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sur la terre et dans l'air froissé du sifflement de leurs ailes bruyantes. Au printemps, quand le soleil marche avec le Taureau, des abeilles répandent en grappes autour de la ruche leur populeuse jeunesse : elles voltigent çà et là parmi la fraîche rosée et les fleurs, ou sur une planche unie, faubourg de leur citadelle de paille, nouvellement frottée de baume, elles discourent et délibèrent de leurs affaires. d'État aussi épaisse la troupe aérienne fourmillait et était serrée, jusqu'au moment du signal donné.

Voyez la merveille! Ceux qui paraissaient à présent surpasser en grandeur les géants, fils de la Terre, à présent moindres que les plus petits nains, s'entassent sans nombre dans un espace étroit : ils ressemblent à la race des pygmées au delà de la montagne de l'Inde, ou bien à des fées dans leur orgie de minuit, à la lisière d'une forêt, ou au bord d'une fontaine, que quelque paysan en retard voit ou rêve qu'il voit, tandis que sur sa tête la lune siége arbitre et incline plus près de la terre sa pâle course: appliquées à leurs danses ou à leurs jeux, ces esprits légers charment l'oreille du paysan avec une agréable musique; son cœur bat à la fois de joie et de frayeur.

Ainsi des esprits incorporels réduisirent à la plus petite proportion leur stature immense, et furent au large, quoique toujours sansnombre, dans la salle de cette cour infernale. Mais loin dans l'inté

To mortal combat, or career with lance)

Thick swarm'd, both on the ground and in the air,
Brush'd with the hiss of rustling wings. As bees
In spring-time, when the sun with Taurus rides,
Pour forth their populous youth about the hive
In clusters they among fresh dews and flowers
Fly to and fro, or on the smoothed plank,
The suburb of their straw-built citadel,
New rubb'd with balm, expatiate, and confer
Their state-affairs : so thick the aery crowd

Swarm'd and were straiten'd; till, the signal given,
Behold a wonder! They, but now who seem'd
In bigness to surpass earth's giant sons,

Now less than smallest dwarfs, in narrow room
Throng numberless, like that pymean race
Beyond the Indian mount; or faery elves,
Whose midnight revels, by a forest-side,
Or fountain, some belated peasant sees,

Or dreams he sees, while over-head the moon

Sits arbitress, and nearer to the earth

Wheels her pale course: they, on their mirth and dance

Intent, with jocund music charm his ear :

At once with joy and fear his heart rebounds.

Thus incorporeal spirits to smallest forms

Reduc'd their shapes immense, and were at large,

Though without number still, amidst the hall

rieur, et dans leurs propres dimensions, semblables à eux-mêmes, les grands seigneurs séraphiques et chérubins se réunissent en un lieu retiré, et en secret conclave; mille demi-dieux assis sur des siéges d'or, conseil nombreux et complet ! Après un court silence et la semonce lue, la grande délibération commença.

Of that infernal court. But far within,

And in their own dimensions, like themselves,
The great seraphic lords and cherubim
In close recess and secret conclave sat;
A thousand demi-gods on golden seats,
Frequent and full. After short silence then,
And summons read, the great consult began.

LIVRE SECOND.

ARGUMENT.

La délibération commencée, Satan examine si une autre bataille doit être hasardée pour recouvrer le ciel : quelques-uns sont de cet avis, d'autres en dissuadent. Une troisième proposition, suggérée d'abord par Satan, est préférée; on conclut à éclaircir la vérité de cette prophétie ou de cette tradition du ciel, concernant un autre monde, et une autre espèce de créatures égales ou peu inférieures aux anges, qui devaient être formées à peu près dans ce temps. Embarras pour savoir qui sera envoyé à cette difficile recherche. Satan, leur chef, entreprend seul le voyage; il est honoré et applaudi. Le conseil ainsi fini, les esprits prennent différents chemins, et s'occupent à différents exercices suivant que leur inclination les y porte, pour passer le temps jusqu'au retour de Satan. Celui-ci, dans son voyage, arrive aux portes de l'enfer; il les trouve fermées, et qui siégeait là pour les garder. Par qui enfin elles sont ouvertes. Satan découvre l'immense gouffre entre l'enfer et le ciel. Avec quelles difficultés il le traverse dirigé par le Chaos, puissance de ce lieu, il parvient à la vue du monde nouveau qu'il cherchait.

BOOK II.

THE ARGUMENT.

The consultation begun, Satan debates wheter another batthle be to be hazarded for the recovery of Heaven some advise it, others dissuade. A third proposal is preferred, mentioned before by Satan, to search the truth of that prophecy or tradition in Heaven concerning another world, and another kind of creature, equal, or not much inferiour, to themselves, about this time to be created: their doubt who shall be sent on this difficult search: Satan their chief undertakes alone the voyage, is honoured and applauded. The council thus ended, the rest betake them several ways, and to several employments, as their inclinations lead them, to entertain the time till Satan return. He passes on his journey to Hell gates; finds them shut, and who sat there to guard them; by whom at length they ar opened, and discover to him the great gulf between Hell and Heaven with what difficulty he passes through directed by Chaos, the power of that place, to the sight of this new world which he sought.

II.

Haut, sur un trône d'une magnificence royale, qui effaçait de beaucoup en éclat la richesse d'Ormus et de l'Inde, ou des contrées du splendide Orient, dont la main la plus opulente fait pleuvoir sur ses rois barbares les perles et l'or, Satan est assis, porté par le mérite à cette mauvaise prééminence. Du désespoir si haut élevé au delà de l'espérance, il aspire encore plus haut: insatiable de poursuivre une vaine guerre contre les cieux, et non instruit par son succès, il déploya de la sorte ses imaginations orgueilleuses :

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« Pouvoirs et Dominations! divinités du ciel! puisque aucune • profondeur ne peut retenir dans ses abîmes une vigueur immor«telle, quoique opprimés et tombés, je ne regarde pas le ciel comme perdu. De cet abaissement des vertus célestes relevées paraîtront • plus glorieuses et plus redoutables que s'il n'y avait pas eu de chute, et rassurées par elles-mêmes contre la crainte d'une seconde catastrophe. Un juste droit et les lois fixées du ciel m'ont • d'abord créé votre chef, ensuite un choix libre et ce qui, en outre, • dans le conseil ou dans le combat, a été acheté de quelque valeur : ⚫ cependant notre malheur est du moins jusque-là assez bien réparé, puisqu'il m'a établi beaucoup plus en sûreté sur un trône • non envié, cédé d'un plein consentement. Dans le ciel, le plus

II.

High on a throne of royal state which far
Outshone the wealth of Ormus and of Ind,
Or where the gorgeous East with richest hand
Showers on her kings Barbaric pearl and gold,
Satan exalted sat, by merit rais'd

To that bad eminence: and, from despair
Thus high uplifted beyond hope, aspires
Beyond thus high; insatiate to pursue

Vain war with Heaven, and, by success untaught,
His proud imaginations thus display'd:

Powers and Dominions, deities of Heaven,
For since no deep within her gulf can bold
Immortal vigour, though oppress'd and fall'n,
I give not Heaven for lost. From this descent
Celestial virtues rising, will appear

More glorious and more dread than from no fall,
And trust themselves to fear no second fate.

Me though just right, and the fix'd laws of heaven,
Did first create your leader; next, free choice,

Whit what besides, in counsel or in fight,
Hath been achiev'd of merit yet this loss,
Thus far at least recover'd, hath much more
Establish'd in a safe unenvied throne,

Yielded with full consent. The happier state
In Heaven, which follows dignity, might draw

heureux état qu'une dignité accompagne, peut attirer la jalousie ⚫ de chaque inférieur : mais ici qui envierait celui que la plus haute « place expose le plus en avant, comme votre boulevart, aux coups a du Foudroyant, et le condamne à la plus forte part des souf« frances sans terme? Là où il n'est aucun bien à disputer, là au« cune dispute ne peut naître des factions, car nul sûrement ne « réclamera la préséance dans l'enfer; nul dont la portion du pré« sent malheur est si petite, par un esprit ambitieux n'en convoitera « une plus grande. Donc avec cet avantage pour l'union, et cette « constante fidélité, et cet accord plus ferme qu'il ne peut l'être « dans le ciel, nous venons maintenant réclamer notre juste héri<tage d'autrefois; plus assurés de prospérer que si la prospérité « nous en assurait elle-même. Et quelle voie est la meilleure, la « guerre ouverte, ou la guerre cachée? C'est ce que nous débatatrons à présent. Que celui qui peut donner un avis, parle. »

Satan se tut; et près de lui Moloch, roi portant le sceptre, se leva; Moloch, le plus fort, le plus furieux des esprits qui combattirent dans le ciel, à présent plus furieux par le désespoir. Sa prétention est d'être réputé égal en force à l'Éternel, et, plutôt que d'être moins, il ne se souciait pas du tout d'exister: délivré de ce soin d'être, il était délivré de toute crainte. De Dieu ou de l'enfer, ou de pire que l'enfer il ne tenait compte et d'après cela, il prononça ces mots :

Envy from each inferior; but who here
Vill envy whom the highest place exposes
Foremost to stand against the Thunderer's aim,
Your bulwark, and condemns to greatest share
Of endless pain? where there is then no good
For which to strive, no strife can grow up there
From faction; for none sure will claim in Hell
Precedence; none, whose portion is so small
Of present pain, that with ambitious mind
Will covet more. With this advantage then
To union, and firm faith, and firm accord,
More than can be in Heaven, we now return
To claim our just inheritance of old,
Surer to prosper than prosperity

Could have assur'd us: and, by what best way,
Whether of open war or covert guile,

We now debate: who can advise, may speak.

He ceased; and next him Moloch, scepter'd king,
Stood up the strongest and the fiercest spirit
That fought in Heaven, now fiercer by despair :
His trust was with the Eternal to be deem'd
Equal in strength; and rather than be less
Car'a not to be at all with that care lost
Went all his fear of God, or Hell, or worse,
He reck'd not, and these words thereafter spake:

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