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qu'il la prolonge pendant dix vers encore. La bêtise croît à mesure qu'on avance. Se peut-il qu'on ait trouvé plaisantes des gentillesses comme celles-ci : « Son épée avait pour page une dague, qui était un «< peu petite pour son âge, et en conséquence l'ac«compagnait en la façon dont les nains suivaient « les chevaliers errants. C'était un poignard de ser<«< vice, bon pour la corvée et pour le combat; quand « il avait crevé une poitrine ou une tête, il servait « à nettoyer les souliers ou à planter des oignons'. » Tout tourne au trivial; si quelque beauté se pré

1.

Declining age of government,

And tell, with hieroglyphic spade,

Its own grave and the state's were made:
Like Samson's heart-breakers, it grew
In time to make a nation rue;
Thought it contributed its own fall,
To wait upon the public downfal.....
"Twas bound to suffer persecution,
And martyrdom, with resolution;
T'oppose itself against the hate
And vengeance of th' incensed state,
In whose defiance it was worn,
Still ready to be pull'd and torn,
With red-hot irons to be tortur'd,
Revil'd, and spit upon, and martyr'd.
Maugre all which, 'twas to stand fast,
As long as monarchy should last;
But when the state should hap to reel,
'Twas to submit to fatal steel,
And fall, as it was consecrate,
A sacrifice to fall of state,

Whose thread of life the fatal sisters

Did twist together with his whiskers,

And twine so close, that Time should never,

In life or death, their fortunes sever:

But with his rusty sickle mow

Both down together at a blow.

This sword a dagger had his page,

That was but little for his age,

sente, le burlesque la salit. A voir ces longs détails de cuisine, ces plaisanteries rampantes et crues, on croit avoir affaire à un amuseur des halles; ainsi parlent les charlatans des ponts quand ils approprient leur imagination et leur langage aux habitudes des tavernes et des taudis. L'ordure s'y trouve, en effet la canaille rit quand le bateleur fait allusion aux ignominies de la vie privée1. Voilà le grotesque dont les courtisans de la Restauration ont fait leurs délices; leur rancune et leur grossièreté se sont complu au spectacle de ces marionnettes criardes; d'ici à travers deux siècles, on entend le gros rire de cet auditoire de laquais.

IV

Charles II à table faisait orgueilleusement remarquer à Grammont que ses officiers le servaient à

And therefore waited on him so

As Dwarfs upon Knights errants do....
When it had stabb'd or broke a head,

It would scrape trenchers or chip bread.

....'T would make clean shoes, and in the earth
Set leeks and onions, and so forth.

Quoth Hudibras, I smell a rat.

Ralpho, thou dost prevaricate.

For though the thesis which thou lay'st
Be true adamussim as thou say'st,

(For that Bear-baiting should appear
Jure divino lawfuller

Than Synods are, thou dost deny,
Totidem verbis, so do I,)
Yet there is a fallacy in this;

For, if by thy Homœosis,

ge

noux. Ils faisaient bien, c'était là leur vraie posture. Le grand chancelier Clarendon, un des hommes les plus honorés et les plus honnêtes de la cour, apprend à l'improviste, en plein conseil, que sa fille Anne est grosse des œuvres du duc d'York, et que ce duc, frère du roi, lui a promis mariage. Voici les paroles de ce tendre père; il a pris soin lui-même de nous les transmettre. « Le chancelier' s'emporta «< avec une excessive colère contre la perversité de « sa fille et dit avec toute la véhémence imaginable « qu'aussitôt qu'il serait chez lui, il la mettrait à la « porte comme une prostituée, lui déclarant qu'elle « eût à se pourvoir comme elle pourrait, et qu'il ne « la reverrait jamais. » Remarquez que ee grand homme avait reçu la nouvelle par surprise chez le roi, et qu'il trouvait du premier coup ces accents généreux et paternels. « Il ajouta qu'il aimerait

«

beaucoup mieux que sa fille fût la catin du duc << que de la voir sa femme. » N'est-ce pas héroïque? Mais laissons-le parler. Un cœur si noblement monarchique peut seul se surpasser lui-même. « Il était

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prêt à donner un avis positif, et il espérait que <«<leurs seigneuries se joindraient à lui pour que le « roi fît à l'instant envoyer la femme à la Tour, où «elle serait jetée dans un cachot, sous une garde si << stricte que nulle personne vivante ne pût être ad

Tussis pro crepitu, an art
Under a Cough to slur a Fart,
Thou wouldst sophistically imply,
Both are unlawful, I deny.

1, Mémoires de Clarendon, t. II, p. 65,

<< mise auprès d'elle, qu'aussitôt après on présen«terait un acte au Parlement pour lui faire couper « la tête, que non-seulement il y donnerait son con<< sentement, mais qu'il serait le premier à le pro« poser. » Quelle vertu romaine! Et de peur de n'être pas cru, il insiste. « Quiconque connaîtra le chan«celier croira qu'il a dit cela de tout son cœur. » Il n'est pas encore content, il répète son avis, il s'adresse au roi avec toutes sortes de raisons concluantes pour obtenir qu'on tranche la tête à sa fille. « J'aimerais mieux me soumettre à son déshon

neur et le supporter en toute humilité que le voir « réparé par son mariage, pensée que j'exècre si fort « que je serais bien plus content de la voir morte « avec toute l'infamie qui est due à sa présomp<«<tion! » Voilà comment, en cas difficile, un homme garde ses traitements et sa simarre. Sir Charles Berkeley, capitaine des gardes du duc d'York, fit mieux encore; il jura solennellement « qu'il avait couché >> avec la jeune fille, et se dit prêt à l'épouser « pour

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l'amour du duc, quoique sachant le commerce du «<duc avec elle. » Puis un peu après il avoua qu'il avait menti, mais en tout bien, tout honneur, afin de sauver la famille royale de cette mésalliance. Ce beau dévouement fut payé; il eut bientôt une pension sur la cassette et fut créé comte de Falmouth. Dès l'abord, la bassesse des corps publics avait égalé celle des particuliers. La chambre des communes, tout à l'heure reine, encore pleine de presbytériens, de rebelles et de vainqueurs, vota « que ni elle ni le peuple d'An

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gleterre ne pouvaient être exempts du crime hor«rible de rébellion et de sa juste peine, s'ils ne s'appliquaient formellement la grâce et le pardon « accordés par Sa Majesté dans la déclaration de «Breda.» Puis tous ces héros allèrent en corps se jeter avec contrition aux pieds sacrés de leur monarque. Dans cet affaissement universel, il semblait que personne n'avait plus de cœur. Le roi se fait le mercenaire de Louis XIV, et vend son pays pour une pension de 200 000 livres. Des ministres, des membres du Parlement, des ambassadeurs reçoivent l'argent de la France. La contagion gagna jusqu'aux patriotes, jusqu'aux plus purs, jusqu'aux martyrs. Lord Russell intrigua avec la cour de Versailles; Algernon Sidney accepta 500 guinées. Ils n'ont plus assez de goût pour garder un peu d'esprit, ils n'ont plus assez d'esprit pour garder un

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Si vous regardez l'homme ainsi découronné, vous y retrouverez d'abord les instincts sanguinaires de la brute primitive. Un membre de la chambre des

1. Mr. Evelyn tells me of several of the menial servants of the Court lacking bread, that have not received a farthing wages since the king's coming in. (1667. Pepys.)

Mr. Povy says that to this day the king do follow the women as much as he ever did. — That the Duke of York hath come out of his wife's bed and gone to others laid in bed for him; that the family (of the duke) is in horrible debt, by spending above 60 000 liv. per annum, when he hath not 40 000 liv.

It is certain that, as it now is, the seamen of England, in my conscience, would, if they could, go over and serve the King of France or Holland, rather than us. (24 juin 1667. Ibid.)

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