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IMPRIMERIE DE GUIRAUDET ET CH. JOUAUST,

Rue Saint-Honoré, 313.

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PITOIS-LEVRAULT ET Cie, LIBRAIRE-ÉDITEUR,

RUE DE LA HARPE, 81.

MÊME MAISON A STRASBOURG.

DEW ZOBK

D'ESPAGNE.

LIVRE V.

CHAPITRE PREMIER.

REGNE D'HISCHEM I ET D'AL HAKEM Ier. FONDATION DE LA MARCHE DE GOTHIE.

787 à 822. (1)

Le règne d'Hischem, entouré d'avance de l'amour de ses peuples, et protégé par les souvenirs de gloire et d'affection qu'abd el Rahman avait laissés après lui, semblait s'ouvrir sous d'heureux auspices. La péninsule tout entière, moins quelques vallons ignorés des monts d'Asturie et de Biscaye, obéissait à son sceptre; les révoltes et les guerres civiles qui avaient assailli à son berceau ce naissant empire avaient cessé, de guerre lasse, ou plié devant l'ascendant de la volonté et du génie. Abd el Rahman léguait à son fils une monarchie paisible et forte en apparence, puissante par son unité comme toutes celles qui ont pour base l'Islam, mais, comme elles, agitée au dedans par des

(1) C'est par erreur que, dans le tome 2, la mort d'abd el Rahman a été fixée à l'an 788, au lieu de 787.

ferments de haine que la moindre secousse devait faire éclater. Les Berbers, bien qu'écrasés par abd el Rahman, n'avaient pas perdu ce remuant génie qui caractérise leur race et remplit les annales d'Espagne de sang et de discordes. Les walis des frontières du nord et de l'est, travaillés par les intrigues et par l'or de l'étranger, étaient au fond toujours plus près de la rébellion que de l'obéissance. Les petits roitelets des Asturies, en 'payant tribut au puissant monarque de Cordoue, faisaient acte de peur, mais non de soumission, et il ne fallait qu'un prince belliqueux pour déchaîner contre son suzerain cette royauté vassale de l'émirat.

Mais le danger n'était pas ·là pour Hischem ses plus redoutables ennemis se trouvaient au sein de sa propre famille, où couvait l'ambition mécontente de ses deux frères, froissés de se voir préférer par leur père mourant un frère plus jeune qu'eux. L'inauguration de ce nouveau règne n'en fut pas moins célébrée à Mérida avec une pompe inusitée: après les devoirs funèbres payés à la mémoire du fondateur de la dynastie, le jeune roi, solennellement proclamé, se promena dans les rues de Mérida avec un magnifique cortége, et la chotba ou prière publique « Que Dieu garde notre roi Hischem, fils d'abd el Rahman ! » retentit à la fois dans toutes les chaires de la péninsule.

Mais les deux frères d'Hischem, Abdallah et Souleyman, gardaient au fond du cœur un profond ressentiment du choix de leur père : Abdallah était wali de Mérida, et Souleyman de Tolède, et tous les deux, voulant faire acte de souveraineté dans leurs gouvernements, commencèrent à nommer et à destituer de leur pleine autorité les alcaldes et les walis,

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