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L'ART D'EMBELLIR

LES PAYSAGES.

POEM E.

Par Mr. l'Abbé DE LILLE,
De l'Académie Françoife.

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A PAR I S.

Et fe trouve à LAUSANNE,
Chez LACOM BE, Libraire.

M. D.CC. LXXXII

AVERTISSEMENT.

PLUSIE

LUSIEURS perfonnes d'un grand mérite ont écrit en profe fur les jardins. L'auteur de ce poëme leur a emprunté quelques préceptes, & même quelques defcriptions. Dans plufieurs endroits il a eu le bonheur de fe rencontrer avec eux; car fon poëme a été commencé avant que leurs ouvrages paruffent. Il ne diffimu lera pas que c'eft avec la plus grande dé fiance qu'il livre à l'impreffion cet ouvrage trop attendu & fur 9 - tout trop loué. L'indulgence extrême de ceux qui l'ont entendu, lui eft un garant trop fûr de la rigueur de ceux qui le liront.

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Ce poëme a d'ailleurs un très grand inconvénient, celui d'être un poëme di dactique. Ce genre eft néceffairement un

peu froid, & doit le paroître encore davantage à une nation qui ne fupporte guere, comme on l'a fouvent remarqué, que les vers composés pour le théatre, & qui font la peinture des paffions ou des ridicules. Peu de perfonnes, je dirois même peu de gens de lettres, lifent les Géorgiques de Virgile; & tous ceux qui connoiffent la langue latine, favent par cœur le quatrieme livre de l'Enéide.

Dans le premier de ces deux poëmes, le poëte paroît regretter que les bornes de fon fujet ne lui permettent pas de chanter les jardins. Après avoir lutté longtems contre les détails un peu ingrats de la culture générale des champs, il femble defirer de fe repofer fur des objets plus rians. Mais refferré dans les limites de fon fujet, il s'en eft dédommagé par une ef quiffe rapide & charmante des jardins, & par ce touchant épisode d'un vieillard heureux dans fon petit enclos cultivé par fes mains.

Ce que le poëte romain regrettoit de ne pouvoir faire, le P. Rapin l'a exécuté. Il a écrit dans la langue & quelquefois dans le ftyle de Virgile, un poëme en quatre chants, fur les jardins, qui eut un grand fuccès dans un tems où on lifoit encore des vers latins modernes. Son ou vrage n'eft pas fans élégance; mais on y defireroit plus de précifion, & des épisodes plus heureux.

Le plan de fon poëme manque d'ailleurs d'intérêt & de variété. Un chant tout en tier eft confacré aux eaux, un aux arbres, un aux fleurs. On devine d'avance ce long catalogue & cette énumération faf tidieuse qui appartient plus à un botaniste qu'à un poëte: & cette marche méthodi que, qui feroit un mérite dans un traité. en profe, eft un grand défaut dans un ouvrage en vers, où l'efprit demande qu'on le mene par des routes un peu détournées, & qu'on lui présente des objets inattendus,

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