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thefe & tous les autres principes de leur aftronomie, de maniere à en tirer des conféquences juftes; l'ufage d'un calcul qui remplaçoit pour, eux la Trigonométrie ; enfin leur approximation dans la folution du problème de la quadrature du cercle; on ne confidérera pas fans étonnement l'étendue d'un corps de fcience qui a éclairé les habitans de l'Inde, à une époque très-reculée; & qui, s'il a fourni enfuite quelques débris dans l'occident, n'a pu certainement recevoir de cette partie du globe aucune addition quelconque.

Nous ne connoiffons rien de plus curieux dans l'histoire de la terre de l'homme que l'enfemble des faits qui précedent, & dont on doit la découverte & les rapprochemens à l'Illuftre BAILLY. Hélas! il vivoit encore lorfque le tra vail que nous venons de faire connoître à nos lecteurs fut communiqué à la Société Royale d'Edimbourg. L'hommage étoit digne de lui, mais fa belle ame dût furtout être fatisfaite du zele & du talent avec lefquels un favant Ecoffais s'étoit hâté de raffembler comme dans un faisceau, & de propager jufques dans l'ul tima Thule les lumieres répandues dans fon Hiftoire de l'astronomie Indienne. C'eft ce commerce honorable & loyal des richeffes de la fcience, qui contribue furtout au bonheur des gens de lettres. En leur procurant tour-à-tour, le plaifir de donner, & celui de recevoir, il

féme les jouiffances les plus pures fur leur carriere, fi fouvent ingrate, & toujours difficile & laborieufe.

PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.

SPECULATIONS ON THE PERCEPTIVE POWER,&c. Confidérations fur la faculté de perception des végétaux; par Th. PERCIVAL. (Tirées des Mém. de la Soc. de Manchester, T. II.)

These are not idle, philofophic dreams Full Nature teems with life....

THOMSON'S Spring. v. 136.

DANS toutes nos recherches fur la vérité, tant naturelle que morale, il faut commencer par nous faire une idée jufte de l'efpece d'évidence dont eft fufceptible le fujet que nous nous propofons d'étudier ; & confidérer jufqu'à quel degré cette évidence devra être portée pour fatisfaire notre efprit. La démonstration, pro prement dite, eft abfolue, & n'admet aucune gradation; mais l'évidence fondée fur la probabilité, s'éleve par accroiffemens réguliers, depuis l'induction la plus légere, jufqu'à la certitude morale la plus complete. Une préfomp-. tion ifolée a peu de poids, fans doute; mais une fuite de preuves, dont chacune eft impar

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faite, peut conduire à la conviction. L'intensité de la perfuafion peut cependant furpaffer quelquefois l'influence qu'auroient dû produire, à la rigueur, les preuves, foit par leur valeur individuelle, ou par leur effet collectif. Car, comme l'incertitude eft toujours, pour l'entendement, un état plus ou moins pénible, une évidence affez légere, dans les cas où la nature de l'objet n'en admet pas d'autre, conduit quelquefois jufqu'à la crédibilité. L'étude de la Nature offre une infinité d'exemples d'une marche pareille, & j'ai mis en avant cette obfervation, pour juftifier, en quelque forte, les réflexions qui vont faivre, & qu'on appelera fi l'on veut, un jeu d'efprit. J'effayerai de montrer, par les diverfes analogies d'organifation, de vie, d'instinct, de fpontanéité, & de mouvement volontaire, que les plantes poffedent,. ainfi que les animaux, la fac lté de percevoir les objets, & de jouir de leur propre exif

tence.

I. Les végétaux ont dans leur structure, une reffemblance fi frappante avec les animaux, que les Botaniftes ont tiré de l'anatomie & de la phyfiologie prefque tous les termes qu'ils employent dans la defcription des plantes. Ils nous apprennent qu'on reconnoît dans un arbre ou un arbriffeau, l'épiderme, la peau, & la membrane, ou le tiffu, cellulaire ; qu'on y trouve des vaiffeaux diversement configurés & difpofés

qui tranfmettent différens fluides, pour chacun defquels leur conftruction eft fpécialement adaptée; enfin on y voit une fubftance ligneufe qui repréfente les os, & qui, comme ceux-ci, contient de la moelle. Il eft bien évident qu'une organisation pareille n'appartient pas à la matiere inanimée; & quand nous obfervons que dans les végétaux cette organifation est réunie avec les facultés de croître, de fe guérir des accidens, de fe mouvoir, de fe propager; nous ne pouvons plus hésiter à leur attribuer un PRINCIPE DE VIE. Ce principe, une fois admis, il nous fait faire un pas de plus dans l'analogie qui nous conduit. Car l'idée de vie, emporte naturellement la faculté de percevoir jusqu'à un certain point; & partout où cette faculté réfide, il paroît qu'il y a plus ou moins de capacité pour jouir. Quelque foible qu'on la fuppofe dans che individu végétant, fi nous confidérons l'immenfe étendue de cette partie du regne organique, depuis le cédre jufqu'à l'hyffope » la fomine de jouiffances qui lui est attribuée dépaffera nos plus vaftes conceptions. Le préjugé feul peut retenir l'émotion délicieuse que fait naître l'idée d'un bien fi univerfellement répandu. Et parce que les faifeurs de fyf têmes ont inventé des claffifications pour aider leur entendement dans l'étude des œuvres du Créateur, nous admettons implicitement, comme matiere de fait, des diftinctions purement arti

ficielles.

ficielles. On a dit, depuis Ariftote jufqu'à Linné,

Lapides crefcunt; vegetabilia crefcunt && vivunt; animalia crefcunt, vivunt & fentiunt (1) ; » mais parmi tous les Naturaliftes, aucun n'a établi nettement les caracteres négatifs, pour ainfi dire, qui diftinguent ces trois regnes préten dus (2). Il y a une gradation évidente dans l'échelle des êtres; mais plus nous l'étudions & plus les degrés fe rapprochent ; qui fait fi dans quelque période future, on ne découvrira point que la faculté de perception dépaffe mème les bornes actuellement affignées au regne végétal ? On a confidéré long-temps les corallines, les madrepores, les millepores, les éponges, comme des foffiles purs, mais Marfigli en fit des planples; & Ellis, Juffieu & Peyffonel les éleverent enfuite au rang des animaux. La découverte d'une erreur dans quelque branche de l'hiftoire Naturelle, juftifie le foupçon qu'on a pu fe tromper auffi fur des objets analogues, & on verra bientôt que ce foupçon n'eft pas fans quelque fondement.

II. L'instinct eft une difpofition à chercher, fans délibération préalable, ce qui convient à

(1) Les pierres croiffent les végétaux croiffent & vivent; les animaux croiffent, vivent & fentent. (2) BONNET a fort ingénieusement montré dans fa contemplation de la Nature, qu'un Philosophe feroit embarraffé à diftinguer un chat d'un rosier. (R) Sciences & Arts. Vol, 7. N°. 2. Février 1798.

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