Page images
PDF
EPUB

Ainsi le même objet vu sous un autre jour,
Peut nous paraître vice et vertu tour à tour.

L'homme a vingt passions qui maîtrisent son âme; Mais il n'en est que deux pour le cœur d'une femme: Par ces deux grands ressorts il semble se mouvoir; C'est l'amour du plaisir et l'amour du pouvoir. La nature lui dit : le plaisir vous appelle: A la douce leçon toute femme est fidèle. L'expérience alors vient tout bas l'avertir Que c'est par le pouvoir qu'on fixe le plaisir. L'homme en vain tyrannise un sexe qui le brave, La femme est une reine et l'homme est un esclave.

Un homme aime à penser, un autre aime à jouir; Toute femme en tout tems court après le plaisir. Mondor veut occuper, Damis quitter la scène ; Toute femme en tout tems veut être souveraine.

Plus heureuse la femme au front pur et serein, Qui nous plaît aujourd'hui, qui nous plaira demain; Qui voit briller sa sœur sans lui porter envie, Permet qu'à ses côtés sa fille soit jolie, Pour lui répondre attend qu'un époux soit calmé, Le proclame vainqueur quand il est désarmé, Cédant tout, obtient tout, triomphe par faiblesse, Et paraissant esclave en devient plus maîtresse ; Que nous voyons toujours sans humeur et sans bruit Gorger un quinola, manquer un bal de nuit ; Qui n'a point de vapeurs, qui n'a point de migraine,

And mistress of herself, tho' china fall.

This Phoebus promis'd (I forget the year) When those blue eyes first open'd on the sphere; Ascendant Phoebus watch'd that hour with care, Averted half your parents' simple pray'r And gave you beauty, but deny'd the pelf That buys your sex a tyrant o'er itself. The gen'rous God, who wit and gold refines, And ripens spirits as he ripens mines, Kept dross for duchesses, the world shall know it, To you gave sense, good-humour, and a poet.

Même quand son valet casse une porcelaine.
A l'univers, le ciel fit ce don précieux

Le jour qu'à la lumière il ouvrit vos beaux yeux.
Apollon vint, guetta l'instant de la naissance,
Se plut à cultiver votre docile enfance;

D'un sexe fier et doux, d'un sexe aimable et faux,
Vous donna les vertus, vous ôta les défauts,
Et, réservant ceux-ci pour faire une coquette,
Vous donna du bon sens, un bon cœur, un poëte.

LORD HERVEY.

ROXANA TO USBECK.

THINK not I write my innocence to prove,
To sue for pity, or awake thy love:

No mean defence expect, or abject pray'rs;
Thou know'st no mercy, and I know no tears.
I laugh at all thy vengeance has decreed,
Avow the fact, and glory in the deed.

Yes, tyrant, I deceiv'd thy spies and thee: Pleas'd in oppression and in bondage free; The rigid agents of thy cruel laws By gold I won to aid my juster cause; With dextrous skill eluded all thy care, And acted more than jealousy could fear. To wanton bow'rs this prison-house I turn'd, And bless'd that absence which you thought I mourn'd. But short those joys allow'd by niggard fate, Yet, so refin'd, so exquisitely great,

LORD HERVEY.

JE

E

ROXANE A USBEK.

Je t'écris; ne crois pas que, par un vain détour;
Implorant ta pitié, réveillant ton amour,

Je prétende à tes yeux prouver mon innocence!
Non, je chéris mon crime et brave ta vengeance;
Rien ne pourrait, Usbek, en ces momens d'horreurs,
Ni fléchir ton courroux, ni m'arracher des pleurs.
Je ne m'abbaisse point jusques à la prière;
Roxane fut coupable et Roxane en est fière!
Oui, tyran, j'ai trompé tes esclaves et toi!
Ces ministres hideux d'une barbare loi,
Séduits par mes bienfaits, m'ont vendu leur adresse;
Dans ton esclave, ils ont reconnu leur maîtresse;
Et, dociles agents de mes secrets desirs,

Trahi ta jalousie et servi mes plaisirs.

Tandis que ton orgueil, comptant sur ma constance, loin de toi, je pleurais ton absence;

Croyait que,

Quand, laissant un sérail peuplé de vingt beautés
Tu volais à Paris vers d'autres voluptés

« PreviousContinue »