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gueilleuse de fa beauté, que le plus vieux & le plus vilain mâtin ne l'eft de la blancheur olivâtre de fon teint lorfqu'il eft dans une ville du Méxique, affis fur fa porte, les bras croi

fez. Un homme de cette conféquence; une créature fi parfaite ne travaille roit pas pour tous les trefors du monde, & ne fe réfoudroit jamais, par une vile & mécanique induftrie, de compromettre l honneur & la dignité de fa peau.

Car il faut fçavoir que lorsqu'un

homme a un certain mérite en Espagne; comme, par exemple, quand il peut ajoûter aux qualitez dont je viens de parler, celle d'être le propriétaire d'une grande épée, ou d'avoir apris de fon pere l'art de faire jurer une difcordante Guitarre : il ne travaille plus : fon honneur s'interreffe au repos

de

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de fés membres. Celui qui reste affis dix heures par jour, obtient précisément la moitié plus de confidération qu'un autre, qui n'en refte que cinq; parce que c'est fur les chaifes que la nobleffe s'acquiert.

Mais quoique ces invincibles ennemis du travail faffent parade d'une tranquilité Philofophique, ils ne l'ont pourtant pas dans le cœur ; car ils font toûjours a moureux ils font les premiers hommes du monde pour mourir de langueur fous la fenêtre des leurs maîtreffes ; & tout Efpagnol, qui n'eft pas enrumé, ne fçauroit paffer pour galant.

:

Ils font premiérement dévots, & fecondement jaloux. Ils fe garderont bien d'expofer leurs femmes aux entreprifes d'un Sol dat criblé de coups › ou d'un Magiftrat décrépité mais ils les

en

enfermeront avec un novice fervent qui baiffe les yeux, ou un robuste Francifcain qui les éleye.

Ils connoiffent mieux que les autres le foible des femmes : ils ne veulent pas qu'on leur voye le talon, & qu'on les furprenne par le bout des pieds : ils fçavent que l'imagination va toûjours que rien ne l'amufeen chemin ; elle arrive, & là on étoit quelquefois averti d'a

vance.

On dit par tout que les ri gueurs de l'amour font cruelles elles le font encore plus pour les Espagnols : les femmes les guériffent de leurs peines mais elles ne font que leur en faire changer; & il leur reste toûjours un long & fâcheux fouvenir d'une paffion éteinte. Ils ont de petites politeffes,,

quis

qui en France paroîtroient mal placées par exemple, un Capitaine ne bat jamais fon Soldat, fans lui en demander permiffion, & l'Inquifition ne fait jamais brûler un Juif fans lui faire fes excufes.

Les Espagnols qu'on ne brûle pas, paroiffent fi attachez à l'Inquifition, qu'il y auroit de la mauvaise humeur de la leur ôter: je voudrois feulement qu'on en établit une autre ; non pas contre les Hérétiques, mais contre les Héréfiarques, qui attribuent à de petites pratiques Monachala même efficacité qu'aux fept Sacremens ; qui adorent tout ce qu'ils vénérent, & qui font fi dévots, qu'ils font à peine Chrétiens.

les ›

Vous pourrez trouver de l'efprit & du bon fens chez les Efpagnols, mais n'en cherchez

point dans leurs Livres voyez une de leurs Bibliotheques; les Romans d'un côté, & les Scholaftiques de l'autre vous diriez que les parties en ont été faites, & le tout raffemblé

, par

quelque ennemi fecret de la raifon humaine.

Le feul de leurs Livres qui foit bon > eft celui qui a fait voir le ridicule de tous les

autres.

Ils ont fait des découvertes immenfes dns le nouveau Monde, & ils ne connoiffent pas encore leur propre Continent il y a fur leurs Rivieres tel Port, qui n'a pas encore été découvert ; & dans leurs montagnes des Nations qui leur font incon

nuës.

Ils difent que le Soleil fe leve & fe couche dans leur païs: mais il faut dire auffi qu'en fai

fant

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