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Aiguise ton toucher : des douleurs plus subtiles
Vont blesser le tissu de tes nerfs plus fragiles.
Du rapide odorat si l'aimant est plus fort,
Dans l'haleine des fleurs tu respires la mort;
Et si tu peux entendre en leur marche infinie
Tonner des cieux roulans l'effrayante harmonie,
Ne regrettes-tu pas le doux bruit des ruisseaux,
Et le zéphyr du soir qui caresse leurs eaux?
Fils ingrat! de ton père adore la sagesse ;
Ses dons et ses refus te prouvent sa tendresse.
Les êtres inégaux, s'élevant par degrés,
Reçurent avec choix des présens mesurés :
Combien de rangs divers! quel immense intervalle
De l'insecte invisible à ta race royale!

L'œil voilé de la taupe au jour semble fermé;
L'œil du lynx est dans l'ombre un rayon enflammé ;
L'oreille est du lion le plus sûr sentinelle,

Et le chien de l'odeur suit la trace fidelle.
Des habitans muets fendent le sein des eaux;
La voix d'un peuple ailé réjouit les berceaux.
Vois l'abeille avec art, de l'herbe envenimée
Extraire en voltigeant sa liqueur parfumée.

In the nice bee, what sense so subtly true
From pois'nous herbs extracts the healing dew:
How Instinct varies in the grov❜ling swine,
Compar'd, half-reas'ning elephant, with thine!
"Twixt that, and Reason, what a nice barrier?
For ever sep'rate, yet for ever near!
Remembrance and Reflection how ally'd;

What thin partitions Sense from Thought divide!
And middle-natures, how they long to join,
Yet never pass th' insuperable line!
Without this just gradation, could they be
Subjected, these to those, or all to thee?
The pow'rs of all subdu'd by thee alone,
Is not thy Reason all these pow'rs in one?

VIII. See, thro' this air, this ocean, and this earth,

All matter quick, and bursting into birth.

Above, how high, progressive life may go!

Around, how wide! how deep extend below

Arachné tend sa toile; elle y vit à la fois

Dans tous les fils tremblans qu'entrelacent ses doigts.
Compare au vil instinct qui paît le gland du chêne,
De ce noble éléphant la raison presque humaine !
Dans les plis du cerveau quelle étroite cloison
A du grossier instinct séparé la raison !
Auprès du jugement la mémoire est placée,
Et le sentiment veille auprès de la pensée.
C'est en vain que tu vois tous ces êtres voisins
S'approcher, se toucher sur les mêmes confins;
Chacun garde son rang, ses traits et son génie
De l'inégalité naît entr'eux l'harmonie.

A la juste distance où le ciel les a mis,

Tous soumis l'un à l'autre, ils te sont tous soumis ;
Leurs dons sont partagés, ta raison les rassemble.
Contemple au loin le ciel, l'onde et la terre ensemble ;
Tout s'y meut, tout y vit, et, prompte à s'animer,
La matière en travail se hâte d'y germer.
Autant que peut l'espace autour de toi s'étendre,
Et sur toi remonter et sous toi redescendre;
Des bouts de la nature embrasse et réunis

Tous les êtres divers, et comme elle infinis ;

Vast chain of Being! which from God began,
Natures æthereal, human, angel, man,

Beast, bird, fish, insect, what no eye can see,

No glass can reach; from Infinite to thee,

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Were we to press, inferior might on ours:

Or in the full creation leave a void,

Where, one step broken, the great scale's destroy'd:
From Nature's chain whatever link you strike,

Tenth, or ten thousandth, breaks the chain alike.

And, if each system in gradation roll
Alike essential to th' amazing Whole:
The least confusion but in one, not all
. That system only, but the Whole must fall,
Let Earth unbalanc'd from her orbit fly,
Planets and Suns run lawless thro' the sky;
Let ruling Angels from their spheres be hurl'd,
Being on Being wreck'd, and world on world;

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Ceux qui volent dans l'air, ceux dont l'onde est peuplée,
Ceux que le verre atteint sur la voûte étoilée,

Et dans l'herbe invisible où s'impriment tes pas,
Ceux que voit ton regard, et ceux qu'il ne voit pas;
Les esprits fils du ciel, les corps nés de la fange,
La mousse et les soleils, et l'insecte et l'archange,
Vaste chaîne dont l'homme occupe le milieu,
Qui, d'anneaux en anneaux, unit l'atome à Dieu,
Et, toujours descendant et s'élevant sans cesse,
Croît jusqu'à l'infini, jusqu'au néant s'abaisse.
Qu'au rang des esprits purs l'homme veuille arriver,
La brute au rang de l'homme osera s'élever;
Plus de lois, plus d'accord, le grand tout se divise :
Qu'un anneau se détache, et la chaîne se brise.

S'il est diverses lois pour les globes divers,
Un seul, en s'écroulant, fait crouler l'univers,
Que la terre un moment s'éloigne de sa route,
La lune et le soleil, abandonnant leur voûte,
S'égarent en désordre, et comme eux détrôné,
L'ange qui les conduit, dans leur chute entraîné,
Laisse échapper d'effroi leurs rênes vagabondes,
Et les mondes brisés retombent sur les mondes.

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