Vous usez vos heures endormies dans une in«dolence désespérée que vous appelez faussement Douze légions vous attendent et philosophie. -- << ont hâte de vous nommer leur chef. A force << de pénibles marches, en dépit de la chaleur et de la « faim, je les ai conduites patientes depuis « la frontière des Parthes jusqu'au Nil. - Cela <«< vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées; y a de la vertu en eux. Ils vendront ces il <<< membres mutilés plus cher que ces jolis soldats « pomponnés là-bas ne voudront les acheter. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu'il ne s'agit plus que de bien finir: « Il trois légions dans la ville. Le a coupé le reste. Si votre dessein et à présent je le souhaite, pour faire autour de nous un « reste encore « dernier assaut <«< est de mourir, « en voilà assez, << tas d'ennemis morts, un bûcher honorable pour « nos funérailles. - Choisissez votre plan de finir. (( - J'ai vu la mort sous tant de formes m'importe laquelle. Ma vie à mon âge est un << tel haillon, à peine si elle vaut qu'on la donne. 1. No; 'tis you dream; you sleep away your hours In desperate sloth, miscall'd philosophy. Up, up, for honour's sake; twelve legions wait you, And long to call you chief. By painful journeys I led 'em patient both of heat and hunger, Down from the Parthian marches to the Nile. 'Twill do you good to see their sun-burnt faces, Their scarr'd cheeks, and chopt hands; there's virtue in 'em: Than yon trim bands can buy. « J'aurais souhaité pourtant que nous eussions jetë « la nôtre de meilleure grâce, -comme deux lions pris aux rets, avançant la griffe et blessant les « chasseurs.»-Antoine le supplie de partir, il refuse; Antoine veut mourir de sa main. — « Non, par le ciel, je ne le veux pas; et ce n'est pas pour « vous survivre. » — « Tue-moi d'abord, tu mourras « après; sers ton ami, avant toi-même. »- « Alors, donnez-moi la main. Nous nous retrouverons «< bientôt. » Il l'embrasse, tire l'épée, puis s'ar« rête : — Je ne voudrais pas faire une affaire d'une bagatelle. Pourtant, je ne peux pas vous regarder « et vous tuer; je vous prie, tournez votre face. Soit, et frappe bien, à fond. A fond, aussi loin que mon épée entrera'. » Et du coup, lui-même il se tue. Ce sont là les mœurs tragiques et stoïques de la monarchie militaire, les grandes prodigalités de meurtres et de sacrifices avec lesquelles les hommes de ce monde bouleversé et brisé tuaient et finissaient. Cet Antoine, pour qui on a tant fait, lui aussi, il a mérité qu'on l'aime; il a été l'un des vaillants sous César, le premier soldat d'avant-garde; la bonté, la générosité palpitent en lui jusqu'au bout; s'il est faible contre une femme, il est fort contre les hommes; il a les muscles, la poitrine, la colère et les bouillonnements d'un combattant; c'est cette chaleur de sang, c'est ce sentiment trop vif de l'honneur qui cause sa perte; il ne sait pas se pardonner sa faute; il n'a pas cette hauteur de génie qui, planant au-dessus des maximes ordinaires, affranchit l'homme des hésitations, des découragements et des remords; il n'est que soldat, il ne peut oublier qu'il a failli à la consigne : «< Mon << empereur! » Ton empereur! Non, c'est là <«< un nom de victoire! Le soldat victorieux, rouge <«< de blessures qu'il ne sent pas, salue de ce nom We might at least thrust out our paws, and wound And then die thou. For 'tis but just thou serve Thy friend before thyself. Give me your hand. VENTIDIUS. We soon shall meet again. Now farewell, emperor. ....I will not make a bus'ness of a trifle, And yet I cannot look on you and kill you. Pray, turn your face. ANTONY. I do. Strike home be sure. VENTIDIUS. Home, as my sword will reach « son général. Actium, Actium, oh!»« Vous y << pensez trop. » — « Ici, ici, le poids est ici. Un « bloc de plomb pendant le jour; et la nuit, pendant mes courts assoupissements fiévreux, c'est la sorcière qui chevauche mes rêves. » Enfin, voici de nouveau des armes et des hommes, et une aurore d'espérance. « Combattrons-nous? dit Ven<< tidius. Je te le garantis, mon vieux brave. « Tu me verras encore une fois sous ma cuirasse, « à la tête de ces vieilles troupes qui ont battu « les Parthes, crier en avant, suivez-moi1. » Il se croit à la bataille, et déjà sa fougue l'emporte. Ce n'est pas un tel homme qui gouvernera les hommes; on ne maîtrise la fortune qu'après s'être maîtrisé Emperor! Why that's the style of victory. The conqu'ring soldier, red with unfelt wounds, Shall that sound reach my ears. Here, here it lies; a lump of lead by day; And in my short, distracted, nightly slumbers, VENTIDIUS. That's my royal master. And shall we fight? ANTONY. I warrant thee, old soldier; Thou shalt behold me once again in iron, The Parthians, cry aloud, « Come, follow me. » soi-même; celui-ci n'est fait que pour se contredire et se détruire, et pour tourner tour à tour sous l'effort de toutes les passions. Sitôt qu'il croit Cléopatre fidèle, l'honneur, la réputation, l'empire, tout disparaît. « Qu'est-ce que cela, Ventidius? Voilà qui contre-pèse tout le reste. Eh! nous avons <«< fait plus que vaincre César, à présent. Non-seu<«<lement ma reine est innocente, mais elle m'aime. «< M'en aller, où? la quitter! quitter tout ce qu'il « y a de parfait! Donnez, grands Dieux! donnez « à votre petit garçon, à votre César, ce monde, « un hochet pour jouer avec, ce colifichet d'empire. Il est content à bon marché. Moi, je ne <«< veux pas moins que Cléopatre !» L'abattement viendra après l'excès; ces sortes d'âmes ne sont trempées que contre la crainte; leur courage n'est que celui du taureau et du lion; il a besoin, pour demeurer entier, du mouvement corporel, du danger 1. VENTIDIUS. And what's this toy In balance with your fortune, honour, fame? ANTONY. What is 't, Ventidius? It out-weighs 'em all. VENTIDIUS. I'll rather die than take it. Will you go? ANTONY. Go! Whither? Go from all that's excellent. Give to your boy, your Cæsar, This rattle of a globe to play withal, This gu-gau world, and put him cheaply off. |