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CHAPITRE V.

I. Les débuts de Swift.

susceptibilité. Berkeley. succès.

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Sa vie chez sir W. Temple.

Sa

Chez lord

Son rôle politique. Son importance. - Son in

-

Sa vie privée. Ses amours.

folie.

II. Son esprit.

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L'esprit prosaïque et positiviste. Comment il est situé entre la vulgarité et le génie. Pourquoi il est destructif.

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Comment en ce moment la littérature entre dans la politique. - Différence des partis en France et en Angleterre. Différence des pamphlets en France et en Angleterre. Conditions du pamphlet littéraire. Conditions du pamphlet efficace. Ces pamphlets sont spéciaux et pratiques. L'Examiner. - Les lettres du Drapier. — Le Portrait de lord Wharton. — Argument contre l'abolition du christianisme. La diffamation personnelle. Le

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IV. Le poëte. Comparaison de Swift et de Voltaire. et dureté de ses badinages.

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Bickerstaff. Rudesse de sa

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de ses petits poëmes. Vers sur sa propre mort. A quels

excès il aboutit.

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V. Le conteur et le philosophe. Le Conte du Tonneau. jugement sur la religion, la science, la philosophie raison. Comment il diffame l'intelligence humaine. Voyages de Gulliver.

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Son jugement sur la société, le gou

vernement, les conditions et les professions. Comment il diffame la nature humaine. Derniers pamphlets. — Con

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struction de son caractère et de son génie.

En 1685, dans la grande salle de l'université de Dublin, les professeurs occupés à conférer les grades de bachelier eurent un singulier spectacle : un pauvre écolier, être bizarre, gauche, aux yeux bleus et durs, orphelin, sans amis, misérablement entretenu par la charité d'un oncle, déjà refusé pour son ignorance en logique, se présentait une seconde fois sans avoir daigné lire la logique. En vain son tutor lui apportait les in-folio les plus respectables: Smeglesius, Keckermannus, Burgersdicius. Il en feuilletait trois pages, et les refermait au plus vite. Quand vint l'argumentation, le proctor fut obligé de lui mettre ses arguments en forme. On lui demandait comment il pourrait bien raisonner sans les règles; il répondit qu'il raisonnait fort bien sans les règles. Cet excès de sottise fit scandale; on le reçut pourtant, mais à grand'peine, speciali gratia, dit le registre, et les professeurs s'en allèrent, sans doute avec des risées de pitié, plaignant le cerveau débile de Jonathan Swift.

I

Ce fut là sa première humiliation et sa première révolte. Toute sa vie fut semblable à ce moment, comblée et ravagée de douleurs et de haines. A quel excès elles montèrent, son portrait et son histoire

peuvent seuls l'indiquer. H eut l'orgueil outré et terrible, et fit plier sous son arrogance la superbe des tout-puissants ministres et des premiers seigneurs. Simple journaliste, ayant pour tout bien un petit bénéfice d'Irlande, il traita avec eux d'égal à égal. M. Harley, le premier ministre, lui ayant envoyé un billet de banque pour ses premiers articles, il se trouva offensé d'être pris pour un homme payé, renvoya l'argent, exigea des excuses; il les eut, et écrivit sur son journal: « J'ai rendu mes bonnes

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grâces à M. Harley1. » Un autre jour, ayant trouvé que Saint-John, le secrétaire d'État, lui faisait froide mine, il l'en tança rudement. « Je l'avertis que je << ne voulais pas être traité comme un écolier, que « tous les grands ministres qui m'honoraient de « leur familiarité devaient, s'ils entendaient ou voyaient quelque chose à mon désavantage, me le <«< faire savoir en termes clairs, et ne point me don<< ner la peine de le deviner par le changement ou la «< froideur de leur contenance ou de leurs manières; << que c'était là une chose que je supporterais à peine « d'une tête couronnée, mais que je ne trouvais pas <«< que la faveur d'un sujet valût ce prix ; que j'avais « l'intention de faire la même déclaration à milord garde des sceaux et à M. Harley, pour qu'ils me <«< traitassent en conséquence. » Saint-John l'ap

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1. I have taken M. Harlay into favour again.

2. I will not see him (M. Harley) till he makes amends.... I was deaf to all entreaties, and have desired Lewis to go to him, and let him know that I expected further satisfaction. If we let these

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prouva, se justifia, dit qu'il avait passé plusieurs nuits à travailler, une nuit à boire, et que sa fatigue avait paru de la mauvaise humeur. Dans le salon de réception, Swift allait causer avec quelque homme obscur et forçait les lords à venir le saluer et lui parler. « M. le secrétaire d'État me dit que le duc de Buckingham désirait faire ma connaissance; je << répondis que cela ne se pouvait, qu'il n'avait pas << fait assez d'avances. Le duc de Shrewsbury dit « alors qu'il croyait que le duc n'avait pas l'habitude « de faire des avances. Je dis que je n'y pouvais « rien, car j'attendais toujours des avances en pro« portion de la qualité des gens, et plus de la part << d'un duc que de la part d'un autre homme 1. » Il

great ministers pretend too much, there will be no governing them....

One thing I warned him of, never to appear cold to me, for I would not be treated like a school-boy; that I expected every great minister who honoured me with his acquaintance, if he heard or saw anything to my disadvantage, would letme know in plain words, and not put me in pain to guess by the change or coldness of his countenance or behaviour; for it was what I would hardly bear from a crowned head; and I thought no subject's favour was worth it; and that 1 designed to let my lord Keeper and M. Harley know the same thing, that they might use me accordingly.

1. Mr secretary told me the duke of Buckingham had been talking much to him about me, and desired my acquaintance. I answered it could not be, for he had not made sufficient advances. Then the duke of Shrewsbury said he thought the duke was not used to make advances. I said I could not help that. For I always expected advances in proportion to men's quality, and more from a duke than from any other man.

I saw lord Halifax at court, and we joined and talked, and the duchess of Shrewsbury came up and reproached me for not

triomphait dans son arrogance, et disait avec une joie contenue et pleine de vengeance : « On passe là << une demi-heure assez agréable '. » Il allait jusqu'à la brutalité et la tyrannie; il écrivait à la duchesse de Queensbury : « Je suis bien aise que vous <<< sachiez votre devoir, car c'est une règle connue « et établie depuis plus de vingt ans en Angleterre, « que les premières avances m'ont constamment été « faites par toutes les dames qui aspiraient à me con<< naître, et plus grande était leur qualité, plus grandes étaient leurs avances. » Le glorieux général Webb, avec sa béquille et sa canne, montait en boitant ses deux étages pour le féliciter et l'inviter; Swift acceptait, puis, une heure après, se désengageait, aimant mieux dîner ailleurs. Il semblait se regarder comme un être d'espèce supérieure, dispensé des égards, ayant droit aux hommages, ne tenant compte ni du sexe, ni du rang, ni de la gloire, occupé à protéger et à détruire, distribuant les fa

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dining with her. I said that was not so soon done, for I expected more advances from ladies, especially duchesses. She promised to comply.... Lady Oglethorp brought me and the duchess of Hamilton together to-day in the drawing-room, and I have given her some encouragement, but not much.

(Journal, 19 mai et 7 octobre.) 1. I generally am acquainted with about thirty in the drawing-room, and am so proud that I make all the lords, come up to One passes half an hour pleasant enough.

me.

2. 1 am glad you know your duty; for il has been a known and established rule above twenty years, that the first advances have been constantly made me by ladies who aspired to my acquaintance, and the greater their quality, the greater were their advances.

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