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régions, à la furface du globe, font couvertes de forêts permanentes; les Alpes, les Andes, quoique leurs fommets foient enfevelis dans des neiges éternelles, ont des plantes jufques fous ces neiges même. Peut-on imaginer que la vie, femée avec autant de profufion, n'implique pas la faculté de fentir & de jouir? Suppofons plutôt, mais avec une humble réserve, que les végétaux participent jufqu'à un certain point aux avantages communs aux êtres vivans; & que le Créateur de tant de merveilles a répandu le bien d'une main libérale, fur tout ce qui est doué de vie ici bas, en proportionnant fes difpenfations au degré qu'occupe chaque espèce dans l'échelle des êtres (1).

Dans un fupplément, que nous trouvons à

(1) Linné avoit eftimé que notre globe contenoit 20000 espèces de végétaux; 3000 de vers; I 2000 d'infectes; 200 d'animaux amphibies; 2600 de poiffons; 550 d'oifeaux & 200 de quadrupedes. (Voyez Linn. Amænitates Acad.) Il est évident que ce calcul doit être extrêmement défectueux; car ces données étoient celles du moment, dans une fcience dont les progrès ont été depuis lors, & feront encore extrêmement étendus. Mais d'autre part, il eft probable que les acquifitions qu'a faites & que fera l'hiftoire Naturelle depuis le recenfement qu'on vient de citer, en augmentant les nombres abfolus des espèces dans chacune des claffes d'êtres vivans, ne changeront pas notablement les proportions qu'on a indiquées. (A)

la fuite de ce Mémoire, l'auteur cite quelques expériences de l'Abbé Bertholon fur la fenfitive, d'après lefquelles il paroîtroit que l'élec tricité a quelque part aux phénomenes qu'on obferve dans les plantes du genre des mi mofa, dont la fenfitive eft une efpèce. Cet auteur dit que lorsqu'on la touche avec une baguette de métal, terminée par une boule à chaque extrêmité, les feuilles reculent en arriere & fe joignent; mais que fi l'on procede avec un inftrument de verre, de même forme, elle demeure immobile. Si l'on électrife ce verre, & qu'on touche immédiatement la plante, les feuilles fe ferment à l'inftant. Il conclut de ces faits, que les mimofa poffedent une dofe plus confidérable de fluide électrique que les autres plantes; que ce fluide s'échappe lorsqu'on leur applique un conducteur, & qu'elles fe contractent alors, comme étant privées de ce qui eft effentiel à leur fanté & à leur vigueur. L'auteur a répété l'efai du contact avec du fer & de la cire à cacheter, & n'a pas obfervé de différences fenfibles. Il réunit enfuite fous un petit nombre de chefs, les faits bien prouvés, qui femblent contraire à l'hypothefe électrique: les voici.

I. Les branches de la fenfitive ont deux mouvemens; l'un naturel & l'autre artificiel. Par le premier de ces mouvemens, l'angle que fait la branche avec la tige s'augmente dans la ma

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tinée, & diminue dans la même proportion l'après-midi. Par le fecond, ces feuilles fe contractent ou s'appliquent les unes contre les autres quand on les touche ou qu'on les fe

coue.

II. La fenfibilité de la plante paroît furtout réfider dans l'articulation des branches fur la tige commune, & dans celle de la bafe de chaque petite feuille.

III. Si l'on perce doucement & avec précaution la branche avec une aiguille ou quelqu'inf trument tranchant il n'en réfulte aucun mou

vement.

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IV. Un coup, un choc, ou une irritation, produifent un effet plus marqué qu'une incifion, ou même que la fection entiere du ra

meau.

V. Une irritation légere n'agit que fur les parties voisines, & elle étend fon influence à raifon de fa propre énergie.

VI. Si l'on plonge la plante dans l'eau, on ne produit d'autre effet que de diminuer fa vigueur apparente.

VII. Un morceau de cire fortement électrifé a fait fermer les feuilles avec viteffe, en les attirant à lui avec beaucoup de force, par une fuite de fon état électrique.

VIII. Les mouvemens de la fenfitive font dûs à une forte contraction, Chaque tige paroît

être terminée par une efpèce de jointure ou d'articulation fur laquelle les feuilles tournent avec une facilité furprenante.

HISTOIRE NATURELLE.

ON THE NATURAL HISTORY OF THE COW, &c. De l'Hiftoire naturelle de la Vache; entant que cet animal paroît deftiné à fournir du lait à l'ufage de l'homme; par Ch. WHITE, Efq., Membre de la Soc. Roy. de Londres.

LES Naturaliftes foutiennent communément, que ni les animaux en général, ni aucune de leurs parties n'ont été primitivement deftinés à l'ufage de l'homme, & que ces organes ne font fufceptibles que d'une application fecondaire à fes divers befoins. Mais il faut avouer que dans certains cas, cet ufage fecondaire eft fi manifefte, & d'une telle importance pour l'homme, qu'on ne peut s'empêcher de reconnoître qu'il a dû entrer dans les vues primitives d'un Créateur fage & bon. Il me femble, en particulier, que la facilité & l'abondance avec lefquelles la vache fournit le lait, cet aliment fi précieux à l'efpèce humaine, est un exemple frappant de cet intérêt pour l'homme, qui femble caractériser certaines difpofitions de la Provi dénce.

L'organisation de cet animal differe, à quel ques égards, de plufieurs autres du même genre. On remarque que la capacité de fes mamelles & les dimenfions de fes trayons, font hors de proportion fi on les compare aux mêmes parties dans les femelles d'animaux, autant, & plus volumineux que la vache. Ses mamelons font au nombre de quatre, tandis que les autres animaux de même genre n'en ont que deux. Elle donne fon lait à la premiere compreffion de la main, tandis que la plupart des animaux ceux du moins qui ne ruminent pas comme elle, le refufent, fauf à leurs petits, ou à d'autres qui trompent leur instinct maternel.

On devroit préfumer que ces réflexions auroient frappé depuis long-temps les Naturalistes, & que ce fujet feroit épuifé or je n'ai rien trouvé de fatisfaifant à cet égard dans les auteurs que j'ai parcourus fous ce point de vue. Voici les réflexions que je foumets à la Société (1), & particulièrement aux amateurs' d'hiftoire Naturelle qui m'écoutent.

Je remarque d'abords que la vache eft du nombre de ces animaux à cornes & ruminans, qui ont le pié fourchu, quatre eftomacs, les inteftins d'une longueur confidérable; qui ont de la graiffe dure, & point de dents incifives

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