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«et intéressante par des idées justes et sérieu«ses, par des traits lumineux et profonds('). »

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Delille n'étoit plus, lorsque l'amitié rendoit à sa mémoire ce noble et véridique témoignage; une dernière attaque d'apoplexie venoit d'enledans la nuit du 1o au 2 mai 1813, « l'homme « le plus spirituel, le plus grand poëte, et l'un « des caractères les plus honorables du siècle(*).» Encore une année d'existence, et les vœux de l'illustre vieillard étoient comblés ; il eût applaudi au retour de ses princes chéris, et au triomphe de la légitimité! Son corps resta exposé pendant plusieurs jours sur un lit de parade, dans l'une des salles du Collège de France; sa tête étoit ceinte d'une couronne de lauriers. Le 6 mai, à midi, le cortège, composé des membres de l'Institut et de l'université, de MM. les professeurs du Collège, et grossi d'un concours nombreux d'hommes de lettres, d'étudiants, et d'artistes, partit pour se rendre à l'église Saint-Étiennedu-Mont. Les rues étoient inondées d'une foule immense; les fenêtres, garnies de spectateurs. Les élèves de Delille avoient sollicité et obtenu la faveur de porter le cercueil de leur maître; et MM. Regnaud de Saint-Jean-d'Angely, le comte de Ségur, de l'académie française; VilJaret, évêque de Casal, chancelier de l'univer

(1) Journal de l'Empire, 4 mai 1813. (2) Id. ibid.

:

sité, et Delambre, secrétaire perpétuel de l'académie des sciences, portoient les quatre coins du drap mortuaire. Après la cérémonie religieuse, le cortège, marchant aux flambeaux, traversa constamment une foule considérable pour se rendre au cimetière du P. Lachaise, où l'avoit devancé un concours non moins nombreux. Le corps fut placé près du lieu destiné à lui servir de sépulture; et l'académie française, le Collège de France, l'université, et les éleves du célèbre professeur, saluèrent son ombre de leurs derniers adieux (').

Un nouvel hommage attendoit sa mémoire au sein de l'académie, où son successeur, M. Campenon, prononça son éloge, le 16 novembre 1814.

Delille avoit donné lui-même l'idée, et tracé le plan du monument où il desiroit que reposât un jour sa dépouille mortelle. Il disoit à madame Delille, en 1806:

Ma plus chère espérance et ma plus douce envie,
C'est de dormir au bord d'un clair ruisseau,

A l'ombre d'un vieux chêne ou d'un jeune arbrisseau :
Que ce lieu ne soit pas une profane enceinte :

Que la religion y répande l'eau sainte;

Et que de notre foi le signe glorieux,

Où s'immola pour nous le rédempteur du monde,

(1) Voyez le Moniteur du 8 mai 1813.

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Bernard scuip.

JACQUES DELILLE

Mé le 22 juin 1738. Mort le 10 mai 1813.

Déposé à la Dir de l'Imp" et de la Lib A Paris, Chex Remoissenet quai malaquai N9

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