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à se dire en termes clairs: Vous êtes un poltron, un glouton, un imbécile, un bouffon, un libertin, une brute! Vous êtes une sotte, une langue de perroquet, une folle, une... (le mot y est'.) - On juge du ton qu'ils prennent lorsqu'ils sont en colère.

Un mendiant ivre, dit Émilie dans Othello, ne jetterait pas de pires injures à sa concubine. » Ils ont un vocabulaire de gros mots aussi complet que celui de Rabelais, et ils l'épuisent. Ils prennent la boue à pleines mains et la lancent à leur adversaire sans croire se salir.

Les actions répondent aux paroles. Ils vont sans pudeur ni pitié jusqu'à l'extrémité de leur passion. Ils assassinent, ils empoisonnent, ils violent, ils incendient, et la scène n'est remplie que d'abominations. Shakspeare met sur son théâtre toutes les actions atroces des guerres civiles. Ce sont les mœurs des loups et des hyènes. Il faut lire la sédition de Jack Cade pour prendre une idée de ces folies et de ces fureurs. On croit voir des animaux révoltés, la stupidité meurtrière d'un loup lâché dans une

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8

I will go to the antipodes.... rather than hold three words' conference with this harpy.... I cannot endure my lady Tongue.

DON PEDRO.

You have put him down, lady, you have put him down.

BEATRICE.

So I would not he should do me, my lord, but I should prove the mother of fools.

2.

He call'd her whore; a beggar, in his drink,
Could not have laid such terms upon his callet.

3. Henry VI, 2e part., acte IV, scène III.

bergerie, la brutalité d'un pourceau qui se soûle et se roule dans l'ordure et dans le sang. Ils détruisent, ils tuent, ils se tuent entre eux; les pieds dans le meurtre, ils demandent à manger et à boire; ils plantent les têtes au bout des piques, ils les font s'entre-baiser, et ils rient'.

Allez, dit Jack Cade, brûlez toutes les archives du royaume; ma bouche maintenant sera le parlement d'Angleterre.... Le plus orgueilleux pair du royaume ne portera sa tête sur ses épaules qu'après m'avoir payé tribut. Et il n'y aura pas une fille mariée qui ne me donne d'abord en payement son pucelage.... A présent, en Angleterre, on vendra deux sous sept pains d'un sou. Il n'y aura plus d'argent. Tous boiront et mangeront à mes frais, et je les habillerai tous avec la même livrée.... Comme me voilà ici, assis sur la pierre de Londres, j'ordonne et commande que le conduit au pissat ne verse plus que du bordeaux, cette première année de notre règne, et cela aux frais de la ville.... Et à présent toutes les choses seront en commun.... Qu'est-ce que tu peux répondre à Ma Ma

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There shall be in England seven half-penny loaves sold for a penny.... There shall be no money; all shall eat and drink on my score, and I will apparel them all in our livery.

And here, sitting upon London-stone, I charge and command, that, of the city's cost, the pissing-cond uit run nothing but claretwine this first year of our reign.... Away, burn all the records of the realm; my mouth shall be the parliament of England.... An henceforth all things shall be held ih common..... What canst thou answer to my majesty for giving up of Normandy unto Monsieur Basimecu, the dauphin of France,?

The proudest peer of the realm shall not wear a head on his shoulders unless he pays me tribute; there shall not be a maid married, but she shall pay to me her maidenhead ere they have it. (Re-enter rebels with the heads of Lord SAY and his son-in-law.) But is not this braver? Let them kiss one another, for they loved well when they were alive.

jesté pour avoir livré la Normandie à Monsieur Basime cu, le dauphin de France? (On apporte les têtes de lord Say et de son gendre.) Voilà qui est mieux. Qu'ils se baisent entre eux, car ils s'aimaient bien de leur vivant.

Il ne faut pas lâcher l'homme, on ne sait quelles convoitises et quelles fureurs peuvent couver sous une apparence unie! Jamais la nature n'a été si laide, et cette laideur est la vérité.

Ces mœurs de cannibales ne se rencontrent-elles que chez la canaille? Les princes font pis. Le duc de Cornouailles commande de lier sur une chaise le vieux duc de Glocester, parce que c'est grâce à lui que le roi Lear s'est échappé.

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CORNOUAILLES.

....Tenez la chaise. Je vais mettre le pied sur ces yeux que voilà. (On tient Glocester pendant que Cornouailles lui arrache un œil et met son pied dessus.)

GLOCESTER.

Que celui de vous qui veut vivre vieux

cours. O cruel! ô vous, dieux !

RÉGANE (fille de Lear).

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Un côté serait jaloux de l'autre. L'autre aussi.

CORNOUAILLES (riant).

Si maintenant tu peux voir ta vengeance........

UN SERVITEUR.

Arrêtez votre main, monseigneur. - J'ai commencé à vous servir quand j'étais encore enfant; mais je ne vous aurai jamais rendu de plus grand service-que de vous dire d'arrêter.

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CORNOUAILLES.

Ah! mon drôle! (Il tire son épée et court sur lui.)

LE SERVITEUR.

Eh bien! venez, et courez la chance de votre colère ! (Il tire son épée. Ils se battent. Cornouailles est blessé.)

RÉGANE (à un autre serviteur).

---

Donne-moi ton épée. Un paysan qui s'attaque à nous! (Elle arrache l'épée, vient par derrière et l'en perce.)

LE SERVITEUR.

Oh! je suis tué!... Monseigneur, il vous reste un œil pour voir le sang que je lui ai tiré. Oh! (Il meurt.)

CORNOUAILLES.

Il n'en verra pas davantage, je l'en empêcherai. (Il met le 'doigt sur l'œil de Glocester.) - Dehors, sale gelée! - Où est ton lustre à présent? (Il arrache l'autre œil de Glocester et le jette par terre.)

GLOCESTER.

Tout est ténèbres et désolation. Où est mon fils?

RÉGANE.

Allez, jetez-le hors des portes, et qu'il flaire sa route jusqu'à Douvres '.

Telles sont les mœurs de ce théâtre. Elles sont sans frein comme celles du temps et comme l'ima

1.

Fellows, hold the chair:

Upon these eyes of thine I'll set my foot.

(Gloster is held down in the chair, while Cornwall plucks out one of his eyes, and sets his foot on it.)

GLOSTER.

He that will think to live till he be old,

Give me some help: -O cruel! O ye gods!

REGAN.

One side will mock another; the other too.

CORNWALL.

If you see vengeance,...

SERVANT.

Hold your hand, my lord.

I have serv'd you ever since I was a child:
But better service have I never done you,

LITT. ANGL.

II-8

gination du poëte. Copier les actions plates de la vie journalière, les puérilités et les faiblesses où s'abaissent incessamment les plus grands personnages, les emportements qui les dégradent, les paroles crues, dures ou sales, et les actions atroces où se déploient la licence, la brutalité, la férocité de la nature primitive, voilà l'œuvre de l'imagination libre et nue. Copier ces laideurs et ces excès avec un choix de détails si familiers, si expressifs, si exacts, qu'ils font sentir sous chaque mot de chaque personnage une civilisation tout entière, voilà l'œuvre de l'imagination concentrée et toute-puissante. Cette nature des mœurs et cette énergie de la peinture indiquent

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you did wear a beard upon your chin,

I'd shake it in this quarrel: What do you mean?

My villain!

CORNWALL.

(Draws, and runs at him.)

SERVANT.

Nay, then come down, and take the chance of anger.

(Draws; they fight; Cornwall is wounded.)

REGAN.

Give me thy sword. (To another servant.)

A peasant stand up thus!

(Snatches a sword, comes behind, and stabs him.)

SERVANT.

O, I am slain! My lord! you have one eye left

To see some mischief in him:-O!

CORNWALL.

Lest it see more, prevent it:-Out, vile jelly:

Where is thy lustre now?

(Dies.)

(Tears out Gloster's other eye, and throws it on the ground.)

GLOSTER.

All dark and comfortless. Where's my son?...

REGAN.

Go, thrust him out at gates, and let him smell

His way to Dover....

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