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Ses tristesses.

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Sa jeunesse.

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Son Adonis.

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Son humeur. Sa conversation.

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En quoi consiste le naturel producteur et

sympathique. Sa prudence. Sa fortune. Sa retraite.

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II. Son style. Ses images.

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Différence entre la conception créatrice et

la conception analytique.

III. Les mœurs.

Les familiarités. Les violences. Les cru

dités. La conversation et les actions. Concordance des

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peut précéder la raison ou lui survivre.

V. Les gens d'esprit. Différence entre l'esprit des raisonneurs et l'esprit des artistes. Mercutio, Béatrice, Rosalinde, Bénédict, les clowns. Falstaff.

Comment Shak

VI. Les femmes. Desdémone, Virginia, Juliette, Miranda, Imogène, Cordelia, Ophélie, Volumnia. speare représente l'amour.

Pourquoi Shakspeare fonde la

vertu sur l'instinct ou la passion.

VII. Les scélérats. Iago, Richard III. O Comment les convoi

tises extrêmes et le manque de conscience sont le domaine naturel de l'imagination passionnée.

VIII. Les grands personnages. Les excès et les maladies de l'imagination. Lear, Othello, Cléopatre, Coriolan, Macbeth,

Hamlet.

Comparaison de la psychologie de Shakspeare et de

celle des tragiques français.

IX. La fantaisie.

Concordance de l'imagination et de l'obser

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vation chez Shakspeare. Intérêt de la comédie sentimentale et romanesque. As you like it. Idée de la vie. Midsummer night's dream. · Idée de l'amour. - Harmonie de toutes les parties de l'œuvre. Harmonie de l'œuvre et de l'artiste.

Je vais décrire une nature d'esprit extraordinaire, choquante pour toutes nos habitudes françaises d'analyse et de logique, toute-puissante, excessive, également souveraine dans le sublime et dans l'ignoble, la plus créatrice qui fut jamais dans la copie exacte du réel minutieux, dans les caprices éblouissants du fantastique, dans les complications profondes des passions surhumaines, poétique, immorale, inspirée, supérieure à la raison par les révélations improvisées de sa folie clairvoyante, si extrême dans la douleur et dans la joie, d'une allure si brusque, d'une verve si tourmentée et si impétueuse que ce grand siècle seul a pu produire un tel enfant.

I

Tout vient du dedans chez lui, je veux dire de son âme et de son génie; les circonstances et les dehors n'ont contribué que médiocrement à le développer'. Il a été trempé jusqu'au fond dans son siècle, j'entends qu'il a connu par expérience les mœurs de la

1. Halliwell's Life of Shakspeare.

campagne, de la cour et de la ville, et visité les hauts, les bas, le milieu de la condition humaine; rien de plus; du reste sa vie est ordinaire, et les irrégularités, les traverses, les passions, les succès qu'on y rencontre sont à peu près ceux qu'on y trouve partout ailleurs'. Son père, un gantier marchand de laine, fort aisé, ayant épousé une sorte d'héritière campagnarde, était devenu grand bailli et premier alderman de sa petite ville. Mais quand Shakspeare atteignit l'âge de quatorze ans, il était en train de se ruiner, engageant le bien de sa femme, obligé de quitter sa charge municipale et de retirer son fils de l'école pour s'aider de lui dans son commerce. Le jeune homme s'y mit comme il put, non sans frasques et escapades; s'il en faut croire la tradition, il était un des bons buveurs de l'endroit, disposé à soutenir la réputation de sa bourgade dans la bataille des pots. Une fois, dit-on, ayant été vaincu à Bidford dans un de ces combats d'ale, il revint trébuchant, ou plutôt ne put revenir, et passa la nuit avec ses camarades sous un pommier au bord de la route. Certainement il commençait déjà à rimer, à vagabonder en vrai poëte, prenant part aux bruyantes fêtes rustiques, aux joyeuses pastorales figuratives, à la riche et audacieuse expansion de la vie païenne et poétique, telle qu'on la trouvait alors dans les villages anglais. En tout cas, ce n'était point un homme correct, et

1. Né en 1564, mort en 1616. Il retouche des pièces dès 1591. La première pièce qui soit de lui tout entière est de 1593.

(Payne Collier.)

il avait les passions précoces autant qu'imprudentes. A dix-huit ans et demi, il épousa la fille d'un gros yeoman, plus âgée que lui de neuf ans, et cela en toute hâte; elle était grosse'. D'autres témérités ne furent pas plus heureuses. Il paraît qu'il braconnait volontiers selon la coutume du temps, « étant fort adonné, dit le curé Davies, à toutes sortes de malicieux larcins à l'endroit des daims et des lapins, particulièrement au détriment de sir Thomas Lucy, qui le fit souvent fouetter et quelquefois emprisonner et à la fin l'obligea de vider le pays... Ce dont Shakspeare se vengea grandement, car il fit de lui son juge imbécile. » Ajoutez encore que vers cette époque le père de Shakspeare était en prison, fort mal dans ses affaires, que lui-même avait eu trois enfants coup sur coup; il fallait vivre et il ne pouvait guère vivre dans sa bourgade. Il s'en alla à Londres et se fit acteur: acteur « de très-bas étage, »> <<< serviteur » dans le théâtre, c'est-à-dire apprenti ou peut-être figurant. Même, on disait qu'il avait commencé plus bas encore, et que pour gagner son pain il avait gardé les chevaux des gentilshommes à la porte du théâtre". En tout cas, il a goûté la misère et senti, non en imagination, mais de sa personne, les

1. M. Halliwell et d'autres commentateurs tâchent de prouver qu'à cette époque les fiançailles préalables constituaient le vrai mariage; que ces fiançailles avaient eu lieu, et qu'ainsi il n'y a rien d'irrégulier dans la conduite de Shakspeare.

2. Halliwell, 123.

3. Toutes ces anecdotes sont des traditions, et partant plus ou moins douteuses: mais les autres faits sont authentiques.

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