testine du ciel (le grand ennemi étant vaincu » ou traîné captif dans les chaînes), il fronce un >> sourcil redoutable, et le visage enflammé, il » parle ainsi le premier: >> - Auteur du mal, inconnu et sans nom dans >> le ciel, jusqu'à ta révolte, aujourd'hui abon>> dant, comme tu le vois à ces actes d'une lutte > odieuse, odieuse à tous, quoique par une juste >> mesure elle pèse le plus sur toi et sur tes >> adhérens. Comment as-tu troublé l'heureuse >> paix du ciel et apporté dans la nature la misère, >> incréée avant le crime de ta rébellion! combien > as-tu empoisonné de ta malice des milliers >> d'anges, jadis droits et fidèles, maintenant de>> venus traîtres! Mais ne crois pas bannir d'ici le >> saint repos; le ciel te rejette de toutes ses li>> mites; le ciel, séjour de la félicité, n'endure >> point les œuvres de la violence et de la guerre. >>> Hors d'ici donc! Que le mal, ton fils, aille avec » toi au séjour du Mal, l'Enfer, avec toi et ta >> bande perverse! Là fomente des troubles; mais >> n'attends pas que cette épée vengeresse com» mence ta sentence, ou que quelque vengeance > plus soudaine à qui DIEU donnera des ailes ne >> te précipite avec des douleurs redoublées. » Ainsi parle le prince des anges. Son adver>> saire répliqua : Nor think thou with wind Of aery threats to awe whom yet with deeds To flight? or if to fall, but that they rise They ended parle, and both address'd for fight ) Ne pense pas par le vent de tes menaces » imposer à celui à qui tu ne peux imposer par >> tes actions. Du moindre de ceux-ci as-tu causé >> la fuite? ou si tu les forças à la chute, ne se sont>> ils pas relevés invaincus? Espérerais-tu réussir >> plus aisément avec moi, arrogant, et avec tes » menaces me chasser d'ici? Ne t'y trompe pas : il » ne finira pas ainsi le combat que tu appelles » MAL, mais que nous appelons combat de gloire. >> Nous prétendons le gagner, ou transformer ce >> ciel dans l'Enfer, dont tu dis des fables. Ici du » moins nous habiterons libres, si nous ne ré» gnons. Toutefois je ne fuierais pas ta plus >> grande force, quand celui qu'on nomme le >> Tout-Puissant viendrait à ton aide : de près >> comme de loin je t'ai cherché. » Ils cessèrent de parler, et tous deux se prépa» rèrent à un combat inexprimable: qui pourrait >> le raconter, même avec la langue des anges? » à quelles choses pourrait-on le comparer sur » la terre, qui fussent assez remarquables pour » élever l'imagination humaine à la hauteur d'un » pouvoir semblable à celui d'un Dieu ? Car ces >> deux chefs, soit qu'ils marchassent ou demeu» rassent immobiles, ressemblaient à des Dieux » par la taille, le mouvement, les armes, faits qu'ils » étaient pour décider de l'empire du grand ciel. » Maintenant leurs flamboyantes épées ondoient » et décrivent dans l'air des cercles affreux; leurs » boucliers, deux larges soleils, resplendissent |