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diverses couleurs étaient semées de paillettes d'or; son habit court était fait pour une marche rapide, et il tenait devant ses pas pleins de décence une baguette d'argent.

Il ne s'approcha pas sans être entendu; comme il avançait, l'ange brillant, averti par son oreille, tourna son visage radieux : il fut reconnu sur-le-champ pour l'archange Uriel, l'un des sept qui, en présence de Dieu et les plus voisins de son trône, se tiennent prêts à son commandement. Ces sept archanges sont les yeux de l'Éternel; ils parcourent tous les cieux, ou en bas à ce globe ils portent ses prompts messages sur l'humide et sur le sec, sur la terre et sur la mer. Satan aborde Uriel et lui dit :

« Uriel, toi qui, des sept esprits glorieusement brillants qui se tien• nent debout devant le trône élevé de Dieu, es accoutumé, inter« prète de sa grande volonté, à la transmettre le premier au plus « haut ciel où tous ses fils attendent ton ambassade! ici sans doute, par décret suprême, tu obtiens le même honneur, et comme un « des yeux de l'Éternel, tu visites souvent cette nouvelle création. Un désir indicible de voir et de connaître les étonnants ouvrages de Dieu, mais particulièrement l'homme, objet principal de ses « délices et de sa faveur, l'homme pour qui il a ordonné tous ces ouvrages si merveilleux; ce désir m'a fait quitter les choeurs de a chérubins, errant seul ici. O le plus brillant des séraphins, dis

His habit fit for speed succinct; and held
Before his decent steps a silver wand.

He drew not nigh, unheard; the angel bright,
Ere he drew nigh, his radiant visage turn'd,
Admonish'd by his ear, and straight was known
Th' archangel Uriel, one of the seven

Who in God's presence nearest to his throne
Stand ready at command, and are his eyes

That run through all the Heavens, or down to th' earth
Bear his swift errands, over moist and dry,

O'er sea and land him Satan thus accosts.

« Uriel, for thou of those seven spirits that stand
In sight of God's high throne, gloriously bright,
The first art wont his great authentic will
Interpreter through dighest Heaven to bring,
Where all his sons thy embassy attend;
And here art likeliest by supreme decree
Like honour to obtain, and as his eye
To visit oft this new creation round;
Unspeakable desire to see, and know

All these his wondrous works, but chiefly man,
His chief delight and favour, him for whom
All these his works so wondrous he ordain'd,
Hath brought me from the quires of cherubim
Alone thus wandering. Brightest seraph, tell

T. II.

15

« dans lequel de ces deux orbes l'homme a sa résidence fixée, ou si, « n'ayant aucune demeure fixe il peut habiter à son choix tous ces « orbes éclatants; dis-moi où je puis trouver, où je puis contem«pler, avec un secret étonnement, ou avec une admiration oua verte, celui à qui le Créateur a prodigué des mondes, et sur qui «il a répandu toutes ces grâces. Tous deux ensuite et dans l'homme « et dans toutes choses, nous pourrons, comme il convient, louer le «Créateur universel qui a justement précipité au plus profond de « l'enfer ses ennemis rebelles, et qui, pour réparer cette perte, a « créé cette nouvelle et heureuse race d'hommes pour le mieux servir, sages sont toutes ses voies ! »

Ainsi parla le faux dissimulateur sans être reconnu, car ni l'homme ni l'ange ne peuvent discerner l'hypocrisie : c'est le seul mal qui dans le ciel et sur la terre marche invisible, excepté à Dieu et par la permission de Dieu souvent, quoique la Sagesse veille, le Soupçon dort à la porte de la Sagesse et résigne sa charge à la Simplicité la Bonté ne pense point au mal, là où il ne semble pas y avoir de mal. Ce fut cela qui cette fois trompa Uriel, bien que régent du soleil et regardé comme l'esprit des cieux dont la vue est la plus perçante. A l'impur et perfide imposteur, il répondit dans sa sincérité:

In which of all these shining orbs hath man
His fixed seat, or fixed seat hath none,
But all these shining orbs his choice to dwell;
That I may find him, and, with secret gaze

Or open admiration, him behold,

On whom the great Creator hath bestow'd

Worlds, and on whom hath all these graces pour'd;
That both in him and all things, as is meet,

The universal Maker we may praise;

Who justly hath driven out his rebel foes

To deepest Hell, and, to repair that loss,
Created this new happy race of men

To serve him better wise are all his ways. »

:

So spake the false dissembler unperceiv'd;
For neither man or angel can discern

Hypocrisy, the only evil that walks

Invisible, except to God alone,

By his permissive will, through Heaven and earth:
And oft, though Wisdom wake, Suspicion sleeps.
At Wisdom's gate, and to Simplicity

Resigns her charge, while Goodness thinks no ill
Where no ill seems; which now for once beguil'd
Uriel, though regent of the sun, and held
The sharpest-sighted spirit of all in Heaven:
Who to the fraudulent impostor foul,

In his uprightness, answer thus return'a':

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« Bel ange, ton désir qui tend à connaître les œuvres de Dieu, « afin de glorifier par là le grand Ouvrier, ne conduit à aucun excès qui encoure le blame; au contraire, plus ce désir paraît excessif, plus il mérite de louanges, puisqu'il t'amène seul ici de ta de« meure empyrée, pour t'assurer par le témoignage de tes yeux de ce que peut-être quelques-uns se sont contentés d'entendre seulement raconter dans le ciel. Car merveilleux, en vérité, sont « les ouvrages du Très-Haut, charmants à connaître, et tous dignes « d'être à jamais gardés avec délices dans la mémoire! Quel esprit créé pourrait en calculer le nombre, ou comprendre la sagesse « infinie qui les enfanta, mais qui en cacha les causes profondes? « Je le vis, quand, à sa parole, la masse informe, moule maatériel de ce monde, se réunit en monceau, la Confusion entendit sa voix, le farouche Tumulte se soumit à des règles, le vaste In« fini demeura limité. A sa seconde parole, les ténèbres fuirent, la lumière brilla, l'ordre naquit du désordre. Rapides à leurs différentes places se hâtèrent les éléments grossiers, la terre, l'eau, l'air, le feu la quintessence éthérée du ciel s'envola en haut; animée sous différentes formes, elle roula orbiculaire et se con⚫ vertit en étoiles sans nombre, comme tu le vois : selon leur mo

The works of God, thereby to glorify

The great Work-master, leads to no excess
That reaches blame, but rather merits praise
The more it seems excess, that led thee hither
From thy empyreal mansion thus alone,
To witness with thine eyes what some perhaps,
Contented with report, hear only in Heaven:
For wonderful indeed are all his works,
Pleasant to know, and worthiest to be all
Had in remembrance always with delight:
But what created mind can comprehend
Their number; or the wisdom infinite

That brought them forth, but hid their causes deep?
I saw, when at his word the formless mass,
This world's material mould, came to a heap :
Confusion heard his voice, and wild Uproar
Stood rul'd; stood vast infinitude confin'd;
Till at his second bidding darkness fled,
Light shone, and order from disorder sprung.
Swift to their several quaters hasted then
The cumbrous elements, earth, flood, air, fire;
And this ethereal quintessence of Heaven
Flew upward, spirited with various forms,
That roll'd orbicular, and turn'd to stars
Numberless, as thou seest, and how they move;
Each had his place appointed, each his course;
The rest in circuit walls this universe.

«tion chacune eut sa place assignée, chacune sa course; le reste « en circuit mure l'univers.

« Regarde en bas ce globe, dont ce côté brille de la lumière réa fléchie qu'il reçoit d'ici: ce lieu est la terre, séjour de l'homme. « Cette lumière est le jour de la terre, sans quoi la nuit envahirait cette moitié du globe terrestre comme l'autre hémisphère. Mais. la lune voisine (ainsi est appelée cette belle planète opposée) in« terpose à propos son secours : elle trace son cercle d'un mois, « toujours finissant, toujours renouvelant au milieu du soleil, par « une lumière empruntée, sa face triforme. De cette lumière elle se remplit et elle se vide tour à tour pour éclairer la terre; sa pâle « domination arrête la nuit. Cette tache que je te montre est le pa«radis, demeure d'Adam; ce grand ombrage est son berceau: tu « ne peux manquer ta route; la mienne me réclame. »

Il dit et se retourna. Satan s'inclinant profondément devant un esprit supérieur, comme c'est l'usage dans le ciel où personne ne néglige de rendre le respect et les honneurs qui sont dus, prend congé vers la côte de la terre au-dessous, il se jette en bas de l'écliptique rendu plus agile par l'espoir du succès, il précipite son vol perpendiculaire en tournant comme une roue aérienne; il ne s'arrêta qu'au moment où sur le sommet du Niphates il s'abattit.

Look downward on that globe, whose hither side
With light from hence, though but reflected, shines
That place is earth, the seat of man ; that light
His day, which else, as th' other hemisphere,

Night would invade; but there the neighbouring moon,
So call that opposite fair star, her aid

Timely interposes; and her monthly round

Still ending, still renewing, through mid Heaven,
With borrow'd light her countenance triform,
Hence fills and empties to enlighten th' earth;
And in her pale dominion checks the night.
That spot to which I point, is Paradise,
Adam's abode; those lofty shades his bower.
Thy way thou canst not miss, me mine requires.

D

Thus said, he turr'd; and Satan, bowing low,
As to superiour spirits is wont in Heaven,
Where honour due and reverence none neglects,
Took leave; and toward the coast of earth beneath,
Down from th' ecliptic, sped with hop'd success,
Throws his steep flight in many an aery wheel;
Nor stay'd till on Niphate's top he lights.

ARGUMENT.

Satan, à la vue d'Éden et près du lieu où il doit tenter l'entreprise hardie qu'il a »seul projetée contre Dieu et contre l'homme, flotte dans le doute et est agité de plusieurs passions, la frayeur, l'envie et le désespoir. Mais enfin il se confirme dans le mal; il s'avance vers le paradis, dont l'aspect extérieur et la situation sont décrits. Il en franchit les limites; il se repose sous la forme d'un cormoran, sur l'arbre de vie, comme le plus haut du jardin, pour regarder autour de lui. Description du jardin; première vue d'Adam et d'Ève par Satan; son étonnement à l'excellence de leur forme et à leur heureux état; sa résolution de travailler à leur chute. Il entend leurs discours; il apprend qu'il leur était défendu sous peine de mort de manger du fruit de l'arbre de science: il projette de fonder là-dessus sa tentation en leur persuadant de transgresser l'ordre : il les laisse quelque temps pour en apprendre davantage sur leur état par quelque autre moyen. Cependant Uriel descendant sur un rayon du soleil, avertit Gabriel (qui avait sous sa garde la porte du paradis) que quelque mauvais esprit s'est échappé de l'abîme, qu'il a passé à midi par la sphère du soleil sous la forme d'un bon ange, qu'il est descendu au paradis et s'est trahi après par ses gestes furieux sur la montagne: Gabriel promet de le trouver avant le matin. La nuit venant, Adam et Ève parlent d'aller à leur repos. Leur bosquet décrit; leur prière du soir. Gabriel faisant sortir ses escadrons de veilles de nuit pour faire la ronde dans le paradis, détache deux forts anges vers le berceau d'Adam, de peur que le malin esprit ne fût la faisant du mal à Adam et Ève endormis. Là ils trouvent Satan à l'oreille d'Ève, occupé à la tenter dans un songe, et ils l'amènent, quoiqu'il ne le voulût pas, à Gabriel. Questionné par celuici, il répond dédaigneusement, se prépare à la résistance; mais empêché par un signe du ciel, il fuit hors du paradis.

BOOK IV

THE ARGUMENT.

Satan, now in prospect of Eden, and nigh the place where he must now attempt the bold enterprise which he undertook alone against God and man, falls into many doubts with himself, and many passions, fear, envy, and despair; but at length confirms himself in evil; journeys on to Paradise, whose outward prospect and situation is described; overleaps the bounds: sits in the shape of a cormorant on the tree of Life, as the highest in the garden, to look about him. The garden described; Satan's first sight of Adam and Eve his wonder at their excellent form and happy state, but with resolution to work their fall; overhears their discourse, thence gathers that the tree of Knowledge was forbidden them to eat of, under penalty of death; and thereon intends to found his temptation, by seducing them to transgress: then leaves them awhile to know further of their state by some other means. Meanwhile, Uriel, descending on a sunbeam, warns Gabriel, who had in charge the gate of Paradise, that some evil spirit had escaped the deep, and passed at noon by his sphere in the shape of a good angel down to Paradise, discovered after by his furious gestures in the mount. Gabriel promises to find him ere morning. Night coming on, Adam and Eve discourse of going to the irrest: their bower described; their evening worship. Gabriel, drawing forth his bands of nightwatch to walk the rounds of Paradise, appoints two strong angels to Adam's bower, lest the evil spirit should be there doing some harm to Adam or Eve sleeping; there they find him at the ear of Eve, temp ting her in a dream, and bring him, though unwilling, to Gabriel; by whom questioned, he scornfully answers, prepares resistance; but, hindered by a sign from Heaven, flies out of Paradise.

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