D'un océan de feu l'éternelle tempête,
Lieux où règnent la nuit, la douleur et le deuil.
Tel n'était point le ciel d'où tomba leur orgueil:
Paisible, délivré de ses sujets rebelles,
Les hymnes, les festins, les pompes solennelles,
Tout renaît; son séjour est plus doux, l'air plus pur,
Et la voûte céleste a repris son azur.
Alors, heureux vainqueur de leur ligue infernale,
Le fils de Dieu reprend sa marche triomphale;
Il revient, son char roule, et ses anges en chœur
Accompagnent leur maître et chantent le vainqueur.
Lui seul a triomphé; mais fiers de sa victoire,
Tous portent devant lui les palmes de la gloire :
« Béni sois, disaient-ils, sois béni mille fois,
Toi, le fils, l'héritier du souverain des rois,
Roi toi-même ! » Au milieu des hymnes, des cantiques,
Il avance, il atteint les célestes portiques,
Franchit leurs portes d'or, entre dans le saint lieu.
Sur son trône, exhaussé près du trône de Dieu,
Il monte, il lui remet ses foudres paternelles,
Et partage avec lui ses splendeurs éternelles.
Tu le vois, aux objets de ces terrestres lieux,
Pour toi, dans mes récits, assimilant les cieux,
De Dieu sur des ingrats j'ai conté la victoire :
Adam, pour ton bonheur, garde-s-en la mémoire !
Satan vous voit tous deux avec des yeux jaloux;
Ses malheurs partagés lui sembleraient plus doux ;
Il voudrait se venger du Maître du tonnerre,
Et consoler l'enfer par les maux de la terre;
Il ne prétend rien moins, dans son horrible vœu,
Que les malheurs d'un monde et les affronts d'un Dieu.