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monta rapidement et frappa le fléau. Gabriel s'en apercevant, dit à l'ennemi :

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Satan, je connais ta force et tu connais la mienne; ni l'une ni << l'autre ne nous est propre, mais elles nous ont été données. Quelle folie donc de vanter ce que les armes peuvent faire, puisque ni << ta force, ni la mienne ne sont que ce que permet le ciel, quoique « la mienne soit à présent doublée, afin que je te foule aux pieds « comme la fange! Pour preuve regarde en haut; lis ton destin ⚫ dans ce signe céleste où tu es pesé, et vois combien tu es léger, « combien faible si tu résistes. »

L'ennemi leva les yeux, et reconnut que son bassin était monté en haut. C'en est fait; il fuit en murmurant, el avec lui fuirent les ombres de la nuit.

The sequel each of parting and of fight:

The latter quick upflew and kick'd the beam;
Which Gabriel spying, thus bespake the fiend :

« Satan, I know thy strength, and thou know'st mine;
Neither our own, but given: what folly then

To boast what arms can do? since thine no more

Than Heaven permits, nor mine, though doubl'd now
To trample thee as mire: for proof look up,

And read thy lot in yon celestial sign;

Where thou art weigh'd, and shown how light, how weak,
If thou resist. »

The fiend look'd up, and knew

His mounted scale aloft: nor more; but fled

Murmuring, and with him fled the shades of night.

LIVRE CINQUIEME.

ARGUMENT.

Le matin approchait; Ève raconte à Adam son rêve fâcheux. Il n'aime pas ce rêve, cependant i la console. Ils sortent pour leurs travaux du jour leur hymne du matin à la porte de leur berceau. Dieu, afin de rendre l'homme inexcusable, envoie 'Raphaël pour l'exhorter à l'obéissance, lui rappeler son état libre, le mettre en garde contre son ennemi qui est proche, lui apprendre quel est cet ennemi, ..pourquoi il est son ennemi, et tout ce qu'il est utile en outre à Adam de connaitre. Raphaël descend au paradis; sa figure décrite; sa venue découverte au loin par Adam, assis à la porte de son berceau. Adam va à la rencontre de l'ange, l'amène à sa demeure et lui offre les fruits les plus choisis cueillis par Eve; leurs discours à table. Raphaël accomplit son message, fait souvenir Adam de son état et de son ennemi; à la demande d'Adam il raconte quel est cet ennemi, comment il l'est devenu en commençant son récit à la première révolte de Satan dans le ciel, il dit la cause de cette révolte; comment l'esprit rebelle entraina ses légions après lui dans les parties du Nord; comment il les incita à se révolter avec lui, les persuada tous, excepté Abdiel, le séraphin, qui combat ses raisons, s'oppose à lui et l'abandonne.

BOOK V.

THE ARGUMENT.

Morning approached, Eve relates to Adam her troublesome dream; he likes it not, yet comforts her: they come forth to their day-labours: their morning hymn at the door of their bower. God, to render man inexcusable, sends Raphael to admonish him of his obedience, of his free estate, of his enemy near at hand; who he is, and why his enemy, and whatever else may avail Adam to know. Raphael comes down to Paradise; his appearance described; his coming discerned by Adam afar off, sitting at the door of his bower; he goes out to meet him, brings him to his lodge, entertains him with the choicest fruits of Paradise got together by Eve; their discourse at table: Raphael performs his message, minds Adam of his state and of his enemy; relates, at Adam's request, who that enemy is, and how he came to be so, beginning from his first revolt in Heaven, and the occasion thereof; how he drew his legions after him to the parts of the north, and there incited them to rebel with, him persuading all but only Abdiel, a serapb, who in argument dissuades and opposes him, then forsakes him.

V.

Déjà le Matin avançant ses pas de rose dans les régions de l'est, semait la terre de perles orientales, lorsque Adam s'éveilla, telle était sa coutume; car son sommeil léger comme l'air, entretenu par une digestion pure et des vapeurs douces et tempérées, était légèrement dispersé par le seul bruit des ruisseaux fumants, des feuilles agitées (éventail de l'Aurore), et par le chant matinal et animé des oiseaux sur toutes les branches: il est d'autant plus étonné de trouver Ève non éveillée, la chevelure en désordre et les joues rouges comme dans un repos inquiet. Il se soulève à demi, appuyé sur le coude; penché amoureusement sur elle, il contemple avec des regards d'un cordial amour la beauté qui, éveillée ou endormie, brille de grâces

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V.

Now Morn, her rosy steps in th' eastern clime
Advancing, sow'd the earth with orient pearl,
When Adam wak'd, so custom'd; for his sleep
Was aery-light, from pure digestion bred,

And temperate vapours bland, which th' only sound

Of leaves and fuming rills, Aurora's fan,

Lightly dispers'd, and the shrill matin song

Of birds on every bough so much the more
His wonder was to find unwaken'd Eve
With tresses discompos'd, and glowing cheek,
As through unquiet rest: he, on his side
Leaning half-rais'd, with looks of cordial love
Hung over her enamour'd, and beheld
Beauty, which, whether waking or asleep,
Shot forth peculiar graces; then with voice

« l'homme en partie spirituel, peut n'être pas trouvé une ingrate « nourriture par les plus purs esprits. Les substances intellectuelles « demandent la nourriture comme vos substances rationnelles; les « unes et les autres ont en elles la faculté inférieure des sens au « moyen desquels elles écoutent, voient, sentent, touchent et goû« tent: le goût raffine, digère, assimile, et transforme le corporel en incorporel.

« Sache que tout ce qui a été créé a besoin d'être soutenu et nourri: parmi les éléments, le plus grossier alimente le plus pur: « la terre nourrit la mer, la terre et la mer nourrissent l'air, l'air « nourrit ces feux éthérés, et d'abord la lune, comme le plus « abaissé de là sur sa face ronde ces taches, vapeurs non puri⚫fiées qui ne sont point encore converties en sa substance. La lune, ⚫ de son continent humide, exhale aussi l'aliment aux orbes supé«rieurs. Le soleil, qui dispense la lumière à tous, reçoit de tous << en humides exhalaisons ses récompenses alimentaires, et le soir il fait son repas avec l'Océan. Quoique dans le ciel les arbres de « vie portent un fruitage d'ambroisie et que les vignes donnent le • nectar; quoique chaque matin nous enlevions sur les rameaux des « rosées de miel, que nous trouvions le sol couvert d'un grain perlé; ⚫ cependant ici Dieu a varié sa bonté avec tant de nouvelles délices, No ingrateful food and food alike those pure Intelligential substances require,

As doth your rational; and both contain

Within them every lower faculty

Of sense, whereby they hear, see, smell, touch, taste;

Tasting concoct, digest, assimilate,

And corporeal to incorporeal turn.

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For know, whatever was created needs

To be sustain'd and fed of elements

The grosser feeds the purer; earth the sea;

Earth and the sea feed air; the air those fires
Ethereal; and as lowest first the moon;

Whence in her visage round those spots, unpurg'd
Vapours not yet into her substance turn'd.
Nor doth the moon no nourishment exhale
From her moist continent to higher orbs.
The sun, that light imparts to all, receives
From all his alimental recompense

In humid exhalations, and at even

Sups with the Ocean. Though in Heaven the trees
Of life, ambrosial fruitage bear, and vines

Yield nectar; though from off the boughs each morn
We brush mellifluous dews; and find the ground
Cover'd with pearly grain : yet God hath here
Varied his bounty so with new delights,

As may compare with Heaven; and to taste
Think not I shall be nice. »

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« qu'on peut comparer ce jardin au ciel; et pour ne pas goûter à «ces dons, ne pense pas que je sois assez difficile. »>

Ainsi l'Ange et Adam s'assirent et tombèrent sur leurs mets. L'Ange mangea non pas en apparence, en fumée, le dire commun des théologiens, mais avec la vive hâte d'une faim réelle et la chaleur digestive pour transsubstantier: ce qui surabonde transpire facilement à travers les esprits. Il ne faut pas s'en étonner, si, par le feu du noir charbon, l'empirique alchimiste peut transmuer, ou croit qu'il est possible de transmuer les métaux les plus grossiers en or aussi parfait que celui de la mine.

Cependant à table Ève servait nuc, et couronnait d'agréable l1queur leurs coupes à mesure qu'elles se vidaient. Oh! innocence digne du paradis! Si jamais les fils de Dieu eussent pu avoir une excuse pour aimer, c'eût été alors, c'eût été à cette vue! Mais dans ces coeurs, l'amour pudique régnait, et ils ignoraient la jalousie, l'enfer de l'amant outragé.

• Quand ils furent rassasiés de mets et de breuvages, sans surcharger la nature, soudain il vint à la pensée d'Adam de ne pas laisser passer l'occasion que lui donnait ce grand entretien, de s'instruire des choses au-dessus de sa sphère, de s'enquérir des êtres qui habitent dans le ciel, dont il voyait l'excellence l'emporter de si loin sur la So down they sat,

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:

To transubstantiate what redounds, transpires
Through spirits with ease; nor wonder; if by fire
Of sooty coal th' empiric alchemist

Can turn, or holds it possible to turn,
Metals of drossiest ore to perfect gold,
As from the mine.

Meanwhile at table Eve
Minister'd naked, and their flowing cups.

With pleasant liquours crown'd. O innocence
Deserving Paradise! if ever, then,

Then had the sons of God excuse to have been

Enamour'd at that sight; but in those hearts

Love unlibidinous reign'd, nor jealousy

Was understood, the injur'd lover's Hell.

Thus when with meats and drinks they had suffic'd,
Not burden'd nature, sudden mind arose

In Adam, not to let th' occasion pass,

Given him by this great conference, to know
Of things above his world, and of their being
Who dwell in Heaven, whose excellence he saw
Transcend his own so far; whose radiant forms,
Divine effulgence, whose high power, so far

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