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la plus petite jufqu'à la plus élevée, produit, felon les fituations, des effets particuliers.

XIII.

Des variétés qui naiffent des différences dans les arbres & les arbriffeaux.

LA

A grande utilité de ces diftinctions caractéristiques, eft d'indiquer des fources de variétés fi néceffaires dans toutes les occafions, & les caufes qui fervent à expliquer quelques irrégularités.

Les arbres qui ne different que dans une des trois divifions de forme, de verdure ou de grandeur, & qui s'accordent d'ailleurs, font fuffifamment diftingués pour l'effet de la variété. S'ils different en deux ou trois chofes principales, ils contraftent; s'ils different en tout l'oppofition qui en réfultera, empêchera qu'ils ne forment des Mais il grouppes. y a des degrés intermédiaires qui lient les deux extrêmités : les branches élevées de l'amandier ne fouffrent point de mêlange avec les branches pendantes du faule oriental; mais d'autres arbres interpofés entre ces deux extrêmes, rendent du moins cet affemblage fupportable. Les arbres marqués du même caractere, fortement ou foiblement exprimé, peu im

porte, tels que le bouleau, l'acacia, & le méleze, tous à branches pendantes, quoique différemment inclinées, forment un bel enfemble, où l'unité eft confervée fans uniformité: fouvent même on peut fe procurer de plus beaux grouppes, en s'écartant davantage de l'uniformité, pour ne former que des contraftes.

Les occafions de montrer les effets des formes particulieres dans certaines fituations, fe préfenteront fi fréquemment dans le cours de cet ouvrage, qu'il feroit inutile d'en donner de plus longues explications. Je dirai feulement qu'il fe rencontre quelquefois dans les arbres, & communément dans les arbriffeaux, de plus petites variétés, foit dans la tournure des branches, foit dans la forme & la grandeur du feuillage, qui captivent l'attention. Il n'est pas jufqu'à la contexture des feuilles qui n'ait auffi fes effets particuliers; la roideur des unes & la flexibilité des autres, les rendent plus ou moins propres à plufieurs deffeins. Il y en a qui ont une espece de vernis, très-utile quelquefois pour animer une plantation, quelquefois auffi trop brillant pour la couleur des autres feuilles. Mais toutes ces variétés fubalternes ne méritent pas qu'on y ait égard dans la confidération des grands effets. Elles ne font de quelque

importance, que lorfque les arbres font vus de près, qu'ils terminent une fcene piquante, ou les côtés d'une allée : il ne faut pas non plus les négliger dans les grouppes d'arbriffeaux, qui font naturellement peu confidérables du côté du ftyle & de l'étendue. Le bois le plus fuperbe ne dédaigne pas même d'en recevoir quelque embellissement; & lorfqu'un bois qui a été un des objets principaux d'une perspective, devient dans une autre l'extrêmité d'une promenade, il faut avoir attention de varier continuellement cette ligne extérieure. Mais le goût le moins délicat fentira les occafions où ces petites variétés font convenables, & l'observation la plus légere en indiquera les diftinctions. Le détail en feroit infini, & il n'eft guere fufceptible de divifions en claffes. Les meilleures regles générales qu'on puiffe donner fur cet objet, font de ranger les arbriffeaux & les petits arbres, de maniere qu'ils fe donnent de l'éclat & fe cachent leurs défauts mutuellement ; de ne pas vifer à des effets dont le fuccès dépend d'une délicateffe que le fol, l'expofition, ou une diverfe température peuvent détruire, & de s'occuper beaucoup plus des grouppes & de l'enfemble, que de chaque arbre en particulier.

XIV.

Du mêlange des verdures.

Les différentes nuances des verdures paroiffent, au premier coup-d'œil, devoir être rangées au nombre des petites variétés, & non parmi les diftinctions caractéristiques; mais l'expérience apprendra que ces nuances, depuis les plus foibles jufqu'aux plus fortes, font très importantes; qu'elles le font plus dans une grande étendue que dans l'étroite bordure d'un bois, & que par leur union ou leur contrafte, elles produifent des effets trèsfenfibles dans de vaftes & de magnifiques perfpectives. Un bois qui fait un point de vue, paroît en automne enrichi de couleurs, dont la beauté femble faire oublier les approches de la faifon rigoureuse qu'elles annoncent; mais lorsque les arbres commencent à fe faner, & que la verdure perd peu à peu de fon éclat, il ne refte plus que les teintes les plus fortes, ces couleurs qui forment les ombres de toutes les efpeces de verd quand il est dans fa vigueur, & auquel fuccedent maintenant un blanc plus pâle, un jaune plus éclatant, ou un brun plus obfcur. Les effets ne font pas différens; il n'y

tems que dans un autre. Mais c'eft lorfqu'elle a le plus de force, qu'il faut obferver ces effets avec le plus de foin. C'est donc la chûte des feuilles qui eft le tems convenable pour s'inftruire des efpeces, de l'ordre & de la proportion des teintes, dont le mêlange ferme de fi beaux points de vue, & pour diftinguer en même tems celles qui ne peuvent figurer enfemble, & qui font comme incompatibles.

La beauté particuliere des nuances du rouge ne peut alors, échapper à notre obfervation, & nous regrettons qu'elles manquent dans les mois d'été. Mais on peut y fuppléer, quoiqu'imparfaitement, parce que les plantes ont une couleur permanente, & une couleur accidentelle. Les différens verds font la permanente, mais toutes les autres couleurs font accidentelles ; & parmi celles-ci c'est le rouge dont la production exige le plus grand concours de circonftances. Il lui faut fucceffivement le bouton, la fleur, le fruit, l'écorce & la feuille. Il eft quelquefois répandu avec profufion; fouvent il ne teint les plantes que fort obfcurément; & en général un verd rougeâtre eft la couleur des plantes qui gardent long-tems le rouge, ou fur lefquelles il revient fréquemment.

En admettant cette couleur, du moins pendant

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