Page images
PDF
EPUB

Je gage contre toi ce beau bâton d'épine
Qu'il donnera le prix à ma tendre héroïne.

COLAS.

Vois cette tabatière et ce beau médaillon,
Et cet épi formé des cheveux de Fanchon
Et ce cercle doré, Guillot, je te la donne
Si Gros-Jean à mes vers n'adjuge la couronne.

GUILLOT.

Bon, c'est dit, tope là. Commence ta chanson; J'aurai la tabatière ou Colas le bâton.

COLAS.

Fanchon est une fleur nouvellement éclose,
Douce comme le thym, fraîche comme la rose.
J'aime à voir le lilas couronner un bosquet,
Le zéphir doucement balancer le bleuet,
Ma main avec plaisir cueille la noble épine (1)
Et le jasmin me plaît par sa feuille argentine.
Noble épine, jasmin, ou lilas, ou bleuet,
Auprès de ma Fanchon tout cela disparaît.

GUILLOT.

Jeannette est vive et leste, et ses grâces légères

(1) Les paysans nomment ainsi l'aube-épine.

That e'er at wake delightsome gambol play'd:
Clean as young lambkins, or the goose's down,
And like the goldfinch in her Sunday gown.
The witless lamb may sport upon the plain,
The frisking kid delight the gaping swain ;
The wanton calf may skip with many a bound,
And
my cur Tray play deftest feats around :
But neither lamb, nor kid, nor calf, nor Tray,
Dance like Buxoma on the first of May.

LOBBIN CLOUT.

Sweet is toil when Blouzelind is near;
my
Of her bereft, 'tis winter all the year.
With her no sultry summer's heat I know;
In winter, when she's nigh, with love I glow.
Come, Blouzelinda, ease thy swain's desire,
My summer's shadow, and my winter's fire!

CUDDY.

As with Buxoma once I work'd at hay,
Ev'n noon-tide labour seem'd an holiday;
And holidays, if haply she were gone,

Like worky-days I wish'd would soon be done.
Eftsoons, o sweet-heart kind, my love repay,
And all the
year shall then be holiday.

Aux danses du village éclipsent nos bergères.
Dans la plaine j'ai vu bondir le jeune agneau,
Et sur les fleurs des prés folâtrer le chevreau;
Mon petit chien Azor, présent de ma maîtresse,
Du daim le plus agile a toute la vitesse;

Mais Jeannette, à la danse, est plus légère encor
Que l'agneau, le chevreau, le petit chien Azor.

COLAS.

Toujours, près de Fanchon, j'ai du cœur à l'ouvrage; L'hiver est sans gelée et l'été sans orage.

Est-elle loin, alors je souffre, je languis,

Le printems est sans fleurs et l'automne sans fruits. Viens, Fanchon, je me crois, dès que je t'envisage, Au coin du feu l'hiver, et l'été sous l'ombrage.

GUILLOT.

Aux heures de travail, aux heures de loisir,
L'amour seul fait ma peine, il fait seul mon plaisir.
Quand Jeannette avec moi travaille tête à tête,
Chaque jour ouvrier devient un jour de fête.
Loin d'elle tous nos jeux ne font que m'ennuyer,
Le jour de fête alors est un jour ouvrier.
Reviens, ô ma Jeannette, et, prenant ma revanche,
Tous les jours je dirai: c'est aujourd'hui dimanche!

LOBBIN CLOUT.

As Blouzelinda, in a gamesome mood,
Behind a hay-cock loudly laughing stood,
I slily ran, and snatch'd a hasty kiss ;
She wip'd her lips, nor took it much amiss.
Believe me, Cuddy, while I'm bold to say,
Her breath was sweeter than the ripen'd hay.

CUDDY.

As my Buxoma, in a morning fair,
With gentle finger strok'd her milky care,
I quaintly stole a kiss; at first, 'tis true,
She frown'd, yet after granted one or two.
Lobbin, I swear, believe who will my vows,
Her breath by far excell'd the breathing cows.

LOBBIN CLOUT.

Leek to the Welch, to Dutchmen butter's dear,
Of Irish swains potatoe is the cheer;

Oats for their feasts the Scottish shepherds grind,
Sweet turnips are the food of Blouzelind:
While she loves turnips, butter I'll despise,

Nor leeks, nor oatmeal, nor potatoe prize.

COLAS.

Fanchon, un certain jour que je la croyais loin,
En riant se cachait derrière un tas de foin.
Doucement, doucement je me glisse, et j'attrape
Un baiser..... De sa main je reçus une tape.
Mais son souffle, Guillot, tu vas être fàché,
Est plus doux que le foin nouvellement fauché.

GUILLOT.

Jeanneton, un matin, allait traire sa vache,
Dans l'étable aussitôt j'arrive, je me cache;
Je dérobe un baiser.... on gronde tout de bon,
Puis on s'appaise, et puis on en donne un second;
Colas, ceci pourra te faire de la peine,

Mais le lait est moins frais, moins pur que son haleine.

COLAS.

Fanchon a si bon goût! dans un festin, le plat
Qu'elle choisit, toujours est le plus délicat.
La Provence aime l'ail et la Flandre le beurre;
De pomme le Normand se régale à toute heure;
La châtaigne à Limoge est un manger parfait;
Mais Fanchon n'aime rien à l'égal du navet.
Elle aime le navet, et dès lors je dédaigne
Et le beurre et la pomme, et l'ail et la châtaigne.

« PreviousContinue »