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Vous serez dignes d'eux, vous serez les Spencers
Qui chérissent les arts, et commandent aux mers:
Bienfaitrice sévère, Albion vous contemple;
Salaire des vertus, Bleinheim en doit l'exemple:
Oui, s'il ne reproduit un exemple si beau,
Le temple de la gloire en devient le tombeau.
Mais que dis-je ? aux talens, au vieil honneur fidèle,
Bleinheim au monde encore en offre le modèle;
L'immortelle Uranie en habite les tours;

Là, de plus d'une étoile Herschel traça le cours,
Herschel qui de Newton agrandit l'héritage.

Un jour peut-être, un jour, par un nouvel hommage,
Malbrough, astre nouveau, prendra sa place aux cieux;
Herschel lu. marquera son chemin radioux.

Jadis craint sur la terre, aujourd'hui sur les ondes,
Ses feux à vos vaisseaux montreront les deux mondes:
Mais quels lieux verront-ils? quel climat reculé,
Où du fameux Malbrough le nom n'ait pas volé,
Et ne se mêle pas, sur ces plages lointaines,
Aux grands noms des Condés,aux grands noms des Turennes
Acesnoms mon cœur bat,des pleurs mouillent mesyeux:
berceau de nos aïeux!

O France! ô doux pays,

Si je puis t'oublier, si tu n'es

pas sans cesse

Le sujet de mes chants, l'objet de ma tendresse,
Que de te voir jamais je perde le bonheur,

Que mon nom soit sans gloire, et mes chants sans honneur!
Adieu, Bleinheim: Chambord à son tour me rappelle 1o,
Chambord qu'obtint, pour prix de sa paľme immortelle,
Ce Saxon, ce héros adopté par mon roi,
Par qui Bieinheim peut-être envia Fontenoi.
Là ne s'élèvent point des tours si magnifiques,
D'aussi riches palais, d'aussi vastes portiques :
Mais sa gloire l'y suit; mais à de feints combats
Lui-même, en se jouant, conduit ses vieux soldats.
Tels au bord du Léthé, les héros du vieil âge
De la guerre, dit-on, aiment toujours l'image;
Et, dans ces lieux de paix trouvant les champs de Mars,
Dardent encor la lance, et font voler des chars.

FIN DU PREMIER CHANT.

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Vous-même, abandonnant pour leurs apres forêts
Et vos salons dorés et vos ombrages frais,

Viendrez au milieu d'eux dans une

paix profonde

Désenchanter vos cœurs des voluptés du monde.

LES JARDINS.

POÊME.

SECOND CHANT.

OH! si j'avais ce luth dont le charme autrefois
Entraînait sur l'Hémus les rochers et les bois,
Je le ferais parler; et sur les paysages

Les arbres tout à coup déploîraient leurs ombrages;
Le chêne, le tilleul, le cédre et l'oranger,

En cadence viendraient dans mes champs se ranger.
Mais l'antique harmonie a perdu ses merveilles:
La lyre est sans pouvoir, les rochers sans oreilles;
L'arbre reste immobile aux sons les plus flatteurs,
Et l'art et le travail sont les seuls enchanteurs.

Apprenez donc de l'art quel soin et quelle adresse
Prête aux arbres divers la grâce ou la richesse.

Par ses fruits, par ses fleurs, par son beau vêtement, L'arbre est de nos jardins le plus bel ornement:

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