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Tout a 1 Mistant sur eux. Ils portent un juge au fond de leur coeur. La conscience servira d'arbitre entre eux et moi s'ils

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perdu sans ressource? Le dernier et le plus cher de vos ouvrages périrait-il pour s'être laissé surprendre par une malice étrangère, quoique secondée de sa propre folie? 'Eloignez de vous, ô mon Père, une telle volonté. Vous êtes juge de toutes vos créatures, et vous jugez toujours équitablement. Votre ennemi obtiendrait-il ainsi la fin qu'il se propose, et déconcerterait-il vos desseins? Satisfera-t-il sa malice, et anéantira-t-il votre bonté? S'en retournera-t-il chargé des dépouilles de l'homme, et fier de sa vengeance? Traînera-t-il à sa suite dans les enfers toute la race d'Adam corrompue par ses artifices? Voudriez-vous abolir votre ouvrage, et défaire, à cause de votre adversaire, ce que vous avez fait pour vous-même? Votre grandeur et votre bonté s'y opposent. »

« Mon Fils, en qui mon âme met toute sa complaisance, répondit l'Eternel; mon Fils, sorti de mon sein; mon Fils, mon seul Verbe, ma sagesse, ma puissance et mon action, ta demande justifie mes décrets irrévocables : elle est conforme à ines idées. L'homme ne sera pas entièrement perdu; quiconque le voudra sera sauvé, non par sa propre volonté, mais par ma grâce librement accordée et librement employée. Je lui donnerai les moyens de se relever de sa chute, et de recouvrer la justice qu'il perdra en se rendant l'esclave du péché. Il sera encore en état de résister à son ennemi mortel; mais il faudra que pour aider sa faiblesse je redouble mes secours. Je veux qu'il connaisse combien sa condition est fragile depuis sa chute, et qu'il doive à moi seul sa délivrance. J'en ai choisi quelques-uns par une grâce spéciale plus préférablement au reste. Tel est mon vouloir. Les autres entendront souvent ma voix qui les appellera, en les avertissant d'abandonner les voies de l'iniquité, d'apaiser ma colère et de profiter de mes dons. J'éclairerái d'une manière suffisante leurs sens ténébreux; j'attendrirai leurs cœurs de pierre, je les inviterai sans cesse à prier, à se repentir et à me rendre une juste obéissance. Qu'ils se tournent vers moi, mon oreille et mes yeux s'ouvriront à l'instant sur eux. Ils portent un juge au fond de leur cœur. La conscience servira d'arbitre entre eux et moi s'ils

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l'écoutent, s'ils en font bon usage, ils obtiendront lumières sur lumières; et, persévérant jusqu'à la fin, ils arriveront heureusement au port dú salut: mais ceux qui méprisent les richesses de má bonté, de ma patience et de ma longue tolérance, n'en goûteront point la douceur. Je les endurcirai, je les aveuglerai; ils broncheront et tomberont d'abîmes en abîmes; voilà les seuls' que j'exclus de ma miséricorde. Mais cependant tout n'est pas fait. L'homme se rend criminel par sa désobéissance; aspirant à la divinité, il pèche contre la souveraine majesté du ciel il ne lui reste rien pour expier sa trahison; mais proscrit, livré à la destruction, il doit mourir avec toute sa postérité. Il faut qu'il meure, ou que la justice meure elle-même, à moins qu'un autre, capable de réparer son offense, ne se livre volontairement. Le plus grand des crimes demande fa plus grande des réparations, mort pour mort. Dites, célestes Puissances, où trouverons-nous un tel amour? Qui de vous consent à subir la mort pour racheter l'homme, dévoué à la mort par son crime? Quel juste se sacrifiera pour sauver l'injuste? Est-il dans les cieux une si grande charité ?»

Les chœurs célestes gardèrent un profond silence. Il ne parut en faveur de l'homme ni patron, ni intercesseur; tous craignaient d'attirer sur leurs têtes la proscription mortelle. Le genre humain sera donc livré à la mort et à l'enfer? Non. Le Fils de Dieu, en qui réside la plénitude de l'amour divin, renouvela ainsi sa précieuse médiation.

Mon Père, votre parole est prononcée : l'homme trouvera grâce. La grâce manquera-t-elle de moyens de salut, elle qui, toujours prête à seconder vos volontés, pénètre en un instant jusqu'au fond des abîmes, et sait prévenir les besoins de toutes vos créatures? Heureux l'homme qu'elle visite : mais dans l'état de mort où le plonge le péché, comment peut-il rechercher son appui? Tout lui manque. Débiteur à la justice, il n'a ni expiation, ni offrande valable à présenter. Me voici donc je m'offre pour lui, je donnerai ma vie pour la sienne. Faites tomber sur moi votre colère; prenez-moi pour victime. Je consens à sortir

de votre sein, et à me dépouiller de la gloire que je partage avec vous. Que la mort déploie sur moi toute sa rage : je lui abandonne tout ce qui pourra mourir dans moi : ses ombres ne me couvriront pas longtemps. Par une génération éternelle. vous m'avez constitué principe de la vie. Vous ne me laisserez point dans l'horreur du tombeau, et vous ne souffrirez pas que mon âme sans tache demeure éternellement avec la corruption. Je me relèverai victorieux mon vainqueur terrassé se verra contraint de lâcher sa proie. La mort sera renversée : elle s'humiliera, honteusement désarmée de son dard fatal; et moi, à travers les vastes champs de l'air, dans un noble triomphe, je conduirai l'enfer captif, en dépit de l'enfer; j'enchaî nerai pour jamais dans l'abîme les puissances des ténèbres. Ce grand spectacle attirerà sur la terre vos plus doux regards. Vous sourirez du haut des cieux, tandis que vos ennemis tomberont à mes pieds, et que la mort, expirant sous mes coups, rassasiera le tombeau de son énorme cadavre. C'est alors qu'après une longue absence je rentrerai dans le ciel au milieu d'une multitude infinie d'élus de toutes tribus, de toutes nations, de toutes langues. Je contemplerai, ô mon Père, votre face adorable: il n'y restera plus aucun nuage d'indignation; la paix et le calme y brilleront d'une manière éclatante, la colère disparaîtra, et la joie règnera pour toujours dans votre sainte demeure. »

Il s'arrêta; mais ses regards pleins de douceur parlaient même dans le silence, et épanchaient un amour infini pour les hommes. Son obéissance égale son amour : il attend avec respect la décision de son auguste Père. Les Esprits bienheureux furent saisis d'une sainte admiration. Chacun cherchait en soimême à pénétrer le sens de ces paroles mystérieuses, quand le Tout-Puissant fit entendre ces mots :

<< O toi, cher et tendre objet de mes complaisances, généreux défenseur de l'homme exposé à ma vengeance, aimable pacificateur du ciel et de la terre, tu sais combien les ouvrages de mes mains me sont précieux; l'homme en est le dernier, mais il n'est pas le moins estimable à mes yeux; juge de son

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