Page images
PDF
EPUB
[graphic]

proeree.

ÉPITRE III.

Oui, tout est fait pour tous; oui, les lois éternelles
Marchent au même but, mais diffèrent entr'elles.
Dans l'ivresse des sens, de l'or ou des grandeurs,
Que cette vérité soit présente à nos cœurs;
Que le prêtre l'enseigne au fidèle qui prie.
De ce plan général, qui jamais ne varie,
Notre œil de tous côtés peut saisir les accords,
Un sympathique instinct réunit tous les corps;
Ils naissent la nature, entre ses mains actives,
Façonne à chaque instant leurs formes fugitives.
Les vois-tu l'un vers l'autre accourir, se presser,
Et de chaînes d'amour à l'envi s'embrasser ?
Sitôt qu'ils ne sont plus, de leur cendre féconde
Sort un monde nouveau qui repeuple le monde.
De la plante qui meurt l'animal se nourrit;
Sur l'animal dissous la plante refleurit.

:

All forms that perish other forms supply

(By turns we catch the vital breath, and die),
Like bubbles on the sea of Matter born,

They rise, they break, and to that sea return.
Nothing is foreign; Parts relate to whole;
One all-extending, all-preserving soul
Connects each being, greatest with the least;
Made Beast in aid of Man, and Man of Beast;
All serv'd, all serving: nothing stands alone;
The chain holds on, and where it ends, unknown.

Has God, thou fool! work'd solely for thy good, Thy joy, thy pastime, thy attire, thy food? Who for thy table feeds the wanton fawn, For him as kindly spread the flow'ry lawn. Is it for thee the lark ascends and sings? Joy tunes his voice, joy elevates his wings. Is it for thee the linnet pours his throat? Loves of his own and raptures swell the note.

On se prête, en courant, le flambeau de la vie ;
Une race à jamais d'une race est suivie,
Pareille au flot léger qui d'un souffle de l'air
S'enfle, s'élève, éclate, et retourne à la mer :
Ainsi du monde entier chaque membre se lie.

Le Dieu dont la nature en secret est remplie,
Protége également les êtres inégaux,

Joint l'animal à l'homme, et l'homme aux animaux;
Tout sert, tout est servi; la chaîne universelle
S'étend sans intervalle : à quel point finit-elle ?
Homme insensé ! crois-tu que des cieux bienfaisans
Sur toi seul ici-bas descendent les présens?
Non; Dieu jette partout ses regards équitables.
Ces animaux nourris pour nos jeux et nos tables,
Le faon aux bonds légers, le chevreuil et le daim,
Dans tes parcs verdoyans ont aussi leur jardin,
La terre aussi pour eux est de fleurs émaillée.
Crois-tu que de son nid l'alouette éveillée,

Pour te plaire, en chantant, monte au plus haut des airs?
Le plaisir, dans la nue, anime ses concerts;

Il enfle, et fait frémir le duvet de son aile.

Le rossignol pour toi, dans la saison nouvelle,

« PreviousContinue »