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Lorfque le froid dont nous venons de parler est produit, on fe demande, que devient la chaleur fenfible qui difparoît ainfi conftamment ? »

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D'après les expériences détaillées dans le Mémoire de 1781, nous fommes difpofés à croire que cette chaleur n'entre pas dans la compofition de la blanche gelée que l'air abandonne. »

«Si cependant l'on découvroit que l'air luimême, au moment où la décompofition a lieu, a fa capacité pour retenir la chaleur, (ou fa chaleur spécifique) fort augmentée, cette circonftance réfoudroit immédiatement la difficulté. Car par ce moyen, l'air au moment où il dépose une portion donnée de blanche gelée, pourroit abforber non-feulement toute la chaleur qui, felon la doctrine du Dr. Black, fervoit à tenir la blanche gelée en diffolution, mais auffi, il pourroit abforber une portion de la chaleur fenfible appartenante au corps à Ja furface duquel la blanche gelée fe dépofe; & occafionner ainfi un abaiffement dans la température, foit le froid en queftion. »

Mais en confidérant l'air dans fes températures les plus froides, tandis qu'il tient la blanche gelée en diffolution, comme un compofé chimique, on peut fe demander, quelle yaifon y a-t-il de fuppofer que la capacité de l'air pour la chaleur s'accroîtra au moment où

il dépofe la blanche gelée fur les corps qui l'attirent? A cela l'on peut répondre, puifqu'enfin nous fommes dans les conjectures, que, peutêtre, dans le fujet mixte que nous confidérons actuellement, il peut y avoir un troisieme ingrédient, ou électrique, ou phlogistique, & qui eft néceffairement féparé de l'air en même temps que la blanche gelée. »

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Dans ce fystème, & à l'aide du fait général obfervé par le Dr. Crawford, nous pourrions expliquer le procédé refroidiffant, en difant qu'il dépend de l'augmentation de capacité de l'air pour la chaleur, en conféquence de ce qu'il a été déphlogistiqué par l'intermede d'une troisieme fubftance, favoir la blanche gelée qui, par l'effet d'une affinité prédominante, abandonne l'air dans certains cas, & s'unit à la fubftance qui l'attire. »

Mais l'auteur convient qu'une explication auffi légerement fondée ne pourroit être admife qu'après que des expériences nombreuses & bien dirigées en auroient démontré la certitude. Il laiffe de côté les conjectures, & fans s'embarraffer de ce que devient la chaleur fenfible qui difparoît à mesure que la blanche gelée fe dépofe, & en ne confidérant ce procédé que comme un fait, il en étend les conféquences à d'autres phénomenes qui paroiffent avoir des rapports avec lui; tél eft celui de la différence de température des deux thermome

tres dont nous avons parlé, dont l'un avoit fa boule garnie de neige, & l'autre fa boule nue.

Dans le premier cas, dit l'auteur, nous connoiffons affez les effets de l'évaporation pour être affurés qu'une portion d'air, relativement fec qui rencontre la petite maffe de neige dont la boule eft environnée, doit produire plus ou moins de froid, même par un contact paffager. Une fucceffion conftante de ce même air devra faire defcendre le thermometre très-fenfiblement au-deffous de la température indiquée par un inftrument dont la boule n'aura point d'enveloppe évaporable.

Mais quand l'air eft dans un état contraire, & difpofé à abandonner de la blanche gelée, la boule garnie de neige peut être confidérée, d'après les nouvelles idées que nous venons d'acquérir, comme n'offrant pas à l'air une furface fuffifante pour en extraire de la blanche gelée pendant un contact auffi paffager. Car d'après quelques-uns des faits dont on a déjà parlé, il paroît que la caufe qui dégage la blanche gelée de l'air, & la fait dépofer fur la furface qui la reçoit, exige un certain temps pour agir. De-là vient que le thermometre garni de neige ne fe refroidit pas plus dans la circonftance qu'on vient de fuppofer, que ne le fait le courant d'air dans lequel le thermometre eft fufpendu. Et c'est ainsi qu'on peut expli quer la diftinction caractéristique entre les deux procédés.

On peut expliquer de même pourquoi ce fut dans les nuits les plus claires & les plus tranquilles feulement, que le froid à la furface des planches parut être le plus remarquable; car, d'après ce qu'on vient de dire actuellement, tout mouvemement très-rapide de l'air fur ces furfaces, ne paroît point être d'accord avec la féparation de la blanche gelée, dont dépend le refroidiffement.

Déjà, dans le mémoire publié en 1780 l'auteur avoit donné le détail d'une expérience qui confiftoit à fouffler l'air froid ambiant fur la neige où le thermometre étoit couché, & à agiter cet air vivement, avec un éventail de fort papier attaché au bout d'un long bâton; il espéroit que ce procédé, en augmentant l'évaporation, feroit defcendre le thermometre. Le réfultat fut très-différent de ce que l'auteur avoit préfumé; car le thermometre, au lieu de defcendre par cette ventilation, monta toujours de plufieurs degrés. Ce fait, qui lui parut inexplicable dans le temps où il l'obferva, devient plus intelligible d'après ce qui précede; car on peut préfumer que par les opérations du foufflet & de l'éventail, on avoit continuellement troublé cette communication tranquille & intime entre l'air & la neige, qui eft néceffaire au dégagement de la blanche gelée: & que, par conféquent, le thermometre fe rapprochoit d'autant plus de la température de l'air.

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Il paroît auffi, & c'eft un fait affez impor tant, que le dégagement de la blanche gelée exige une action continuée pendant un certain temps fur une portion donnée d'air. » Car en joignant ce fait à l'autre fait général indiqué plus haut, on explique facilement certains phénomenes collatéraux qui achevent de caractérifer cette efpece de procédé refroidiffant dont on vient de donner quelques exemples. Ici l'auteur fuggere des moyens d'établir la vérité de cette propofition par des expériences plus directes. On pourroit, dit-il, conftruire un appareil fimple qui feroit paffer l'air, dans des expériences nocturnes, avec différens degrés de viteffe fur les furfaces refroidiffantes, dans le but de découvrir pour combien le dégagement de la blanche gelée & le froid produit à cette épo que, fous le vent de ces fubftances, dépend d'une communication facile & lente, entre l'air & ces mêmes fubftances. Quant aux résultats, je fuis perfuadé d'avance que fi le paffage naturel & lent de l'air fur les furfaces étoit fubitement accéléré au moyen de quelques machines, les thermometres, fitués fous le vent monteroient bientôt, fi non à la même température, du moins à une température très-rapprochée de celle de l'air au-deffus du vent. »

» Il feroit peut-être à propos d'essayer auffi jufqu'à quel degré & pendant combien de temps une quantité un peu confidérable d'air froid,

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