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CHAPITRE V.

LA RENAISSANCE CHRÉTIENNE.

I. Les vices de la Renaissance païenne. lisations du Midi.

Décadence des civi

rer.

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Luther.

II. La réforme. - Aptitude des races germaniques et convenance des climats du Nord. Les corps et les âmes chez Albert DüSes Martyres et ses Jugements derniers. Sa conception de la justice. Construction du protestantisme. - La crise de la conscience. La rénovation du cœur. -La suppression des pratiques. clergé.

III. La réforme en Angleterre.

La transformation du

La tyrannie des cours ecclé

siastiques. Les désordres du clergé. — L'irritation du peu

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-La traduction de la Bible. ques et les sentiments hébraïques sont d'accord avec les mœurs contemporaines et le caractère anglais. Le Prayer-Book. Poésie morale et virile des prières et des offices. La prédication. - Latimer. Son éducation. Son caractère. éloquence familière et persuasive. Sa mort. Les martyrs sous Marie. L'Angleterre est désormais protestante. IV. Les anglicans. Proximité de la religion et du monde. Comment le sentiment religieux pénètre dans la lit'érature.Comment le sentiment du beau subsiste dans la religion. Hooker. Sa largeur d'esprit et son ampleur de style. Hales et Chillingworth. Éloge de la raison et de la tolé

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V. Les puritains. Opposition de la religion et du monde.

LITT. ANGL.

I-13

Les dogmes.

La morale.

et leur enthousiasme.

Bunyan.

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Les scrupules. - Leur triomphe Leur œuvre et leur sens pratique.

Sa vie, son esprit et son poëme. Avenir du

protestantisme en Angleterre.

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I

« Que le lecteur sache bien, dit Luther dans sa préface', que j'ai été moine et papiste outré, tellement enivré, ou plutôt englouti dans les doctrines papales, que j'eusse été tout prêt, si je l'avais pu, à tuer ou à vouloir faire tuer ceux qui auraient rejeté l'obéissance au pape, même d'une syllabe. Je n'étais pas tout froid et tout glace pour défendre le pape, comme Eck et ses pareils qui, véritablement, me semblaient se faire les défenseurs du pape plutôt à cause de leur ventre que parce qu'ils prenaient la chose sérieusement. Il y a plus: encore aujourd'hui il me semble qu'ils se moquent du pape en épicuriens. Moi, j'y allais de franc cœur, en homme qui a craint horriblement le jour du jugement et qui néanmoins souhaitait d'être sauvé avec un tressaillement de toutes ses moelles. » Ainsi, quand pour la première fois Luther aperçut Rome, il se prosterna disant : « Je te salue, sainte Rome... baignée du sang de tant de martyrs. » Imaginez, si vous le pouvez, l'effet que fit sur un pareil esprit si loyal, si chrétien, le paganisme effronté de la Renaissance italienne. La

1. Édition des œuvres complètes, t. I.

beauté des arts, la grâce de la vie raffinée et sensuelle n'avaient point de prise sur lui; ce sont les mœurs qu'il jugeait, et il ne les jugeait qu'avec sa conscience. Il regarda cette civilisation du Midi avec des yeux d'homme du Nord, et n'en comprit que les vices, comme Ascham qui disait avoir vu « à Venise plus de crimes et d'infamies en huit jours qu'en toute sa vie en Angleterre. » Comme aujourd'hui Arnold et Channing, comme tous les hommes de race1 et d'éducation germaniques, il eut horreur de cette vie voluptueuse, tantôt insouciante, tantôt effrénée, mais toujours affranchie des préoccupations morales, livrée à la passion, égayée par l'ironie, bornée au présent, vide du sentiment de l'infini, sans autre culte l'admiration de la beauté visible, sans autre objet la recherche du plaisir, sans autre religion que que les terreurs de l'imagination et l'idolâtrie des yeux. « Je ne voudrais pas, disait-il au retour, pour cent mille florins n'avoir pas vu Rome; je me serais toujours inquiété si je ne faisais pas injustice au pape'. Les crimes à Rome sont incroyables; personne ne pourra croire à une perversité si grande s'il n'a le témoignage de ses yeux, de ses oreilles, de son expérience..... Là règnent toutes les scélératesses et les infamies, tous les crimes atroces, principalement l'avidité aveugle, le mépris de Dieu, les parjures, le sodomisme..... Nous autres Allemands,

que

1. Voyez dans Corinne le jugement de lord Nevil sur les Italiens.

2. Tischreden, passim.

nous nous gorgeons de boisson jusqu'à nous crever, tandis que les Italiens sont sobres. Mais ce sont les plus impies des hommes; ils se moquent de la vraie religion, ils nous raillent nous autres chrétiens, parce que nous croyons tout dans l'Écriture..... Il y a un mot en Italie qu'ils disent quand ils vont à l'église : « Allons nous conformer à l'erreur populaire. >> << Si << nous étions obligés, disent-ils encore, de croire en << tout la parole de Dieu, nous serions les plus misé«rables des hommes, et nous ne pourrions jamais << avoir un moment de gaieté; il faut prendre une mine << convenable et ne pas tout croire. » C'est ce que fit le pape Léon X, qui, entendant disputer sur l'immortalité et la mortalité de l'âme, se rangea au dernier avis. « Car, dit-il, ce serait terrible de croire à une <«< vie future. La conscience est une méchante bête qui << arme l'homme contre lui-même.... » Les Italiens sont ou épicuriens ou superstitieux. Le peuple craint plus saint Antoine et saint Sébastien que le Christ, à cause des plaies qu'ils envoient. C'est pourquoi quand on veut empêcher les Italiens d'uriner en un lieu, on y peint saint Antoine avec sa lance de feu. Voilà comment ils vivent dans une extrême superstition, sans connaître la parole de Dieu, ne croyant ni à la résurrection de la chair, ni à la vie éternelle, et ne craignant que les plaies temporelles. - Aussi leurs blasphèmes sont affreux..., et dans les vengeances leur cruauté est atroce; quand ils ne peuvent se défaire de leurs ennemis d'une autre façon, ils leur dressent des guet-apens dans les églises,

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