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ESSAI SUR L'HOMME, ÉPITRE I.

II

Quand le coursier saura pourquoi ma main prudente
Presse ses pas trop lents, retient sa fougue ardente,
Le bœuf, par quel tissu de contradictions
L'Homme l'enchaîne au joug, le pare de festons,
Avec soin le nourrit ou sans pitié l'opprime,
En fait tantôt un Dicu, tantôt une victime,
L'Homme, peut-être alors, comprendra son destin,
Ses folles passions, leur usage et leur fin,

Ses vœux, ses actions, ses erreurs, sa sagesse,
Ses maux et ses plaisirs, sa force et sa faiblesse,
Pourquoi fier ou rampant, jamais dans le milieu,
Tantôt il est esclave, et tantôt presque Dieu.

Ne vas donc point au ciel reprocher ta disgrace.
Dis plutôt : Je suis tel que l'exige ma place;
Un état plus parfait ne me conviendrait point;
Ma vie est un moment, mon espace est un point;
Vivons en paix ici jusqu'à la dernière heure:

Si je dois être heureux dans quelqu'autre demeure,
Que m'importe le lieu, que m'importe le temps;
L'homme heureux d'aujourd'hui l'est depuis cent mille ans.

III. Bénis, surtout, bénis ton heureuse ignorance;
Le ciel sur ton état mesura ta science; (1
Le livre des destins, à tout être vivant,
Montre l'instant qui coule, et jamais le suivant.

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From brutes what men, from men what spirits know:
Or who could suffer being here below?

The lamb thy riot dooms to bleed to day,
Had he thy reason, would he skip and play?
Pleas'd to the last, he crops the flow'ry food,

And licks the hand just rais'd to shed his blood.
Oh blindness to the future! kindly giv❜n,
That each may fill the circle mark'd by Heav'n :
Who sees with equal eye, as God of all,
A hero perish, or a sparrow fall,

Atoms or systems into ruin hurl'd,

And now a bubble burst, and now a world.

Hope humbly then; with trembling pinions soar; Wait the great teacher Death; and God adore. What future bliss, he gives not thee to know, But gives that Hope to be thy blessing now. Hope springs eternal in the human breast. Man never is, but always To be blest : The soul, uneasy and confin'd at home, Rests and expatiates in a life to come.

Lo, the poor Indian! whose untutor'd mind Sees God in clouds, or hears him in the wind;

1

maître universel qui voit d'un œil égal pirer un insecte ou périr Annibal,

› bulles d'eau crever, ou des cieux se dissoudre, atôme détruit, ou des mondes en poudre. Ah! puisqu'à tes regards tout est obscur encor, emblant devant ton Dieu, prends un timide essor. mort est le grand maître, attends qu'elle t'éclaire. du bonheur futur Dieu nous fait un mystère, moins le doux espoir vient consoler nos jours; espoir au fond du cœur se reproduit toujours; Homme jamais heureux s'attend toujours à l'être, dans le triste exil où le ciel l'a fait naître, ans le riant lointain d'un avenir flatteur, ance sa pensée, et repose son cœur.

Crois un doux avenir; vois l'Indien sauvage,

se peint Dieu dans l'air, il l'entend dans l'orage,

His Soul, proud science never taught to stray
Far as the solar walk, or milky way ;

Yet simple Nature to his hope has giv'n,

Behind the cloud-topt hill, an humbler heav'n;
Some safer world in depth of woods embrac'd,
Some happier island in the watry waste,

Where slaves once more their native land behold,
No fiends torment, no Christians thirst for gold.、
To Be, contents his natural desire,

He asks no Angel's wing, no Seraph's fire;
But thinks, admitted to that equal sky,

His faithful dog shall bear him company.

IV. Go, wiser thou! and, in thy scale of sense, Weigh thy Opinion against Providence ; Call imperfection what thou fancy'st such; Say, here he gives too little, there too much : Destroy all creatures for thy sport or gust, Yet cry, If Man's unhappy, God's unjust; If Man alone ingross not Heav'n's high care,

Alone made perfect here, immortal there:

imple ambition se borne au plaisir d'être ; quelque désir en son cœur ose naître,

st que dans ce beau ciel, pour charmer son ennui, chien, ami fidèle, ait place auprès de lui.

V. Mais toi, sois plus hardi ; va, mets dans la balance folle opinion avec la Providence ;

, tout est imparfait quoique formé par Dieu;
sa main donne trop, ici donne trop peu ;
truis tout l'univers pour flatter ton caprice;
Créateur commun accuse la justice.

tu n'es seul ici l'objet de son amour,

al parfait maintenant, seul immortel un jour;
rache lui son sceptre, et ceins son diadême ;
e juger ton juge, et sois dieu de Dieu même.

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