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terre dans fon orbité réelle ; & par conféquetit celui du Soleil dans fa route apparente, n'eft point uniforme. Le mouvement de cet aftre eft tantôt retardé tantôt accéléré en le comparant à ce qu'on appelle le mouvement moyen. On nomme Equation du centre la quantité à ajouter ou à retrancher du mouvement moyen pour trouver le lieu vrai. On trouve cette équation dans les tables de Siam. Nous nommons l'apogée le lieu où fe trouve le foleil lorfque fon mouvement apparent eft le plus lent, parce qu'alors fa diftance de la terre eft la plus grande. Mais l'aftronome Indien, qui n'entre point dans la théo rie, confidere ce point feulement par rapport aux apparences, c'eft à-dire, comme le lieu où le mouvement du foleil eft le plus lent, & qui eft diftant d'environ 90 degrés de celui où fa plus grande inégalité fe rencontre. On trouve celle-ci dans les tables de Siam, de 2 degrés 12 minutes, quantité qui excede d'environ 16 minutes celle qui eft déterminée par l'aftronomie européenne. Cette différence, affez confidérable, ne doit pas être attribuće entièrement à l'erreur, & il y a eu un temps où cette inégalité fe rapprochoit beaucoup de la quantité que lui affignent les tables indiennes. Ces tables fuppofent que l'apogée eft de 80 degrés en avant du commencement du zodiaque, & qu'il conferve toujours la même pofition parmi les étoi les fixes. Il eft de fait que le mouvement de Sciences & Arts, Vol. 7. N°. 1. Janvier 1798. C

l'apogée gagne environ 10 fecondes fur celui des étoiles, mais la détermination des Indiens eft beaucoup plus voifine de la vérité que ne l'étoit le fyfteme de Ptolémée qui fupposoit que l'apogée du foleil eft fixe.

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Les mouvemens de la lune font déduits, dans les tables de Siam, au moyen de certaines intercalations, d'une période de 19 ans, dans laquelle cet aftre fait près de 235 révolutions. Il est curieux de trouver à Siam la connoiffance de ce cycle, ou de cette période, dont la découverte fit tant d'honneur à l'Aftronome Athénien Meton, & qui joue un fi grand rôle dans nos calendriers modernes. Ces mêmes tables placent l'apogée de la Lune au commencement du zodiaque mobile, 621 jours après l'époque du 21 mars 638, & elles fuppofent qu'il fait une révolution entiere dans le ciel dans 3232 jours; la premiere de ces fuppofitions s'accorde, à moins d'un degré près, avec les tables de Mayer; & la feconde n'en differe que de 11 h. 14. 31"; & fi l'on confidere que l'apogée eft un point idéal dans les cieux;" & que les yeux, même d'un Aftronome, ne peuvent pas l'appercevoir on conclura qu'il a fallu des obfervations bien exactes pour déterminer d'auffi près fon véritable mouvement.

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Après avoir ainfi trouvé la place de l'apogée, les inégalités du mouvement de la Lune, c'eft à-dire celles qui réduifent fon lieu moyen au lieu vrai, doivent être enfuite déterminées.

Les formules Siamoifes qui ne font applicables qu'aux conjonctions & aux oppofitions, ne donnent à la Lune qu'une inégalité dont le maximum eft de 4 deg. 56'. Cette quantité ne differe que de 2 minutes du résultat des deux équations qu'employent les modernes dans cette circonftance.

Ici fe terminent les tables Siamoifes; Mr. Catlini, à qui nous en devons l'explication, obferve qu'elles n'avoient pas été dreffées pour le méridien de Siam, mais pour un lieu fitué 18° 15' à l'Oueft de cet endroit; & il est remarquable que cette pofition approche beaucoup du méridien de Bénarès lieu le plus célebre dans les Indes pour les connoiffances an ciennes; ce même méridien eft auffi celui que les Indous appelent le premier méridien, & qui paffe par Ceylan & la côte de Ramanancor. On doit en inférer, que les tables de Siam font originaires de l'Indoftan.

D'autres tables aftronomiques furent envoyées par le pere Duchamp à feu Mr. Delisle vers l'an 1750, elles venoient de Chrisnabouram ville du Carnate. Quoique ces tables aient des rapports marqués avec celles qu'on vient de décrire; elles forment un fystème aftronomique beaucoup plus régulier & plus étendu. Elles font au nombre de 15, & on y trouve lės mouvemens moyens du Soleil, de la Lune & des planetes, & diverfes équations applica

bles à tous les aftres; elles font accompagnées de préceptes & d'exemples.

L'époque de ces tables eft moins ancienne que celle des premieres, & répond au 10 de mars 1491 au lever du Soleil. Cet aftre entroit alors dans le zodiaque mobile, & étoit en conjonction avec la Lune; ces deux circonftances caractérifent prefque toutes les ères indiennes. Toutes les déterminations de ces tables font trèsapprochées de la vérité.

Le pere Patouillet en envoya à Mr. Delisle une troifieme collection,à-peu-près dans le même temps où les précédentes lui parvinrent. Le lieu pour lequel elles font calculées n'eft pas défigné; mais Mr. Bailli préfume qu'elles viennent de Naffapour. Les préceptes & les exemples dont elles font accompagnées font bornés au calcul des eclipfes du Soleil & de la Lune; mais les tables elles-mêmes s'appliquent au mouvement des planetes. Elles font moins détaillées, & mifes fous une forme plus énigmatique que celles de Chrifnabouram, Mr. Bailli a découvert avec beaucoup de fagacité l'époque indiquée dans les préceptes; elle ne remonte pas plus haut que l'an 1569, entre le 17 à 18 mars à minuit.

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Les tables & les méthodes des Bramines de Tirvalore font, à plufieurs égards, plus fingu lieres qu'aucune de celles qui précedent elles divifent l'année folaire en 12 mois inégaux,

dont chacun répond au temps que met le Soleil à parcourir un figne, ou 30 degrés de l'ecliptique; ainfi le mois de juin, dans lequel le foleil eft dans fon troifieme figne, & fe meut le plus lentement, a 31 jours 36 heures 38 minutes; & décembre, dans lequel le mouvement du foleil eft le plus rapide, n'a que 29 jours 20 h. 53' (1).

Les Bramines de ce pays employent auffi dans leurs calculs un jour aftronomique different du jour naturel; c'est-à-dire le temps que met le Soleil à parcourir un degré de l'ecliptique, foit précisément de l'année.

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Ces tables remontent à une antiquité trèsreculée; leur époque coincide avec la fameuse ère de Calyougham, c'est-à-dire le commencement de l'an 3102 avant l'ère chrétienne. Lorf que les Bramines de Tirvalore veulent calculer le lieu du foleil pour un inftant donné, ils commencent par réduire en jours l'intervalle compris entre cet inftant & le commencement de l'ère de Calyougham, en multipliant les années par 365 j. 6 h. 12′. 30′′. & en retranchant 2 j. 3 h. 32. 30"; quantité dont l'époque aftronomique a commencé plus tard que l'époque civile. Ils cherchent enfuite, au moyen de certaines divifions, quand l'année courante a commencé; puis, avec une table de la lon

(1) Ces heures font des heures Indiennes. (R)

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