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them.' The fate of the Spaniards was sealed; many were killed in the forts, the rest taken, or put to death by the Indians. De Gourgues, thus crowned with victory, and having fully succeeded in an enterprise which to him seemed so truly glorious, brought all the prisoners to the spot where the French had been massacred, and where the inscription of Menendez yet remained. After reproaching his fallen enemies with their cruelty and perfidy, he caused them to be hung from the same trees, affixing this writing in the place of the former: 'Je n'ay pas fait pendre ceux-ci comme Espagnols, mais comme traitres, voleurs, et meurtriers.' 'I hang these persons, not as being Spaniards, but as traitors, robbers, and murderers.'

"De Gourgues, on developing his real design and destination to Florida, which he did in the first instance to his chosen friends, had pathetically complained that ever since he had heard of the Spanish outrage at La Caroline, he had been unable, however wearied with toil, to obtain his usual rest by night; that his imagination was ever occupied by the semblance of his countrymen hanging from the trees of Florida; that his ears were startled with piercing cries for vengeance; and that sleep, 'Nature's soft nurse,' would never visit him again—

'No more would weigh his eyelids down,

And steep his senses in forgetfulness'—

until he had won her offices by a full and exquisite revenge on the Spaniards. The accomplishment of his cherished purpose must have been a high and vivifying relief to an ardent spirit like De Gourgues. He now declared with exulting delight, that sleep, that 'balm of hurt minds,' had once more deigned to visit his couch, and that his rest was now sweet, like that of a man delivered from a burden of misery too great to bear!

"Having accomplished this remarkable expedition, and inflicted, in a spirit accordant with that of the times, a terrible retribution on the Spaniards, De Gourgues sailed from the coast of Florida on the 3d of May, and arrived in France on the 6th of June, where he was received by the people with every token of joy and approbation. In consequence, however, of the demand of the King of Spain for redress, he was compelled to absent himself for some time, until the anger of the court permitted him to reappear. The narrative of this expedition was long preserved in the family of De Gourgues.

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Champlain, in whose Voyages this romantic story is to be found, seems to have been a passionate admirer of the conduct of De Gourgues, and thus enthusiastically concludes his account of the expedition:

"Ainsi ce genereux chevalier repara l'honneur de la nation Françoise, que les Espagnols avoient offensée; ce q'autrement eust été un regret à jamais pour la France, s'il n'eust vengé l'affront receu de la nation Espagnolle. Entreprise généreuse d'un gentilhomme qui l'executa à ses propres cousts et despens, seulement pour l'honneur, sans autre espérance: ce qui lui a réussi glorieusement, et ceste gloire est plus à priser que tous les tresors du monde.' Thus did this brave

knight repair the honor of the French nation, insulted by the Spaniards, which otherwise had been an everlasting subject of regret to France, if he had not avenged the affront received from the Spanish people. A generous enterprise, undertaken by a gentleman, and executed at his own cost, for honor's sake alone, without any other expectation, and one which resulted in obtaining for him a glory far more valuable than all the treasures of the world.'

No. XVII.

"Un ancien missionnaire, le Père Paul le Jeune, a fait une description de la manière de vie des missionnaires parmi les sauvages du Canada. Il parle ici des Montagnais qu'il a suivi dans une chasse pendant l'hiver, je vais transcrire sa relation presque mot pour mot:

666 Ces sauvages habitent un pays extrêmement rude et inculte, mais il ne l'est pas encore autant que celui, qu'ils choisissent pour leurs chasses. Il faut marcher long-tems pour y arriver, et porter sur son dos tout ce dont ou peut avoir besoin pendant cinq ou six mois, par des chemins quelquefois si affreux, que l'on ne comprend pas comment les Bêtes Fauves peuvent y passer; si on n'avoit pas la precaution de se fournir d'écorces d'Arbres, ou ne trouveroit pas de quoi se mettre à oouvert de la pluye et de la neige pendant le chemin. Dès qu'on est parvenu au terme on s'accommode un peu mieux, mais ce mieux ne consiste, qu'en ce qu'on n'y est pas sans cesse exposé à toutes les injures de l'air.

"Tout le monde y travaille, et les missionnaires, qui dans ces commencemens n'avoient personne pour les servir, et pour qui les sauvages n'avoient aucune considération, n'étoient pas plus épargnés que les autres, on ne leur donnait pas même de cabanne séparée, et il falloit qu'ils se logeassent dans la première, où l'on vouloit bien les recevoir. Ces cabannes, parmi la plupart des Nations Algonquines, sont à peu près de la figure de nos Glacières, rondes, et terminées en cone; elles n'ont point d'autres soûtiens, que de perches plantés dans la neige, attachées ensemble par les extrémites, et couvertes d'ecorces assez mal jointes, et mal attachées aussi le vent y entre-t-il de toutes parts.

"Leur fabrique est l'ouvrage d'une demie heure au plus, des branches de Sapin y tiennent lieu de nattes, et on n'y a point d'autres lits. Ce qu'il y a de commode, c'est qu'on peut les changer tous les jours; les neiges ramassées tout autour forment une espece de parapet, qui a son utilité, les vents n'y pénétrent point. C'est le long et à l'abri de ce parapet qu'on dort aussi tranquillement sur ces branchages, couverts d'une mechante peau que dans le meilleur lit; il en coûte à la verité au missionnaires pour s'y accoétumer, mais la fatigue et la necessité les y reduisent bientôt. Il n'en est pas tout-à-fait de même de la fumée, que presque toujours remplit tellement le haut de la cabanne, qu'on ne peut y être de bout, sans avoir la tête dans une espèce de tourbillon. Cela ne fait aucune peine aux sauvages, habitués dès l'enfance à être

assis à terre, ou couchés tout le tems, qu'ils sont dans leurs cabannes, mais c'est un grand supplice pour les François, à qui cette inaction ne convient pas.

66.6 'D'ailleurs le vent, qui entre comme je l'ai remarqué, par tous les côtés, y souffle un froid, qui transit d'une part, tandis qu'on étouffe, et qu'on est grillé de l'autre. Souvent on ne se voit point à deux ou trois pieds, on perd les yeux à force de pleurer, et il y a des tems, où, pour respirer un peu, il faut se tenir couché sur le ventre, et avoir la bouche presque collée contre la terre; le plus court seroit de sortir dehors, mais la plupart du tems on ne le peut pas; tantôt à cause d'une neige si épaisse, qu'elle obscurcit le jour, et tantôt par ce qu'il souffle un vent sec, qui coupe le visage, et fait éclater les arbres dans les fôrets. Cependant un missionnaire est obligé de dire son office, de célébrer la messe, et de s'acquitter de toutes les autres fonctions de son ministere.

"A toutes ces incommodités il en faut ajoûter une autre, qui d'abord vous parôitra peu de chose, mais qui est réellement tres-considérable; c'est la persécution des chiens. Les sauvages en ont toujours un fort grand nombre, qui les suivent par tout, et leur sont très-attachés; peu caressans, par ce qu'on ne les caresse jamais, mais hardis et habiles chasseurs: j'ai déjà dit qu'on les dresse de bonne heure pour les differentes chasses, ausquelles on veut les appliquer; j'ajoute qu'il faut en avoir beaucoup pour chacune, parce-qu'il en périt un grand nombre par les dents et par les cornes des Bêtes fauves, qu'ils attaquent avec un courage, que rien ne rebute. Le soin de les nourrir occupe très-peu leurs maitres, ils vivent de ce qu'ils peuvent attraper, et cela ne va pas bien loin, aussi sont ils toujours fort maigres; d'ailleurs ils ont peu de poil, ce qui les rend fort sensibles au froid.'

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Pour s'en garantir, s'ils ne peuvent approcher du feu, où il est difficile qu'ils puissent tenir tous, quand même il n'y auroit personne dans la cabanne, ils vont se coucher sur les premiers, qu'ils rencontrent, et souvent on se réveille la nuit en sursaut, presque étouffé par deux ou trois chiens. S'ils étoient un peu plus discrets, et se plaçoient mieux, leur compagnie ne seroit pas trop fâcheuse, on s'en accommoderoit même assez, mais ils se placent où ils peuvent; on a beau les chasser, ils reviennent d'abord. C'est bien pis encore le jour; dès qu'il parôit quelque chose à manger, il faut voir les mouvemens qu'ils se donnent pour en avoir leur part. Un pauvre missionnaire est à demi couché auprès du feu pour dire son bréviaire, ou pour lire un livre, en luttant de son mieux contre la fumée, et il faut qu'il essuye encore l'importunité d'une douzaine de chiens, qui ne font que passer et repasser sur lui, en courant après un morceau de viande, qu'ils ont apperçu. S'il a besoin d'un peu de repos, à peine trouvera-t'il un petit recoin, où il soit à l'abri de cette véxation. Si on lui apporte à manger, les chiens ont plutôt mis le museau dans son plat, qu'il n'y a porté la main; et souvent tandis qu'il est occupé à défendre sa portion contre ceux, qui l'attaquent de front, il en vient un par derriere, qui lui enlève la moitié, ou qui en le heurtant, lui fait tomber le plat des mains, et répandre sa sagamité dans les cendres.

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Assez souvent les maux, dont je viens de parler, sont effacés par un plus grand, et au prix duquel tous les autres ne sont rien; c'est la faim. Les provisions, qu'on a apportées, ne durent pas lontems, on a compté sur la chasse, et elle ne donne pas toujours. Il est vrai que les sauvages sçavent endurer la faim avec autant de patience, qu'ils apportent peu de précautions pour s'en garantir; mais ils se trouvent quelquefois réduits à une si grande extrémité, qu'ils y succombent. Le missionnaire, de qui j'ai tiré ce détail, fut obligé dans son premier hyvernement, de manger les peaux d'aguilles et d'élans, dont il avoit rapetassé sa soutanne; après quoi il lui fallut se nourrir des jeunes branches, et des plus tendres écorces des arbres. Il sôutint néanmoins cette épreuve, sans que sa santé en fût alterée, mais tous n'en ont pas eu la force.

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La seule malpropreté des cabannes, et l'infection, qui en est une suite nécessaire, sont pour tout autre qu'un sauvage, un vrai supplice; il est aisé de juger jusqu'où l'une et l'autre doivent aller parmi des gens, qui ne changent de hardes, que quand les leurs tombent par lambeaux, et qui n'ont nul soin de les nettoyer. L'été ils se baignent tous les jours, mais ils se frottent aussi-tôt d'huile ou de graisse d'une odeur forte. L'hyver ils demeurent dans leur crasse, et dans tous les tems on ne peut entrer dans leurs cabannes, qu'on ne soit empesté.

"Non seulement tout ce qu'ils mangent est sans apprêt, et ordinairement fort insipide, mais il regne dans leurs repas une malpropreté, qui passe tout ce qu'on en peut dire ce que j'en ai vû, et ce qu'on m'en raconte vous feroit horreur. Il y a bien peu d'animaux, qui ne mangent plus proprement.

"Comme les villages sont toujours situés, ou auprès des bois, ou sur le bord des eaux, dès que l'air commence à s'échauffer, les Maringouins et une quantité prodigieuse d'autres moucherons, excitent une persécution bien plus vive encore que celle de la fumée, qu'on est même souvent obligé d'appeller à son secours car il n'y a presque point d'autre rémède contre la piques de ces petites insectes, qui vous mettent tout le corps en feu, et ne vous permettent point de dormir en repos. Ajoutez à cela les marches souvent forcées, et toujours très rudes, qu'il faut faire à la suite de ces barbares, tantôt dans l'eau jusqu'à la ceinture, tantôt dans la fange jusqu'aux genoux; dans les bois aux travers des ronces et des épines, avec danger d'en être aveuglé ; dans les campagnes, où rien ne garantit d'un soleil aussi ardent en été que le vent est piquant pendant l'hiver. Si l'on voyage en canot, la posture gênante, où il faut s'y tenir, l'inaction où l'on y est, le peu de société qu'on peut avoir avec des gens qui ne sçavent rien, qui ne parlent jamais quand ils sont occupés, qui vous infectant par leur mauvaise odeur, et qui vous remplissent de saletés et de vermine, les caprices et les manières brusques qu'il en faut essuyer, les avarices, aux quelles on est exposé de la part d'un ivrogne, ou d'un homme que quelque accident inopiné, un songe, un souvenir facheux, font entrer en mauvaise humeur, la cupidité qui naît aisément dans le cœur de ces barbares, et qui a coûté la vie à plus d'un missionnaire, et si la guerre est declarée

entre les nations parmi lesquelles on se trouve, le danger qu'on court sans cesse, ou de se voir tout à coup réduit à la plus dure servitude, ou de périr dans les plus affreux tourmens. Voilà la vie qu'ont mené surtout les premiers missionnaires."—Charlevoix, vol. vi., p. 59.

The lives of hardship here described were in many cases terminated by horrible deaths. The following is one relation, out of many of the

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66 Ils avoient avec eux les PP. Jean de Brebeuf et Gabriel Lallemant, neveu des PP. Charles et Jerome Lallemant, dont nous avons parlé; et ils n'avoient pu engager ni l'un ni l'autre à se mettre en lieu de sûreté. Il eût pourtant été mieux qu'ils se fussent partagés et que le P. de Brebœuf eût usé de son autorité pour obliger son compagnon de suiver ceux, qui avoient pris la fuite; mais l'exemple tout récent du P. Daniel, et le danger, où étoient un grand nombre de catéchumènes de mourir sans Baptême, leur firent croire à tous les deux qu'ils ne devoient pas désemparer. Ils prirent donc leur poste chacun à une des extrémités de l'attaque, et ils furent toujours aux endroits les plus exposés, uniquement occupés à baptiser des mourans, et à encourager les combattans à n'avoir que Dieu en vûe.

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'Enfin tous les Hurons furent tués ou pris, et les deux missionnaires furent du nombre des derniers. Les vainqueurs mirent ensuite le feu aux cabannes, et reprirent avec les prisonniers et tout le butin, le chemin de S. Ignace.

"De St. Ignace, où j'ai dit qu'on les avoit conduits d'abord, ils avoient été ramenés à St. Louis, et ils y furent reçus, comme on a coûume de recevoir les prisonniers de guerre; on les épargna même d'auant moins, que leur procès étoit fait, et qu'on avoit résolu de ne les pas mener plus loin. Le P. de Brebœuf, que vingt années de travaux les plus capables de faire mourir tous les sentimens naturels, un charactére d'esprit d'une fermeté à l'épreuve de tout; une vertu nourrie dans la vûe toujours prochaine d'une mort cruelle, et portée jusqu'à en faire l'objet de ses vœux les plus ardens; prévenu d'ailleurs par plus d'un avertissement céleste que ses vœux seroient exaucés, se rioit également et des menaces et des tortures mêmes; mais la vûe de ses chers neophytes cruellement traités à ses yeux, repandoit une grande amertume sur la joye, qu'il ressentoit de voir ses esperances accomplies.

"Son compagnon, Gabriel Lallemant, qui ne faisoit que d'entrer dans la carrière apostolique, où il avoit apporté plus de courage que de force, et qui étoit d'une complexion sensible et delicate, fut surtout pour lui jusqu'au dernier soupir un grand sujet de douleur et d'inquiétude. Les Iroquois connurent bien d'abord qu'ils auroient à faire à un homme, à qu'ils n'auroient pas le plaisir de voir échaper la moindre foiblesse, et comme s'ils eussent appréhendé qu'il ne communiquát aux autres son intrépidité, ils le séparèrent après quelque tems de la troupe des prisonniers, le firent monter seul sur un échafaut, et s'acharnèrent de telle sorte sur lui, qu'ils paroissoient hors d'euxmêmes de rage et de désespoir.

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