Page images
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors]

Long-tems en efpoir je me fonde
Que je l'aurois;

Et plus mon amitié ravie

Crût l'obtenir,

Tant plus j'aurois donné ma vie
Pour le tenir.

Le voir cent fois dans la journée
Me plaifoit tant,

Je l'emportois dans ma pensée
En le quittant,

Lorsqu'un lutin, par grand rancune,
Vint l'enlever,

Puis d'un autre en fit la fortune
Pour m'en priver.

Dirai-je ma douleur profonde,
Quand je l'appris?

Pour m'en aller au bout du monde
Me départis;

Non qu'un inftant en moi je pense
De l'oublier.

Mais pour mourir de ma conftance
A le pleurer.

Marchand, eft-ce or en broderie.
Que ce tréfor?

Madame, helas! ce que j'envie

Surpaffe l'or.

Sont-ce rubis? J'aurois fans peine

Rubis perdus.

C'est donc le trouffeau de la Reine?

Ah! c'est bien plus!

Depuis qu'on vint, par grand dommage,

Me le ravir,

J'en ai tiré la chere image

De fouvenir;

J'ai, la voyant, l'ame remplie
De défefpoir,

Et ne garde pourtant la vie
Que pour la voir.

Ne

Monerif.

Ne tardés pas, j'en meurs d'envie,

Armenien,

De cette image tant chérie
Je voye enfin.

I.ors, avec un foupir qu'il jette,
Plus loin encor,

De fon fein tire une tablette
Dans du drap d'or.

Alix foudain prit la dorure
La déplia,

Sur la tablette, en écriture,
Ces mots trouva:

Ici je contemple, à toute heure,
Dans les foupirs;

Je garde tout ce qui demeure
De mes plaifirs.

Alors Alix la tablette ouvre

Tant vîtement:

[blocks in formation]

nioncrif.

Mais ne mourés pas, je vous prie,
Partés pourtant.

Voulant, pour complaire à fa Mie,
Partir foudain,

Avant que pour jamais la fuie
Lui prend la main.

L'Epoux furvient. A cette vûe
Tout en fureur,

Leur a d'une bague pointue
Percé le coeur.

Alexis meurt, Alix mourante
Les yeux baiffés,

Dit: Je peris, mais innocente,
Ce m'eft affés.

Mon Epoux, votre jaloufie
Verle mon fang:

Sans regret je quitte la vie,
En vous plaignant.

Depuis cet acte de la rage,
Tout effrayé,

Dès qu'il eft nuit, il voit l'image
De fa moitié,

Qui, du doigt montrant la blessure
De fon beau fein,

Appelle avec un long murmure
Son affafin.

Aprés fi trifte tragédie

Tout fage Epoux

Ne peut, de fa moitié chérie,

Etre jaloux;

S'il trouve un Marchand d' Armenie
Prenant la main,

Il dit: C'eft qu'on le congédie;

J'en fuis certain.

Se

!

Sene'ce'.

Senece'.

S. B. II. S. 31.

Es giebt mehrere französische

Parodien dieser vom Virgil mit so ernstem Pathos vorges tragenen 'mythischen Erzählung. Die hier folgende hat die glücklichsten Züge.

ORPHE E.

Pour ravoir fa femme Euridice,
Orphée aux Enfers s'en alla;
Eft-il fi bizarre caprice,
Dont on s'étonne après cela?

Puisqu'une impertinente flamme
Pour nous troubler l'a fait venir,
Dit Pluton: Rendez-lui fa femme,
On ne fçauroit mieux le punir.

En vertu de mon indulgence,
Bientôt, puisqu'il le veut ainsi,
Il fera damné par avance,
Et peut-être un peu plus qu'ici.

Rendez-lui donc fa demoifelle,
Qui le fuivra, fans dire mot;
Mais s'il tourne les yeux fur elle,
Qu'on me la refourre au cachot!

Ah! fi des femmes incommodes

Des tours de tête délivroient,
Que de maris, comme Pagodes,
Inceffamment la tourneroient!

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Sene'ce'. Vaine et legere comme un fonge
Marmontel. Qu'un dormeur prend pour vérité,
L'ombre gémit, et fe replonge
Dans l'éternelle obfcurité.

L'époux qui la voit difparoître
Se livre à fon mortel ennui,
Incapable de reconnoître

Le bien qu'on lui fait malgré lui.

L'Enfer à fes plaintes touchantes
Ceffant de fe laiffer charmer,
Dans la Thrace par les Bacchantes
Il s'en va fe faire affommer

Marmontel.

Der natürliche Ton folgender Romanze, wodurch die Fabel selbst mehr Anmuth erhält, als durch allen vom Ovid daran verschwendeten Schmuck, hat sie sehr gangs bar und beliebt gemacht; auch ist sie. von Schiebeler und Gdg, mit beibehaltnem Sylbenmaaß, ins Deutsche übers sekt worden.

APOLLON ET DAPHNE,

L'Amour m'a fait la peinture
De Daphné, de fes malheurs ;
J'en vais tracer l'avanture:
Puiffe la race future

L'entendre et verfer des pleurs!

Daphné fut fenfible et belle,
Apollon fenfible et beau.

Sur eux, l'Amour, d'un coup d'aile

Fit voler un étincelle

De fon dangereux flambeau.

DaphineTM

« PreviousContinue »