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justice, de charité, de fraternité universelle que a Jésus-Christ a le premier proclamés dans le monde « et que son auguste vicaire sur la terre proclame de << nouveau au milieu des applaudissements de tous les

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De même M. l'évêque de Châlons, dans une lettre adressée à l'Univers, s'écrie: « Notre drapeau porte << maintenant pour devise: liberté, égalité, fraternité; << c'est tout l'Évangile dans sa plus simple expression. » De même encore, M. l'évêque de Nevers, dans une circulaire, demande : « pourquoi l'on s'effraierait d'un « gouvernement qui proclame la liberté, l'égalité, la « fraternité. Ces principes, ajoute-t-il (et remarquez << bien qu'il prend ces principes dans un sens politique), «< ces principes sont l'expression la plus pure des doc«<trines évangéliques, le caractère même du christia<< nisme que nous avons le bonheur de professer. Ils << forment la base de la morale que la religion enseigne << au monde. »>

Nous reproduirons encore ces belles paroles de M l'évêque de Séez: « L'Église suit les peuples dans << toutes leurs transformations politiques, mais pour << elle, le meilleur gouvernement est celui où les grands «< principes de liberté, d'égalité et de fraternité, qu'elle « a reçus de son divin fondateur, sont le mieux compris et le plus franchement mis en pratique. › Ainsi les principes de la bonne démocratie sont d'origine chrétienne et les mots nationaux qui forment notre

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symbole politique ne sont qu'un écho de la morale évangélique ; c'est l'épiscopat qui le déclare. Mais ce n'est pas tout : la révolution de 1848, notre révolution démocratique, où doit-elle tendre? quel est son caractère ? quel est son but? Cette Assemblée nationale, qui est chargée aujourd'hui du dépôt de notre avenir, à quelle mission les évêques l'ont-ils appelée? Écoutez M. l'évêque d'Ajaccio dans sa circulaire pour les élections! « Il s'agit, dit-il, d'assurer le triomphe pacifique des grands principes promulgués par l'Evangile, il y a < dix-huit siècles, et dont tous les vœux appellent en <«< ce moment, d'un bout de la France à l'autre, la sin« cère et complète application. » Écoutez M. l'évêque d'Angoulême dans la même occasion! Il demande pour les élus de la nation les vertus et les talents « nécessaires « pour réaliser d'une manière complète, dans notre << future Constitution, la devise qui proclame pour tous « la liberté, l'égalité, la fraternité, devise éminem«ment chrétienne. »>

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Appliquer à l'ordre social les principes chrétiens, réaliser une devise éminemment chrétienne, voilà donc, selon les évêques d'Ajaccio et d'Angoulême, l'oeuvre de notre Constituante et de toute la démocratie au dixneuvième siècle!

Parmi les évêques qui firent des vœux pour que le mouvement de février amenât une grande époque chrétienne, nous devons encore en citer un, qui s'est acquis une juste renommée par les rudes combats qu'il a soutenus sans

relâche pour la liberté. Nous voulons parler de M. l'évêque de Langres. Voici en effet ce que cet infatigable défenseur de l'Église écrivait à tous ses diocésains au premier retentissement des journées de Paris : « Il s'en « faut bien que les trois mots qui forment le pro<< gramme du nouveau gouvernement nous soient en << aucune manière antipathiques. Rien au contraire de « plus profondément, que dis-je ? de plus exclusive«ment chrétien que ces trois mots inscrits sur le dra«< peau national : liberté, égalité, fraternité. Loin de « répudier ces mots sublimes, le christianisme les revendique comme son ouvrage, comme sa création : « c'est lui, c'est lui seul qui les a introduits, qui les « a conservés, qui les a fait pratiquer dans le monde. »

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Et plus tard, à l'époque des élections, dans une seconde instruction pastorale, le même évêque, entrant davantage dans le détail, démontrait admirablement que le suffrage universel, institution qui, à coup sûr, est éminemment démocratique, tire directement sa source du christianisme : « Il est bien à remarquer, dit-il, que « le principe de l'égalité devant Dieu et devant les << hommes ne saurait être plus rigoureusement mis en pratique que dans cette grande et décisive opération. « Tous ont le même droit de déposer leur vote, et le « vote de tous a tout à fait la même valeur. Il n'existe << pas la moindre différence d'autorité entre le bulletin « du pauvre, du domestique, de l'ouvrier, et celui du «riche ou du maître. C'est donc la réalisation sociale

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« de ces admirables paroles du grand Apôtre : Il n'y a « parmi vous aucune distinction entre le roturier et le << noble, entre le serf et l'affranchi. »>

Il ne nous reste plus qu'à citer quelques lignes d'un beau mandement de M. l'évêque de Nancy, où nous trouvons précisément la même doctrine.

Le prélat montre d'abord comment, dans la marche providentielle de l'humanité, la volonté de Dieu se concilie avec la liberté humaine, et comment « les ré«volutions des empires, quand on les envisage au

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point de vue chrétien, apparaissent comme autant « de phases par lesquelles l'humanité doit passer pour « se développer et s'élever de plus en plus vers le mo« dèle de toute perfection. » Puis cette règle étant établie et après avoir proclamé que « c'est Dieu qui par

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l'Évangile a inauguré sur la terre les grands principes « de liberté, d'égalité et de fraternité universelle, » l'évêque, qui voit avec raison dans Jésus-Christ « le

grand fondateur de la liberté sur la terre, » en vient à notre époque, et voici comment il trace les devoirs de notre France du dix-neuvième siècle : « Il ne s'agit « de rien moins, » dit-il, « que d'établir un gouverne➡ << ment vraiment national qui réalise parmi nous le << gramme renfermé dans les trois mots évangéliques « que la République a pris pour devise : Liberté, éga« lité, fraternité. »

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Après tous ces imposants témoignages, ils seraient bien insensés, ceux qui oseraient soutenir encore que

la religion et la démocratie s'excluent mutuellement, de telle sorte que les démocrates ne devraient avoir de repos que le catholicisme n'ait été extirpé du sein de la société française, tandis que de leur côté les hommes religieux feraient tous leurs efforts pour entraver la marche ascendante de la démocratie, au risque de voir un jour celle-ci, obéissant à un mouvement de réaction inévitable, se porter aux plus grands excès contre la rcligion et ses ministres.

Mais, nous le disons avec confiance, ces extrémités ne sont pas à craindre. Les catholiques ne se laisseront pas aller aux sollicitations des vieux partis, des partis rétrogrades qui se sont si souvent joués des réclamations les plus légitimes et des droits les plus incontestables de l'Église. Les hommes religieux n'iront pas compromettre leur noble cause en se mettant à la suite de ces partis usés par dix-huit ans de corruption. Ils ont trop, pour commettre une pareille faute, le sentiment de la destinée immortelle de cette religion qui, toujours et partout, a si bien su s'identifier avec toutes les transformations progressives de l'humanité, qu'elle a le plus souvent préparées par son action visible ou cachée, et qu'elle a tout au moins modérées et dirigées, quand elle ne les a pas amenées.

Nous n'ajouterons qu'un mot pour compléter notre pensée. Le catholicisme, destiné, comme son nom l'indique, et suivant les desseins de son fondateur, à recevoir ses applications dans tous les temps, dans tous les

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