les, il me reste une boucle d'oreille capable de les racheter, et d'acheter tout cet État. Une perle qui vaut un patrimoine privé N'est rien. Nous en mangerons de pareilles en un repas. Les têtes des perroquets, les langues des rossignols, Les cervelles des paons et des autruches Seront nos aliments.... Tes bains seront le jus des giroflées, L'essence des roses et des violettes, Le lait des unicornes, le parfum des panthères, Recueillis dans des outres, et mêlés avec des vins de Crète. Mon eunuque chantera, mon bouffon fera des mines, Pendant que sous des formes empruntées, nous jouerons les contes d'Ovide, Toi comme Europe d'abord, et moi comme Jupiter, Le reste ensuite jusqu'à ce que nous ayons parcouru 1. On reconnaît à ces splendeurs de la débauche, la Take these, And wear, and lose them; yet remains an ear ring, To purchase them again, and this whole state. A gem but worth a private patrimony Is nothing. We will eat such at a meal. The heads of parrots, tongues of nightingales, Conscience? "Tis the beggar's virtue..... The milk of unicorns and panther's breath Venise qui fût le trône de l'Arétin, la patrie du Tintoret et de Giorgione. Volpone saisit Célia. « O par conscience! La conscience? c'est la vertu des mendiants; cède, ou je t'aurai de force. » Mais tout d'un coup, le fils déshérité de Corbaccio, que Mosca avait caché là dans une autre pensée, entre violemment, la délivre, blesse Mosca, et accuse Volpone devant le tribunal d'imposture et de rapt. Les trois coquins qui prétendent hériter, travaillent tous à sauver Volpone. Corbaccio désavoue son fils, l'accuse de parricide. Corvino déclare sa femme adultère, et maîtresse éhontée de Bonario. Jamais on n'a vu sur la scène une telle énergie de mensonge, une telle franchise de scélératesse. Le mari, qui sait sa femme innocente, est le plus acharné. « Cette femme, sauf le bon plaisir de vos paternités, est une catin, la plus chaude au plaisir... Elle hennit comme une jument. >> Il continue en termes toujours plus violents et en descriptions toujours plus précises. Célia s'évanouit. « Parfait! dit-il. Jolie feinte. Recommencez'. » Ils font apporter Volpone qui a l'air expirant; ils fabriquent de faux témoignages, et Voltore les fait valoir, de sa 1. My eunuch sing, my fool make up the antic, CORVINO. (Acte III, sc. v.) This woman, please your fatherhoods, is a whore, langue d'avocat, avec des paroles « qui valent un sequin la pièce. » On met Célia et Bonario en prison, et Volpone est sauvé. Cette imposture publique n'est pour lui qu'une comédie de plus, un joyeux divertissement et un chef-d'œuvre. « Duper la cour, détourner le torrent contre les innocents, c'est un plaisir plus grand que si j'avais joui de la femme'. » Pour achever, il écrit un testament en faveur de Mosca, se fait passer pour mort, et regarde, caché O, more than if I had enjoy'd the wench! (Acte IV, sc. II; acte V, sc. 1.) derrière un rideau, les visages des héritiers. Ils viennent de le sauver, tant mieux; la méchanceté en sera plus grande et plus belle. « Torture-les bien, Mosca! » Mosca étale le testament sur une table, et fait tout haut l'inventaire. « Neuf tapis de Turquie. Deux cabinets, l'un d'ivoire, l'autre d'écaille de perle. Une boîte à parfums faite d'un seul onyx. » Les héritiers défaillent de douleur, et Mosca les chasse à coups d'insultes. Il dit à Corvino 1: Que tardez-vous ici? Dans quelle pensée? Sur quelle pro messe? Écoutez. Ne savez-vous pas que je vous connais pour un âne, Et que vous auriez été bien volontiers un maquereau, Si la fortune l'avait souffert? Que vous êtes Un cocu déclaré, et en bons termes? Cette perle, 1. Why would you stay here? With what thought, what promise? And that you would most fain have been a wittol, If fortune would have let you? That you are CORBACCIO. I am cozen'd, cheated, by a parasite slave; MOSCA. Yes, sir; stop your mouth, Or I shall draw the only tooth is left. Are you not he, that filthy covetous wretch, With the three legs, that here, in hope of prey, Have, any time, this three years, snuff'd about, With your most grovelling nose, and would have hired Are you not he that have to day in court Profess'd the disinheriting of your son, Perjured yourself? Go home, and die, and stink. (Acte V, sc. 1.) Direz-vous, était votre bien? Très-vrai. Ce diamant? Je ne le nie pas, mais je vous remercie. Beaucoup d'autres choses? Cela peut bien être. Eh bien, imaginez que ces bonnes œuvres Serviront à cacher vos mauvaises. CORBACCIO. Esclave, parasite, giton, tu m'as dupé! MOSCA. Oui, seigneur. Fermez votre bouche, Ou j'en arracherai la seule dent qui y reste. N'êtes-vous pas ce sordide et misérable convoiteux, Aux trois jambes, qui ici, dans l'espérance d'une proie, N'êtes-vous pas celui qui aujourd'hui, devant le tribunal, Celui qui s'est parjuré? Allez chez vous, crevez et pourrissez. Volpone sort déguisé, s'attache tour à tour à chacun d'eux, et achève de leur briser le cœur. Mais Mosca qui a le testament agit en maître, et demande à Volpone la moitié de sa fortune. La querelle des deux coquins découvre leurs impostures, et le maître, le valet avec les trois héritiers futurs sont envoyés aux galères, à la prison, au pilori, « où le peuple leur crèvera les yeux à coups d'œufs pourris, de poissons infects et de fruits gâtés1. » On n'a point écrit de comédie plus vengeresse, plus obsti 1. CORVINO. Yes, And have mine eyes beat out with stinking fish, I shall not see my shame yet. |