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« nouveau délice, et pour l'homme ce monde. « Ainsi, adieu espérance, et avec l'espérance, << adieu crainte, adieu remords. Tout bien est « perdu pour moi. Mal, sois mon bien : par toi « au moins je tiendrai l'empire divisé entre moi << et le roi du ciel; par toi je règnerai peut-être « sur plus d'une moitié de l'univers, ainsi que « l'homme et ce monde nouveau l'apprendront « en peu de temps. >>>

Tandis qu'il parlait de la sorte, chaque passion obscurcissait son visage trois fois changé par la pâle colère, l'envie et le désespoir; passions qui défiguraient son visage emprunté, et auraient trahi son déguisement si quelque œil l'eût aperçu; car les esprits célestes sont toujours exempts de ces honteux désordres. SATAN s'en ressouvint bientôt et couvrit ses perturbations d'un dehors de calme : artisan de fraude, ce fut lui qui le premier pratiqua la fausseté sous une apparence sainte, afin de cacher sa profonde malice renfermée dans la vengeance. Toutefois il n'était pas encore assez exercé dans son art, pour tromper Uriel une fois prévenu : l'œil de cet archange l'avait suivi dans la route qu'il avait prise; il le vit sur le mont Assyrien plus défiguré qu'il ne pouvait convenir à un esprit bienheureux; il remarqua ses gestes

He mark'd and inad demeanour, then alone,
As he supposed, all unobserved, unseen.
So on he fares, and to the border comes
Of Eden, where delicious Paradise,

Now nearer, crowns with her enclosure green,
As with a rural mound, the champain head
Of a steep wilderness, whose hairy sides
With thicket overgrown, grotesque and wild,
Access denied; and overhead up grew
Insuperable highth of loftiest shade,
Cedar, and pine, and fir, and branching palm,
A sylvan scene; and, as the ranks ascend
Shade above shade, a woody theatre
Of stateliest view. Yet higher than their tops
The verdurous wall of Paradise up sprung;
Which to our general sire gave prospect large
Into his nether empire neighbouring round.

And higher than that wall a circling row
Of goodliest trees loaden with fairest fruit,
Blossoms and fruits at once of golden hue,
Appear'd, with gay enamel'd colours mix'd:
On which the sun more glad impress'd his beams,
Than in fair evening cloud, or humid bow,

When God hath shower'd the earth.

So lovely seem'd

That landskip: and of pure now purer air

furieux, sa contenance égarée alors qu'il se croyait seul, non observé, non aperçu.

SATAN poursuit sa route et approche de la limite d'Eden. Le délicieux Paradis, maintenant plus près, couronne de son vert enclos, coin me d'un boulevard champêtre, le sommet aplati d'une solitude escarpée; les flancs hirsutes de ce désert, hérissés d'un buisson épais, capricieux et sauvage, défendent tout abord. Sur sa cime croissaient à une insurmontable hauteur les plus hautes futaies de cèdres, de pins, de sapins, de palmiers, scène sylvaine; et comme leurs rangs superposent ombrages sur ombrages, ils forment un théâtre de forêts de l'aspect le plus majestueux. Cependant plus haut encore que leurs cimes, montait la muraille verdoyante du Paradis: elle ouvrait à notre premier père une vaste perspecсtive, sur les contrées environnantes de son empire.

Et plus haut que cette muraille, qui s'étendait circulairement au-dessous de lui, apparaissait un cercle des arbres les meilleurs et chargés des plus beaux fruits. Les fleurs et les fruits dorés formaient un riche émail de couleurs mêlées: le soleil y imprimait ses rayons avec plus de plaisir que dans un beau nuage du soir, ou dans l'arc humide, lorsque DIEU arrose la terre.

Ainsi charmant était ce paysage. A mesure que

Meets his approach, and to the heart inspires
Vernal delight and joy, able to drive
All sadness but despair: now gentle gales,
Fanning their odoriferous wings, dispense
Native perfumes, and whisper whence they stole
Those balmy spoils. As when to them who sail
Beyond the Cape of Hope, and now are pass'd
Mozambic, off at sea north-east winds blow
Sabæan odours from the spica shore
Of Araby the bless'd; with such delay
Well pleased they slack their course, and many a league
Cheer'd with the grateful smell old Ocean smiles :
So entertain'd those odorous sweets the fiend
Who came their bane; though with them better pleased
Than Asmodeus with the fishy fume,
That drove him, though enamour'd, from the spouse
Of Tobit's son, and with a vengeance sent
From Media post to Ægypt, there fast bound.

Now to the ascent of that steep savage hill
Satan had journey'd on, pensive and slow;
But farther way found none; so thick entwined,
As one continued brake, the undergrowth
Of shrubs and tangling bushes had perplex'd
All path of man or beast that pass'd that way.

Satan s'en approche, il passe d'un air pur dans un air plus pur qui inspire au cœur des délices et des joies printanières, capables de chasser toute tristesse, hors celle du désespoir. De douces brises secouant leurs ailes odoriférantes, dispensaient des parfums naturels, et révélaient les lieux auxquels elles dérobèrent ces dépouilles embaumées. Comme aux matelots qui ont cinglé au-delà du cap de Bonne-Espérance, et ont déjà passé Mosambique, les vents du nord-est apportent, loin en mer, les parfums du Saba du rivage aromatique de l'Arabie Heureuse; charmés du retard, ces navigateurs ralentissent encore leur course; et, pendant plusieurs lieues, réjoui par la senteur agréable, le vieil Océan sourit : ainsi ces suaves émanations accueillent l'Ennemi qui venait les empoisonner. Il en était plus satisfait que ne le fut Asmodée de la fumée du poisson qui le chassa, quoique amoureux, d'auprès de l'épouse du fils de Tobie; la vengeance le força de fuir de la Médie jusqu'en Égypte, où il fut fortement enchaîné.

Pensif et avec lenteur, Satan a gravi le flanc de la colline sauvage et escarpée; mais bientôt il ne trouve plus de route pour aller plus loin; tant les épines entrelacées comme une haie continue, et l'exubérance des buissons, ferment toute issue à l'homme ou à la bête qui prend ce chemin. Le Paradis n'avait qu'une porte, et elle

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